Salammbô
7.5
Salammbô

livre de Gustave Flaubert (1862)

Aïe, aïe, aïe, j'enchaîne les déceptions et je crains, dans le cas de "Salammbô", de ne pas rendre justice au talent de Gustave Flaubert. Avec ce roman historique qui se situe à l'issue des guerres puniques alors que Carthage la puissante doit faire face au mécontentement de ses mercenaires qu'elle ne récompense pas à la hauteur de ses promesses, l'auteur de "Madame Bovary" nous transporte dans un roman historique flamboyant, un péplum digne d'une superproduction de Cecil B. DeMille.


En pleine période orientaliste, Flaubert nous sert sur un plateau de cuivre étincelant serti de gemmes un "Orient" fantasmé, héroïsé, érotisé, aux prétentions mythologiques. Les décors sont grandioses, les sentiments exacerbés, la spiritualité exaltée et la guerre sacralisée en un grand holocauste purificateur.


D'ailleurs, Salammbô, vierge prêtresse hiératique, est le vivant symbole de la prépondérance de la beauté et de la vertu sur la sauvagerie et la barbarie mercenaire. A l'opposé, Mâtho le guerrier libyen, symbolise la force brute, la soif virile de pouvoir, l'ange exterminateur de la corruption et de l'injustice d'une cité gâtée par sa puissance. Tout l'environnement du roman - personnages, décors, événements, trame narrative - est pictural à souhait, on s'y voit, on se projette corporellement dans l'histoire. Et pourtant, je suis déçue.


Déçue parce que ce maniérisme désincarne les personnages, les rend inaccessibles, non-humains, déifiés ou diabolisés. Et là où, comme d'autres lecteurs, j'attendais une fulgurante histoire d'amour entre deux êtres que tout oppose, j'ai eu le droit à presque 500 pages de scènes de batailles et de tueries. Alors, oui, ça en remontrerait à Tolkien et il y a dans la description des conflits, notamment par l'usage des éléphants de combat, matière à héroïsme et à exaltation mais trop c'est trop. Pour moi cet aspect du roman a vraiment occulté tout le reste au point que mon chapitre préféré a été celui d'introduction où Flaubert imagine un banquet antique haut en couleurs ; la suite m'a hélas désintéressée et lassée.


Créée

le 3 août 2022

Critique lue 87 fois

2 j'aime

1 commentaire

Gwen21

Écrit par

Critique lue 87 fois

2
1

D'autres avis sur Salammbô

Salammbô
Chaiev
9

Delenda Est

Décidément Flaubert est notre Bartleby à nous, romancier qui toute sa vie clama muettement qu’il préfèrerait ne pas. Chaque livre, on dirait qu’il ne le fait que pour prouver qu’il aurait mieux valut...

le 25 oct. 2016

45 j'aime

24

Salammbô
-Valmont-
8

WarPorn

A l’issue de la première guerre punique qui vit les carthaginois prendre une raclée par Rome, les tribus mercenaires ex-alliées de Carthage, ivres de déception, décidèrent de la faire tomber. Partant...

le 29 mars 2021

36 j'aime

18

Salammbô
Paul_
8

Perle d'Orient

Objet finalement bizarre et biscornu que ce Salammbô, pour ne pas dire baroque – mais alors dans le sens premier du mot, utilisé par les joailliers de jadis pour désigner ces perles « baroques » qui...

le 4 juin 2016

25 j'aime

5

Du même critique

La Horde du contrevent
Gwen21
3

Critique de La Horde du contrevent par Gwen21

Comme je déteste interrompre une lecture avant le dénouement, c'est forcément un peu avec la mort dans l'âme que j'abandonne celle de "La Horde du Contrevent" à la page 491 (sur 701). Pourquoi...

le 1 janv. 2014

64 j'aime

24

La Nuit des temps
Gwen21
10

Critique de La Nuit des temps par Gwen21

Je viens d'achever la lecture de ce petit livre qu'on me décrivait comme l'un des dix livres de science-fiction à lire dans sa vie sous peine de mourir idiot. Je viens d'achever la lecture de ce...

le 15 sept. 2013

52 j'aime

10

La Disparition de Stephanie Mailer
Gwen21
1

Critique de La Disparition de Stephanie Mailer par Gwen21

Jusqu'à présent, de Joël Dicker, je ne connaissais rien ou plutôt pas grand chose, c'est-à-dire le nom de son premier roman "La vérité sur l'affaire Harry Quebert". Depuis cette parution...

le 22 mai 2018

31 j'aime

8