Sans un bruit
7.8
Sans un bruit

livre de Paul Cleave (2021)

La première moitié de Sans un bruit est surprenante, de la part de Paul Cleave, l'un des auteurs noirs les plus radicaux de la planète, celui qui aime tant, comme il le dit dans la postface du livre : "produire de l'horreur." L'écrivain néo-zélandais semble donc assagi pendant un temps, dans une histoire assez classique d'enlèvement d'enfant, qui met l'accent sur la torture psychologique subie par le narrateur principal, lui-même auteur de polar avec son épouse et père du gamin disparu. Au programme : l'aveuglement de la police, l'acharnement des médias, la furie des réseaux sociaux et l'hostilité d'une foule prête à lyncher ceux qu'elle présume être les coupables. Jusqu'à mi-parcours, le roman se lit sans déplaisir mais sans passion, loin de la folie des précédents livres de Cleave. Au point même que l'intrigue semble avoir épuisée tout son potentiel et que le dénouement parait proche. Oui, mais attendez, il reste encore plus de 200 pages à lire, qu'est-ce que l'auteur d'Un employé modèle va encore inventer ? Et c'est là que revient le Cleave que l'on connait, à travers des rebondissements en cascade, même les plus inouïs, des meurtres inattendus, des incendies criminels et des révélations stupéfiantes. Adieu le réalisme, le livre vogue alors sur un déchaînement de violences, avec pas mal d'humour très noir en bandoulière, dans un récit totalement débridé où la logique des faits n'a plus d'importance. Sans un bruit marque un renouvellement de l'inspiration de Paul Cleave et, à défaut de s'élever au haut niveau auquel il nous a habitués, confirme le talent délétère d'un auteur qui a peu d'équivalents pour oser autant s'aventurer dans ces zones sombres de la périphérie du mal.

Cinephile-doux
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mes livres de 2022

Créée

le 27 déc. 2022

Critique lue 78 fois

2 j'aime

Cinephile-doux

Écrit par

Critique lue 78 fois

2

Du même critique

Anatomie d'une chute
Cinephile-doux
6

Procès d'intentions

Depuis quelques années, le cinéma français, et plus particulièrement ses réalisatrices, trustent les lauriers dans les plus grands festivals. Au tour de Justine Triet d'être palmée à Cannes avec...

le 28 mai 2023

91 j'aime

4

France
Cinephile-doux
8

Triste et célèbre

Il est quand même drôle qu'un grand nombre des spectateurs de France ne retient du film que sa satire au vitriol (hum) des journalistes télé élevés au rang de stars et des errements des chaînes...

le 25 août 2021

83 j'aime

5

The Power of the Dog
Cinephile-doux
8

Du genre masculin

Enfin un nouveau film de Jane Campion, 12 ans après Bright Star ! La puissance et la subtilité de la réalisatrice néo-zélandaise ne se sont manifestement pas affadies avec Le pouvoir du chien, un...

le 25 sept. 2021

75 j'aime

15