La narratrice, Sophie, a six frères et vit à Lyon (toute seule). Elle est chômeuse de longue durée et fait l'épreuve du passage chez Pôle emploi. Le récit débute alors qu'elle vient de recevoir une facture qui l'amène à vivre avec une dizaine d'euros jusqu'à la fin du mois (soit quelques dix jours).
Elle est alors régie par la faim et doit s'employer à trouver de quoi subsister. C'est l'apogée du système D et Sophie revend livres, s'invite (de manière tout à fait fortuite, vous imaginez bien !) chez les bons samaritains qui pourront la nourrir. Elle décrit la galère, l'angoisse de sombrer dans le découvert, la honte d'en parler.


Mais au lieu de s’apitoyer et de nous livrer un récit sur le parcours un peu malheureux d'une chômeuse qui en bave, Sophie Divry nous accorde des apartés salutaires. Et le diable qui apparait dans son titre n'est autre que son démon intérieur, Lorchus, qui prend peu à peu sa place dans la tête de la narratrice.
Elle divague et nous offre des libertés typographiques (calligrammes et autres) ainsi que des récits gigognes. Là où vous auriez pensé vous embarquer dans un énième récit du quotidien, vous chavirez tant elle a du charme à vous faire "tourner en bourrique".


L'écriture est gondolée et inventive, les scènes sont drôles (vous ai-je dit qu'il y avait des passages sexuels qui émoustilleront les esprits chagrins ?) et son personnage (l'auteur ?) nous entraine dans une aventure ordinaire dont on se tire à regret.


Bravo à elle ! Depuis, La cote 400, La condition pavillonnaire, Sophie Divry se renouvelle et nous enchante ! Mission accomplie pour ce très bon roman de la rentrée !

Melopee
9
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le 28 juin 2016

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Melopee

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