Pitié pour les femmes ; ou l'homme qui s'introduisit dans la gynécée armé d'un lance-flamme

Comme il m'a semblé que cette étude méritait largement - de par l'excentricité et la contemporanéité, des idées développées autant que du personnage (on ne le redira jamais assez) - de sortir à la fois de l'anonymat intrinséque à sa gloire passée de "Modebuch" où elle est de nos jours pratiquement retombée, et de la relative stérilité de l'aspect "trophée" qu'induit une simple note - qui plus est peu élevée - perdue au milieu d'une collection sur ce site ; j'ai décidé de lui consacrer cette critique.

C'est bien parce qu'il y a fort peu de chances que vous captiez jamais ne serait-ce qu'une bribe flottant, au hasard, dans l'éparsité d'un air germanopratin sérieusement documenté, ou dans les couches lénifiantes des meilleurs hypokhâgnes de France, à propos de ce trésor perdu, que je vous en parle. Tout au plus s'il vous prend, dans les mondanités, la fanfaronnade de questionner, saura-t-on vous mettre en garde contre cet esprit caustique, virulent misogyne(anthrope ?) et antisémite. Weininger ? Un détraqué, un réac de la pire espèce, ah oui un sacré frustré, qui ne pouvant se vanter par son physique, de s'enticher d'un parterre de chiennasses, préféra déverser son encre tel du fiel, mais n'était-il pas pédophile aussi ? (nul procès d'intention de ma part, je l'ai réellement entendu). Bien entendu je conviendrai, avec eux, que ce livre n'est pas à faufiler devant tous les fauteuils de lecture : il est même dangereux, au sens physique du terme, la légende rapportant que de pieuses étudiantes juives se seraient données la mort après goûté de cette came, ce qui serait un parfait motif de policer et déclarer sa censure "mesure de salubrité publique". Surtout n'en parlez pas, ne le montrez pas, ne le conseillez pas, vous pourriez vous ranger du côté des malsanités à contre-courant d'une jeunesse désoeuvrée.

Vienne, 4 octobre 1903, le nouvel épicentre des feux languissants de crépuscules fin-de-siècle est entaché, au réveil, d'une vive coruscation, celle du mur sanguinolent de la chambre du jeune Otto - ou ici le figuré sonore siéra tout aussi fidèlement, d'une détonation - bien décidé à quitter ce monde, d'un somptueux coup de grâce, pour celui de l'idéal. Rééditant l'exploit posthume d'être le trouble-fête attitré des minauderies de salons d'une Vienne coquebine et de son cortège de thuriféraires faisant sa guillerette émulation intellectuelle, on ne saurait considérer si aisèment Weininger comme l'autre face sombre et marasmeuse de cette période. Ne serait-ce pas plutôt un renversement très cabotin de voir ainsi ? Du noctambulisme débauché d'une aristocratie avide d'élucubrer sur les recels de l'inconscient ou des perspicuités du jeune génie en quête des blancheurs de l'absolu, métaphoriquement il y aurait encore à nuancer. C'est pourtant cette même société qui criera à la perfidie de ses idées, quand Kraus, Wittgenstein et même Freud le grand gourou saluent d'outre-tombe ses belles ogives ; et à notre époque d'absurde féminisation, de mutisme idéologisant total on pourrait parier que les mêmes ne joueraient pas moins les effarouchées. Espérons que ce cliquetis de gâchette rencontrera quelque part dans sa course effrénée une roche à même de lui offrir un écho transtemporel jusqu'ici, où nous avons bien besoin qu'un tel testament nous soit légué. Car ses vues ne souffrent d'aucun relent d'archaïsme, elles dépoussiereraient à juste titre les positions faisandées - d'un côté comme de l'autre - du débat des sexes, pourtant viscéralement rabâchées aujourd'hui de la part de tous types de zélateurs publics.

