Prières pour la pluie par Diothyme
Ce roman est apparemment le dernier d'une série de cinq qui raconte les aventures d'un détective privé et de sa charmante collègue. Cette fois, Patrick Kenzie est seul, une jeune femme fait appel à lui pour une histoire de harcèlement. La demoiselle en question se nomme Karen Nichols, elle dégage une impression saine, de petite fille bien rangée qui ne ferait de mal à personne. Un certain Cody Falk l'a dans le collimateur et comme elle n'a pas cédé à ses avances il a été jusqu'à détruire sa voiture. Kenzie y voit une affaire de routine et va effrayer le pervers avec son ami Bubba, un espèce de monstre couvert de cicatrices, qui ferait peur à n'importe quel dur. Cette histoire réglée, le privé oublie l'existence de la jeune femme, et plus préoccupé par ses ébats avec une sublime avocate que par elle, il oublie même de la rappeler après qu'elle lui ait laissé un message inquiétant. Six mois plus tard, Kenzie apprend par hasard que Karen s'est suicidée, elle s'est jeté du 26e étage d'un monument touristique. Il ne peut pas s'empêcher de ressentir de la culpabilité vis-à-vis de cette affaire et ouvre sa propre enquête, il découvre très vite que le fiancé de Karen, renversé par une voiture a sombré dans le coma, et qu'elle même l'a accompagné, perdant successivement son travail, son domicile et sa dignité. La jeune fille sage et sans histoire était devenue une prostituée accro à la drogue et suicidaire. Cependant des éléments lui font penser que quelqu'un a précipité sa déchéance, il retrouve des dossiers confidentiels de sa psychiatre envoyés anonymement à son domicile, et la réaction de ses parents est plus que surprenante. Patrick fera tout pour lever le voile sur ce complot, avec l'aide de ses habituels complices : Bubba Rogowski et Angela Gennaro.
Prières pour la pluie m'a d'abord attirée par son auteur, j'ai adoré Shutter Island, et j'espérais retrouver un aussi bon polar et je trouvais le titre du roman particulièrement poétique. L'intrigue est très bonne, à chaque fois que l'on croit avoir deviné le ou les coupables du suicide organisé de Karen Nichols, il se trouve que c'est quelqu'un d'autre, et même quand on croit avoir vraiment cerné le bon, il y a encore un énorme rebondissement. Les histoires de cœur du héros ne sont pas trop mièvres, mais ajoutent de la lourdeur au récit, qui serait beaucoup plus vivant sans le personnage d'Angie. Toutefois je n'ai pas lu les autres volets, et ça me fait sûrement défaut pour pouvoir analyser ce livre. Par rapport au génie de Shutter Island j'ai été très déçue, on retrouve l'obsession de l'auteur pour la manipulation mentale et même un centre psychiatrique désaffecté où l'armée aurait testé ces techniques sur des malades. Le personnage de Patrick Kenzie m'a beaucoup fait penser au héros de Lune Sanglante (de James Ellroy) : Lloyd Hopkins, tous deux vivant avec des lourds traumatismes qui a la fois les handicapent et leur donnent une empathie supplémentaire et une intelligence aiguisée. Étrangement les méchants se ressemblent eux aussi comme si les livres avaient été écrits en parallèle, je n'en dirai pas plus pour ne pas vous dévoiler trop de l'histoire. Pour résumer, Prières pour la pluie et un bon roman policier dont l'intrigue nous tient en haleine qui n'est desservi peut être que par quelques longueurs et la comparaison avec le roman phare de son auteur.