Sido
7
Sido

livre de Colette (1930)

Publié en 1929, Sido est un texte écrit par une Colette alors âgée de 56-57 ans, qui s’adresse à l’enfant qu’elle fut, autour de ses dix ans. Ce décalage entre le regard mûri par le temps et la mémoire poétique de l’enfance accentue l’écart entre ce qui a été vécu et ce que l’on souhaite croire.


Le livre est avant tout un hommage à la mère, figure tutélaire et enracinante. Sido incarne la nature, la maison, la liberté, une force intuitive presque mythifiée. Autour d’elle gravitent des portraits secondaires : le père, discret et rigide, capitaine marqué par l’amputation d’une jambe lors des guerres d’Italie sous le Second Empire, dont l’infirmité semble avoir façonné le caractère, à qui Colette rend malgré tout un hommage attendri. Les frères et la sœur, esquissés en arrière-plan, constituent un décor plus qu’un véritable contrepoint, mais nécessaire à cette fresque intime.


La grande force du texte est son écriture sensorielle : parfums, lumières, textures, gestes… Colette excelle à recréer un univers sensible, fragmenté en vignettes libres et évocatrices. Mais ce lyrisme, parfois trop appuyé, tend aussi à saturer la lecture. Le raffinement du style devient pesant, et le flot de métaphores, au lieu de séduire, finit par lasser.


Cette célébration est par ailleurs trompeuse. Les souvenirs, magnifiés, relèvent davantage de l’embellissement que du témoignage. La mère est idéalisée, presque sanctifiée, quand les autres figures paraissent reléguées dans l’ombre. Le texte fige un passé sublimé, loin des contradictions et de la complexité du réel. On a le sentiment que Colette écrit avant tout pour elle-même, davantage dans l’exercice d’une mémoire intime que dans un dialogue véritable avec le lecteur.


Un texte qui séduira les amateurs de descriptions champêtres et de prose poétique, une rêverie douce et nostalgique sur l’enfance. Mais derrière cet onirisme élégant, j’ai peiné à trouver un véritable souffle narratif, restant assez hermétique à cette évocation trop lyrique et trop magnifiée.

Gilead
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Parcours littéraire 2025

Créée

le 8 sept. 2025

Critique lue 4 fois

Gilead

Écrit par

Critique lue 4 fois

D'autres avis sur Sido

Sido
S_Gauthier
1

Sur-écrit pour ne rien dire, à jeter.

Je n’aime pas l’autobiographique, parce que je ne trouve pas en général qu’il parvienne à surpasser la suspicion de narcissisme qui lui est intrinsèque. Je crois que je suis incapable de l’acte de...

le 13 août 2022

2 j'aime

Sido
IIIMA
7

un bel hommage

Sido est un récit autobiographique dans lequel Colette évoque sa mère, Sido, femme libre, passionnée de nature et de jardinage. À travers une série de portraits familiaux et de souvenirs d’enfance,...

le 5 mai 2025

Sido
ChristineDeschamps
10

Critique de Sido par Christine Deschamps

Bon, je tiens pour acquis que Colette pourrait bien me raconter n'importe quoi, le Code des Impôts, le CECRL, même les trucs les moins attrayants du monde, le discours du 14-Juillet du Président de...

le 11 avr. 2025

Du même critique

Baoh le Visiteur
Gilead
8

Les débuts du maître

Baoh est l'oeuvre qui a permis Hirohiko Araki de faire connaitre au grand public et de pouvoir enchaîner par la suite par le mythique JoJo's Bizarre adventure une saga comptant plus de 100 tomes à...

le 12 nov. 2018

1 j'aime

Ender : L'Exil
Gilead
7

Critique de Ender : L'Exil par Gilead

Ce livre se classe entre deux chapitres du tome 1 de la stratégie Edner, décidement Orson Scott Card n'arrête pas d'écrire sur le premier tome, avec un début très poussif ou on apprend pas grand...

le 11 févr. 2017

1 j'aime

Ender Wiggin
Gilead
5

Un curieux Mélange

Ce livre se place lui même comme le tome 0 du cycle Ender, commencant avec la rencontre des parents d'Ender jusqu'à ces 20 ans. Le début est donc logique pour un tome 0 mais là ou tout commence à...

le 31 janv. 2017

1 j'aime