Trève d'introduction stipendiaire, je vous dévoile un peu de la substance de cette oeuvre.
Sous couvert d'un sobre titre présageant un pavé impersonnel supplémentaire de psychologie des sexes en guise de mémoire, Weininger détourne l'occasion pour s'approprier son livre, en faire un fourre-tout d'embryons de théories, de saillies couvrant un vaste champ de problématiques plus ou moins consolidantes de la thématique centrale, qui est de résoudre en profondeur la question féminine. On sent d'ailleurs que l'ouvrage tourne à l'éminent manifeste d'un esprit fureteur proche de l'éclosion d'une génialité conceptuelle, dans ces petites paillettes de réflexion distillées çà et là, distribuant au passage quelques mots sur l'avis des grands maîtres à propos. Otto fouille et parvient de temps en temps à des vues élevées, concept à la clé, si bien que "à propos", ses meilleurs apports sur ce point ne le sont souvent pas. Entre autres, on le verra traiter des rapports chimie/biologie, tirer des exemples de botanique, souffleter les suffragettes et le "mouvement d'émancipation", affirmer la supériorité de la caractérologie sur la psychologie, parler de logique, se faire le chantre des grâces, menant aux pages les plus époustouflantes sur le génie (plus que par Nietzsche et Schopenhauer réunis), pratiquer la monadologie, affirmer son intransigeant idéal de pureté éthique, régler ses comptes en tant que juif converti avec sa communeauté, donnant un morceau de bravoure des plus exquis de psychologie judaïque, régaler les convives avec quelques incartades TRES misogynes à sortir de son contexte sur le maquerellage, analyser comment la femme détruit l'amour platonicien (qui est proprement masculin), amener une théorie novatrice sur l'hystérie. Et, j'ai gardé le plus succulent pour la fin, il invente le terme "hénotisme" désignant cet état longuement approché en tournures amphigouriques par les poètes, d'une ébauche de perception qui se dissout en un éclair, lorsque l'objet n'est pas articulé comme un donné distinct du sujet, mais comme Un avec ; censé être l'unique mode de "(pré-)pensée" de la femme.

"Sexe et caractère" fait partie de ces essais tout en gradations, où feuilles et vie se tournent conjointement dans le durcissement du ton et une tension avivée à l'échéance du fin mot, crescendos de l'intensité de la force de conviction, de l'intérêt du discours comme de l'engagement de l'auteur, reliés à l'éclatement progressif d'une crise. Ce n'est véritablement qu'au chapitre IX "Psychologie masculine et psychologie féminine" qu'il devient un breuvage inarrêtable, exaltant et formellement caustique, là où on le croyait jusqu'alors soft drink ; l'auteur se livrant à de longs prolégomènes précautionneux et positifs, clairsemé de digressions flottantes et inachevées, probablement pas encore à sa cheville (lesdites questions méritant bien plus d'approfondissements qu'on trouvera aisément chez des philosophes spécialisés). Cette manie géniale de vouloir partout apposer sa patte est certes touchante et globalement appréciable, mais porte parfois atteinte à la concision générale : Weininger ne nous intéresse pas lorsqu'il s'attaque avec la profondeur d'une dissertation d'étudiant aux logiques du tiers-exclu, aux relations de la conscience de soi et de la mémoire, aux fondements de la moralité... Somme toute, futur lecteur, ne te décourage pas et ne saute pas la ribambelle de chapitres ardus (utiles pour la suite), pour arriver sainement aux fumeroles glaiseuses des nuées plus impitoyables, larmoyant à grands fracas au fur et à mesure des humeurs atrabilaires pouvant souffler des bulles de crasse et de suie à tes intestins torturés.

Mais tout ceci n'est que racontards, Weininger n'a pas la plume si dure qu'on le croît, il soubresaute rarement, et dans ses idées est même presque excessivement tolérant. Soucieux des nuances, chacune de ses assertions ne se pose pas comme une généralité soi-disant imprenable désagréable de psychologie empirique (dont ils fustigent les animateurs Mach, Avenarius...) ; et, lorsqu'il parle de la femme ou de l'homme, se situe substantiellement, comme caractères de masculinité et muliebrité. En fait la notion de sexe comme nous l'entendons organiquement lui est obsolète, puisqu'insuffisante pour saisir les variations individuelles que sont les émasculés et garçonnes. Chaque individu possède un coefficient de deux essences masculines et féminines (H et F) qui en proportion participent de caractères biologiques et psychiques (chez l'humain) qu'il s'agit de mettre au jour en étudiant un idéal typique, et cette répartition peut aller jusqu'à chacune des cellules, constituant un individu aux milliards de sexes possibles. Cela lui permet de construire une théorie du complément sexuel idéal assez distrayante à vérifier dans votre entourage, comme quoi un homme H74/F26 est suprêmement attiré par une femme H26/F74 (aurais-je besoin de vous préciser son explication de l'homosexualité après ça, elle se pressent). Et cette distinction est loin d'être un cache-misère ou un pis-aller, c'est même elle qui évite de sombrer dans un fanatisme positiviste, dont il est curieux de remarquer le traitement depuis la première partie de l'ouvrage qui en possède certains traits, à la seconde férocement antipositiviste. Il essentialise le débat au niveau d'idées platoniciennes dont les individus ne sont que des formes intermédiaires, ce qui le défendra bien, et cela est répété plusieurs fois dans l'ouvrage, malgré sa position indiscutablement misogyne et antisémite (deux mots que beaucoup apprécient d'abusément recourir, mais c'est ici justifié à certains égards) d'appeler aux discriminations sur qui que ce soit, la femme devant posséder les mêmes droits que l'homme. C'est un des paradoxes de l'oeuvre d'Otto de dénier à la fois toutes les qualités usuelles prêtées à un être humain et d'affirmer très sérieusement que "jamais un livre n'aura autant honoré la femme que celui-ci". Si vous voulez comprendre, sachez qu'il ne déclarera sa flamme qu'aux femmes, et non à la femme (comme idée) ; philanthropie renversée, mais pas pour autant misanthropie.

