Enterrer les morts, réparer les vivants...

Un accident de voiture, sans raison particulière, un fait "banal" en somme, mais qui implique la mort d'un jeune homme dans la force de l'âge... A travers le décès de Simon Limbres, Maylis de Kerangal raconte les 24 heures qui suivent : la douleur des parents, la fatigue des médecins, la question du don d'organes...

C'est un roman sur la mort donc, mais surtout un roman sur la vie. Comment était la vie avant, comment sera la vie après, la vie de Marianne, la mère, la vie de Claire, qui attend un coeur, la vie de Cordélia la jeune interne, la vie de Simon, amoureux de la vie, de Juliette et du surf...

Maylis de Kerangal décrit avec justesse et précision chaque instant de ces vies croisées, et rend aux moments les plus insignifiants toute leur singularité (je pense en particulier à la scène de la session de surf, un des meilleurs passages du livre selon moi). Son style si caractéristique (de longues phrases, rythmées par de nombreuses virgules, un vocabulaire foisonnant) peut en déranger certains, mais il rend parfaitement bien le cours effréné de la vie de ces personnages, chaotique, celui qu'on avait déjà pu connaître avec Corniche Kennedy, mais adouci par la poésie des sentiments.