C'est bien Houellebecq, sur l'échelle de Richter c'est toujours un petit séisme, et chacun de ses livres fait toujours le même effet, c'est navrant et délicieux, je dirai 3/10 sur l'échelle de Richter, pas plus parce qu'au-delà il peut y avoir des effets vraiment néfastes, surtout d'un point de vue économique, on néglige souvent les effets économiques des séismes, on se limite souvent à un décompte humain, enfin ca reste un livre, ca n'est pas non plus un programme politique, d'ailleurs Houellebecq n'est pas un écrivain engagé comme on dit, même s'il s'est un peu "droitisé" pour le dire comme un autre écrivain qui publiait des livres moins sismiques mais qui ne buvait pas autant d'alcool.


Vous gouterez mon petit pastiche Houellebecquien. Ca n'est pas si difficile. Adopter une écriture blanche. S'imposer de mettre des virgules à la place des points. Ne ponctuer en point qu'après une phrase d'une demi-page minimum. Adopter un ton décalé en mêlant à la continuité du récit des redondances sur des banalités. Toujours un peu d'alcool et une explication sociale, scientifique ou technologique vulgarisée.


Une analyse feignante, qui ne cherche pas à pousser plus loin que l'idée en germe, et qui s'assume comme telle. Une pensée sans force.


Ce qui est bon avec Houellebecq c'est qu'il ne s'impose aucun ton, aucune retenue. D'autres écrivains devraient s'imposer un ton ou une retenue - voire même de ne pas publier - Houellebecq y échappe, d'abord parce qu'il est talentueux, qu'il est drôle et qu'il pousse la neurasthénie à des niveaux burlesques, mais surtout parce qu'il parvient à créer entre son narrateur et le monde un écart, une distance infranchissable, qui rend son texte, pourtant moyen, paradoxalement invulnérable.
Son retrait lui permet de développer des passages franchement abjects, dont on se serait bien passé, mais qui ne nuisent pas au livre pour autant. D'ailleurs, l'auteur ne s'y complait pas, il décrit, rend compte d'une réalité crasse et la nivelle avec d'autres réalités beaucoup plus anodines.


Sérotonine, comme tous les autres romans de Houellebecq, est un livre profondément hypermoderne, qui signale la souffrance qu'il y a à vivre dans une société sans référent et à évoluer dans un espace désincarné (l'évolution géographique des personnages de Houellebecq est toujours cardinale).


Houellebecq, ce mélancolique, recommence ce qu'il fait depuis Extension du domaine de la lutte, mais il le recommence bien, on ne peut pas le lui reprocher.

Motherfuck
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le 11 févr. 2020

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