« Sa majesté des mouches », c'est un livre qui parle de l'Homme, et plus particulièrement de la noirceur de son âme.
Sous l'histoire peu banale d'une groupe de jeunes lords anglais âgés de 6 à 12 ans s'organisant pour survivre sur une île déserte, se cache une critique amère et incisive de la nature humaine.
Qui a dit que les enfants étaient des anges ? Qui peu encore croire à leur innocence ?
Non les enfants sont cruels, violents et sadiques.
Tout le récit repose sur la dérisoire tentative des garçons pour s'organiser de façon rationnelle, mimant l'ordre et la société anglaise d'où ils sont issus, alors même qu'ils se déshumanisent de jour en jour.
On assiste alors aux querelles virulentes de ces enfants, où chaque personnage principal incarne une facette différente de la société. Et lorsque la Connaissance, le Pouvoir Guerrier, la Sagesse et le charismatique Leader s'affrontent, le reste des enfants symbolisant le peuple est ballotté entre deux eaux et tout vole tragiquement en éclats.
Se scindant en deux groupes, les « civilisés » et les « sauvages », l’œuvre met en avant deux visions opposées de l'organisation qu'ils devraient adopter. Les premiers visent une survit à long terme en misant sur la construction d'abris et l'entretien d'un feu destiné à signaler leur position à d'éventuels secours. L'autre, qui à de plus en plus d’adeptes au fur et à mesure que le temps passe, se base sur une survit à court terme : chasser et se nourrir.
Si les deux Idées sont l'une et l'autre fondées, la communication entre les deux groupes demeurera impossible tant chacun restera campé sur ses positions, empêchant toute négociation et tout compromis. Et quand les mots ne suffisent plus, les peurs et les rancœurs resurgissent et on en vien aux mains, à des affrontements meurtriers.
C'est un livre que je recommende farouchement ! Mais ce n'est pas un livre à mettre dans toutes les mains. Il faut de la maturité pour l'encaisser mais surtout pour l’apprécier et en comprendre la subtilité. En ce sens, je trouve qu'il est aberrent que des éditeurs aient osé le publier dans des collections 'jeunesse'.
« Sa majesté des mouches » est une œuvre pulsionnelle, sauvage, sanglante mais avant tout vrai et perspicace. Et c'est sans doute ça qui peut déranger, car elle nous met face notre propre condition et nous rappelle sans scrupule que tout le monde est capable du pire comme du meilleur et que cela ne dépend que de la situation.
« Je sais qu'il n'y a pas de bête [...] mais,Je sais aussi qu'il n'y a pas de peur à avoir [...]à moins qu'on ait peur des gens. » Piggy p102
« Peut etre qu'il y une bête quand même, […] c'est à dire, voilà... ça pourrait être nous simplement. » Simon p108