Le feu de la révolte

Pour avoir partagé le feu des dieux avec les humains, pour leur avoir enseigné les arts et les techniques, Prométhée est enchainé à un rocher, condamné à une éternité d'attente. Le titan est puni d'avoir voulu l'égalité entre les espèces, d'avoir voulu créer une communauté anarchique qui réunirait titans, dieux et humains. Folle injustice que cette punition admonestée par Zeus, que Prométhée vient pourtant d'aider à renverser Chronos, le précédent monarque du monde. Et pourtant, même enchainé, prisonnier pour l'éternité, Prométhée ne se départit d'aucune arrogance et il raille Zeus dont il sait que la chute finira par advenir, lui qui a déjà vu vaciller la couronne de deux seigneurs tout puissant, Ouranos et Chronos, toujours renversé par leur propre progéniture, et c'est pour cela qu'il peut faire la prédiction que cela sera aussi le cas de Zeus. Et toute une constellation de vaincus, de désœuvrés et d'esclaves autour desquelles communie Prométhée : Io, violée par Zeus, métamorphosée par son pouvoir en génisse et pourchassée par le taon de Héra, mais aussi Atlas, dont le poids du ciel repose sur les épaules, et même le monstrueux Typhon, vaincu au combat par Zeus et dont la puissance sert maintenant à Héphaïstos pour forger ses armes. C'est toute la tragédie des espérances révolutionnaires qui se retrouve personnifié dans ce récit avec le personnage de Prométhée.