Un pur nanard littéraire, à la limite du chef-d’œuvre dans sa catégorie (nanard, pas polar). Si on imagine une voix off un peu sombre, on frôle la perfection. L’auteur se prend bien trop au sérieux, d’ailleurs je crois qu’il a écrit sa biographie pour la maison d’édition où on dit qu’il écrit des « romans noirs qui interrogent la société française contemporaine avec humour et cynisme, dont le ton est souvent engagé, et le propos toujours humaniste ». Non, vraiment, quel homme. Le roman est écrit sur le même ton, ça cite Baudelaire (pauvre, pauvre Baudelaire) à tire-larigot, ça se veut d’une finesse rare en recyclant des publis facebook « il est plus facile de se faire inhumer à Paris que de s’y garer », mais en fait tout pue l’ego dégoulinant. Il essaie de montrer l’étendu de son intellect (supérieur) en mêlant adroitement (à ses yeux) différents styles, à tel point qu’on a parfois l’impression que des paragraphes écrits par des personnes différentes sont maladroitement reliés entre eux. Après je ne peux pas dire que c’est mal écrit, c’est juste très scolaire et moins maitrisé qu’on essaye de nous le faire croire. A 80 pages (sur 500) je n’avais encore jamais vu autant d’étalage de culture. Exemple : un chapitre qui commence par les coordonnées (longitude/latitude) du lieu où se passe l’action. Donne l’adresse, promis, les gens préfèrent. Et comme l’auteur a l’air d’être le seul à ne pas se rendre compte qu’il n’est pas SI intelligent que ça, en fait c’est super drôle. Le mec a l’impression de brasser des sujets fascinants, d’être un monstre de culture, de montrer des personnages forts mais c’est juste un ramassis de clichés. On peut limite faire le bingo des polars (mais pas un jeu à boire, c’est un coup à finir en coma éthylique), je pense qu’on fait carton plein. J’ai beaucoup gloussé en le lisant, même la dédicace « à Isabelle parce que je l’aime » m’a fait mourir de rire. Puis ça fatigue, on se lasse. C’est pompeux, et en fait on s’en fout du dénouement, parce qu’on s’en fout des personnages et encore plus des grandes réflexions profondes de l’auteur (si vous l’interrogez il vous dira probablement que c’est parce que toute cette vérité me dérangeait). C’est donc « sans pitié ni remords » que j’ai abandonné le livre sans l’avoir terminé. L’avantage des nanards cinématographiques, c’est que ça passe plus rapidement.