Soixante-neuf tiroirs par Gabrielle Sanchez

Je suis, depuis toujours, une lectrice excessivement empathique.
Comme Adam, un des personnages de Soixante-neuf tiroirs, quand je plonge dans les pages encrées d'une histoire, c'est corps et âme.
Je peux me retrouver exsangue, rouée de coups, lasse et perdue, ou, à l'inverse, totalement euphorique, légère, avec une folle envie d'aimer. C'est selon...
La Belle Lurette, librairie parisienne, où je rode régulièrement afin d' acquérir des mondes à dévorer, m' a offert un surprenant voyage au sein d'un espace infini.

Page 88, à la lecture de cette phrase :
"...alors qu'elle rentrait à la maison, bien décidée à annoncer son départ à la vieille dame, elle a trouvé celle-ci sur le plancher de la bibliothèque, penchée sur son oreiller qu' elle venait d'éventrer avec le coupe-papier, et dont elle sortait les plumes une à une pour les examiner attentivement avant de les rejeter.
- J'ai dit un jour quelque chose d' important dans cet oreiller et maintenant ce quelque chose n' est plus là..."
J'ai ressenti un bien étrange sentiment, celui que ma mémoire pouvait ressembler à cet oreiller, et qu' un jour, peut-être, je perdrais les plumes de ces ouvrages que j'avais tant aimés.
Alors, j'ai recommencé l'histoire, et sur un joli petit cahier, j'ai recopié ce que je trouvais beau et essentiel à mes yeux dans les tiroirs que j'ouvrais au fil des pages.

Page 419, arrivée à ce passage, j'ai réellement souri :
"Des événements énigmatiques, il y en avait eu tant et plus. Mieux valait en coucher l'essentiel sur le papier. Puis comparer. Pour s'y retrouver. Sinon, il n'en retiendrait certainement pas tous les détails...un seul mot suffisait parfois à faire éclore dans sa mémoire des pages entières."

Voilà...il va être difficile de quitter ce livre mais maintenant, j'ai mon joli petit cahier et je vais ajouter d'autres plumes, d'autres souvenirs de mes pérégrinations dans l'univers sans frontières de la lecture.