Avant de lire ce retour à Killybegs, il me paraît indispensable de lire cet autre livre magnifique "Mon traître", du même auteur et qui le précède. Dans ce dernier, un luthier français, idéaliste, tombera littéralement amoureux de l’Irlande du nord et épousera la cause des catholiques en lutte. C'est le personnage fascinant de Tyrone, haut gradé de l'IRA, dont on sait dès les premières lignes qu'il a trahi la cause, dont notre luthier  nous racontera le destin tragique, vu à travers un prisme d'idéalisme romantique.
Retour à Killybegs en est l'autre face, le pendant de ce premier roman puisque c'est cette fois ci le traître qui raconte, depuis son enfance, l'engrenage irrémédiable qui l'a conduit à trahir son idéal. Changement complet de style dans ce deuxième opus, raconté à la première personne par Tyrone, le traître : le style est à son image, direct, minimaliste, granitique comme la dureté de la vie. C'est de la grande littérature au service d'un récit poignant qui vous permettra de traverser les convulsions d'une guerre si proche et contemporaine. 
Un très grand livre dont on ne ressort pas indemne et qui mérite amplement le grand prix du roman que l'Académie française lui a attribué.