L'écologie est sociale car aucun problème écologique ne peut être résolu sans un changement social profond. Ce constat sonne d'une actualité froide.


Écrit dans les années 1980, ce chapitre d'une œuvre plus colossale de M. Bookchin vient apporter des pratiques sur les combats écologistes à mener. Il faut reconnaître à l'auteur que cette théorie d'écologie sociale vient battre en brèche les visions technocratiques de l'écologie macroniste : "l'écolo-technocratisme" et son cortège de sciences et de techniques pour planifier LA solution aux crises écologiques de notre siècle. De l'autre côté du versant, M. Bookchin est très critique de l'écologie profonde, adepte de pratiques spirituelles antirationalistes qui vident de son contenu social les problèmes écologiques. Il est bon de lire en 2020 des voix qui détruisent ces systèmes ancestraux de destructions humaines.


L'écologie sociale se situe alors sur un autre terrain : celui des communautés non hiérarchiques, de l'entraide (comme manière de repenser la démocratie), d'un "équilibre dynamique entre l'homme et la nature" (on reviendra plus loin sur cette dualité harmonieuse). Le rétablissement de l'équilibre passe par une révolution des manières d'habiter le monde où la complexité de la nature est prise en compte dans les choix sociaux, politiques, économiques et philosophiques des humains. L'écologie sociale vient refuser une hiérarchie dans la nature et la société (plutôt les sociétés) et M. Bookchin va même jusqu'à poser ce constat : la nature est une condition préalable au développement d'une société.


Néanmoins le livre traîne quelques longueurs et considérations dans lesquelles il est difficile de s'y retrouver. M. Bookchin établit certaines réflexions qui méritent d'être critiquées, notamment dans sa définition même de l'écologie sociale. Tôt dans le livre il écrit l'idée que les êtres humains "peuvent rendre consciente l'évolution biotique et l'orienter consciemment". Même s'il modère ses propos par la suite, on retrouve ici une forme de suprématie consciente de l'homme sur ce qu'il considère comme le non-vivant. Or les travaux récents de Baptiste Morizot ou Nastassja Martin montrent que l'homme ne peut plus se positionner en société fermée face à une nature objet ou décor des activités humaines, à moins de perpétuer les destructions humaines de la nature. Dès lors, cette cohabitation à chercher avec l'environnement proche des communautés ou des sociétés remet en cause une (infime) partie des réflexions de M. Bookchin ; sans que l'idée même d'écologie sociale ne soit à balancer aux oubliettes. On retrouve d'ailleurs dans cet ouvrage les notions essentielles d'interdépendance ou de mutualisme symbiotique qui doivent nourrir les interactions entre écosystèmes naturels et communautés humaines.


Cette lecture paraît donc essentielle - et critiquable - pour quiconque cherche à sortir de l'écologie médiatique, de Brune Poirson à Extinction Rebellion.

Percival_Stultz
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le 25 mars 2020

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