Le point de départ de la caractérisation sera celle de la sexualité masculine et féminine, d'où s'esquisse dès les premiers abords - corporels - que la prééminence sexuelle est plus marquée chez cette dernière. Vous voyez la suite ? La fin se pressent déjà, et Weininger s'enfonce tel un forcené dans une spirale d'extravagances hilarantes de gravité, du moins pour ses péroraisons - la nébuleuse d'analyses psychologiques autour restant une garniture des plus pénétrantes et jouissives. Tour à tour, observe-t-on l'absence de génie féminin total dans l'histoire, et le génie est une chose exclusivement masculine, les rares talents féminins tenant en fait pour beaucoup... du masculin ! (seul point incontestable) ; la femme est sentimentale, ne pense que comme elle sent (et le retranscrit mal sur le plan émotionnel, piètre poétesse) donc elle est alogique, n'a pas de claire conscience de soi ; la femme dans son comportement social est fusionnelle, elle ne sait pas préserver les limites de son moi... tout simplement parce qu'elle n'a pas de personnalité ! Par suite, la femme est amorale, parce qu'il faut être une monade pour avoir la moralité. Que reste-t-il aux pauvres femmes après un tel ouragan ? Pour Weininger, être homme et être femme, c'est Hamlet, être ou ne pas être ; ah si, reste le sexe, la femme est INTEGRALEMENT sexuelle. Vous avez des objections ? Otto les démonte une à une dans le sens de sa théorie, et ça en devient absolument comique. Présentez-lui une "femme de concept", une "éminente normalienne", il vous dira que son attachement au latin n'est qu'un moyen d'alpaguer un joli giton raisonneur ; prenez les infirmières, tenues pour "exemplaires de moralité," et lui de répliquer que seul une femme est apte à cette tâche parce qu'elle n'éprouve ni pitié ni compassion, là où un homme craquerait car trop moral. Toutes les attitudes, les postures intelligentes et morales des femmes sont feintes, bêtement copiées sur l'homme en vue de la copulation, qui est la seule valeur qu'elle ait jamais eue.

Si cette mission que se donne la femme semble universelle, c'est parce qu'elle réflète sa destination en général. La femme se fait l'émissaire de l'idée du coït partout où elle passe, pour elle-même ou pour les autres par le maquerellage, qu'il soit fin de l'espèce ou fin en lui-même, dans une dualité caractérielle longuement analysée de la mère et de la courtisane ; de longues pages qui seraient je crois le point culminant du livre en terme de truculence, et que je ne me suis pas encore lassé de relire. La femme est pour Weininger absolument bornée à ce seul aspect, à ne recevoir de valeur que par l'accouplement, elle-même n'étant pas productrice de valeurs, et c'est un système si bien admis qu'au fond, elles ne se considèreraient entre elles que par rapport à leur situation matrimoniale, et non par d'autres qualités comme la beauté (dont le jugement leur est aussi dénié, encore une fois galvaudé par le sexuel). Ce n'est donc pas étonnant si par après sera désignée "féminine" une société où le coït est érigé en valeur suprême, au détriment de la chasteté de l'homme tombé en désuétude, comme comportement ne séant pas aux attentes réceptacles de la gynécée, malgré les aspirations plus altières de l'homme, qui lui, peut ne pas être que sexuel.

Puis c'est une autre pièce à conviction qui se retrouve démontée, lorsque Weininger s'attaque à l'amour platonique et idéaliste ; dénoncé comme une faiblesse de l'homme qui, encore incapable de projeter son idéal en pure pensée, le prête à un être tout matériel, bien en deça de porter un tel fardeau, sur "ce sexe petit, étroit d'épaules, large de hanches et court de jambes" comme disait Schopenhauer, dont il est néanmoins loin d'emprunter sa célèbre et sans concessions "métaphysique de l'amour sexuel". La dernière citadelle des amoureux de la femme est assiégée, et s'écroule, impossible de trouver une quelconque beauté picturale à sa nudité, le jugement du beau appelant une proximité incompatible avec un amour désintéressé; l'érotique prenant toujours le pas sur l'esthétique ; et les conceptions du socialisme préraphaélite, prenons, de Ruskin, sur ce point, en déroute. Cet amour est néanmoins loué dans ce qu'il a toujours représenté pour "l'inspiration" des artistes, en tant que procédé créateur de valeur et par là, prélude à la création de l'oeuvre.

