Vivement conseillé

Un ouvrage fort admirable que nous a généreusement offert Sir Arthur Conan Doyle à la fin du dix neuvième siècle. Lui qui voulait passer à autre chose en décrivant les dernières affaires de l'illustre détective à vu son projet se retourner contre lui.

Ce recueil de nouvelles, antérieur ou postérieur à la mort du héros iconique, est devenu aujourd'hui une référence incontournable du genre. Le plus célèbre de tous les détectives s'en sort quasiment toujours là où tout le monde échoue, c'est là où ça impressionne. Ses représentations à la télévision ou au cinéma, où l'on reconnaît inévitablement la patte des comédiens qui l'ont incarné, ne feront jamais le poids face à la magie que le livre nous offre. Celui de s'imaginer nous même à quoi ressemblerait l'individu dans notre propre réalité. Charmé par l'unicité de chacune de ses historiettes, j'avais hâte de voir quelle tournure avaient pris les événements dans ce qui devait être la fin de l'enquêteur londonien. Après lecture, il m'est bien facile de comprendre la frustration des lecteurs qui, lors du dernier mois de l'année mille huit cent quatre-vingt treize, ont poussé un cri collectif assez retentissant et terrifiant pour qu'il réussisse à mettre en branle l'écrivain britannique qui s'est vu presque forcé à faire revivre le personnage adoré du publique. 
Il faut dire que la fin brutale n'a pas aidé à calmer les nerfs. En effet, voir un héros de feuilleton à laquelle on s'est attaché et que l'on aimait tant suivre, disparaître brutalement sans aucune description tenait presque de la provocation. Ce n'était sans doute pas l'intention du littérateur, néanmoins c'est ce que les liseurs du The Strand Magazine ont ressenti.
Pour ce qui est du récit, le réel talent de Monsieur Doyle se trouve dans l'orchestration du suspens et du dénouement, logique autant qu'improbable, découlant à la fin de chaque épisode. C'est d'ailleurs en cela que l'on constate la puissance imaginative du créateur des irremplaçables Holmes et Watson. 

Quand je pense que sans la résurrection du protagoniste central nous n'aurions jamais vu "Le Chien des Baskerville", je me range clairement du côté des admirateurs déçus et demandeurs de l'époque.

À titre de comparaison, il est amusant de voir que dans le film  anglo-américain "Sherlock Holmes: Jeu d'ombres" la fin ne ressemble presque pas du tout à ce que le livre nous a proposé. Après littérature et cinéma sont deux arts différents et ceux-ci ne pourront jamais entièrement se compléter car chacun possède des registres de caractéristiques aussi uniques que précises. 
"Souvenirs sur Sherlock Holmes" représente le condensé de quelques nouvelles de ce qui représente, à mes yeux, une pointure littéraire en matière d'intrigues policières. À moins d'être dans une opacité totale, ses péripéties anglaises et internationales ne pourront que plaire.