La question féminine ne peut par conséquent se régler par l'enseignement de quelconques valeurs, lesquelles feront toujours face au retour au galop du naturel, dans une duplicité propice à ce qui est analysé comme la réelle cause de l'hystérie, conflit incompris entre une pulsion et un système issu de l'homme que la femme ne peut viscéralement s'assimiler, ce qui fera dire que toute courtisane est partiellement atteinte par l'hystérie. Il n'existe aucune échappatoire à la femme pour se délivrer par elle-même de l'asservissement du phallus, ne disposant pas la force morale nécessaire pour ce qui serait nier sa féminité (chose qui de plus ne lui est nullement demandée) et c'est sur ce point capital que Weininger n'est pas seulement gynécocritique, mais fait peser la plus haute faute sur l'homme, de la chasteté duquel dépend finalement le salut de la femme. En somme le jeune viennois a de tout autres desseins que l'humanité de son temps pour elle-même ; elle qu'il sent plus que jamais appelée (car il y faut le contrexemple de l'époque pour contraster) par des sphères plus éclatantes de pureté, de moralité et d'intelligence, sans pour autant prêcher l'ascétisme qu'il rejette comme artifice. C'est cette quête insatiable de l'homme kantien, d'un monde d'individualités respectueuses et magnifiques qui l'aura pour beaucoup conduit à tirer sa révérence. Pour ceux qui se demanderaient encore les raisons de sa détresse, je voudrais terminer cette critique par une large citation :

"Notre temps voit les Juifs dominer comme ils ne l'avaient jamais fait depuis les jours du roi Hérode. De quelque côté qu'on le considère, l'esprit des temps modernes est juif. La sexualité est affirmée comme une valeur suprême et l'éthique de l'espèce entonne des cantiques à la gloire du coït. Le malheureux Nietzsche n'est vraiment pas responsable de la conciliation spectaculaire qui s'est déjà opérée entre la séléction naturelle et la prostitution. Il a compris l'ascèse, n'a fait que trop en souffrir lui-même pour n'avoir pas souvent trouvé son contraire préférable. Mais les femmes et les Juifs sont des entremetteurs ; leur but est de confirmer l'homme dans leur péché.
Notre temps, qui n'est pas seulement le plus juif, mais le plus féminin de tous les temps ; ce temps pour lequel l'art n'est plus qu'un moyen d'exprimer des humeurs, qui a vu l'origine du besoin artistique dans les jeux animaux ; ce temps de l'anarchisme le plus crédule, ce temps auquel ni l'idée de l'Etat ni celle du droit ne disent plus rien, ce temps de la conception historique la plus plate qu'on ait jamais imaginée, le matérialisme historique, ce temps du capitalisme et du marxisme, ce temps pour lequel l'Histoire, la vie, la science ont été réduites à l'économie et à la technique ; ce temps qui a cru pouvoir expliquer le génie comme une sorte de folie, mais qui ne possède plus un seul grand artiste ni un seul grand philosophe, ce temps si peu original alors qu'il recherche tant l'originalité, ce temps qui a remplacé l'idéal de la virginité par le culte de la demi-vierge : ce temps a également la gloire douteuse d'être le premier à avoir non seulement affirmé le coït comme une valeur et l'avoir adoré, mais encore à en avoir fait un devoir : non dans l'idée de se perdre, comme le Romain ou le Grec dans les bacchanales, mais dans celle de se trouver et de donner enfin un contenu à son propre vide"



[Manque encore à cette critique une explicitation du chapitre sur les Juifs et un florilège des citations les plus fielleuses pour les amateurs de virulence]
Skarmydable
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Bibliothèque d'essais

Créée

le 13 août 2012

Critique lue 7.2K fois

33 j'aime

18 commentaires

Skarmydable

Écrit par

Critique lue 7.2K fois

33
18

D'autres avis sur Sexe et caractère

Sexe et caractère
JustinLapostolle
10

Pour comprendre l'être et le monde

Voilà un livre qui ne peut que faire du bien à ceux dont la rage et la passion refuse de totalement s'éteindre. Un livre clé ; Pour comprendre l'être et le monde ; un chef-d'œuvre total qui libère et...

le 30 avr. 2023

5 j'aime

Du même critique

Sexe et caractère
Skarmydable
6

Pitié pour les femmes ; ou l'homme qui s'introduisit dans la gynécée armé d'un lance-flamme

Comme il m'a semblé que cette étude méritait largement - de par l'excentricité et la contemporanéité, des idées développées autant que du personnage (on ne le redira jamais assez) - de sortir à la...

le 13 août 2012

33 j'aime

18

Penthésilée
Skarmydable
7

De la musique, femmes ! De la musique ! Je ne suis pas calme

Pauvres lecteurs d'aujourd'hui ! Vous êtes du vingt-et-unième siècle et vous cherchez peut-être à vous en consoler en acclamant tout haut les parangons de la modernité. Réduits dans votre cabinet,...

le 1 janv. 2014

20 j'aime

5