"Sunakay" est le genre d'ouvrage où, soit je cherche trop le sens, soit je ne saisi pas. Je me dis que c'est une histoire qui peut manquer de clarté ou qui au contraire n'a pas chercher à en avoir. Dur à dire.


Sunakay est le nom d'une île entièrement constituée de matières plastiques flottants sur la mer, l'amas le plus gros et celui qui bouge le moins, dans une mer congestionnée d'ordures. C'est sur cette mer plastifiée et dénuée de toute forme de vie que vivent Sunan et Kay, deux soeurs, qui vivent de la revente d'objets trouvés entre les déchets. Kay fait la plongée et Sunan la suit avec leur embarcation. Un jour, alors que Sunan négocie avec les revendeurs, Kay remarque un poisson jaune dans un bocal. L'un des revendeurs troqua le poisson contre la montre dorée que venait de trouver Kay sous l'eau, ce qui fâcha Sunan, pour qui la montre leur aurait assurer une pitance pour des semaines. Reste que Kay est ravie de la présence du poisson, vestige d'un monde qu'elle n'a pas connu. le lendemain, après avoir recommandé à Sunan de changer l'eau du bocal de son poisson, Kay repart fouiller les eaux plastifiées, mais un soudain mauvais pressentiment la pousse à regagner le logis au plus vite. le malheur se confirme quand entre ses mains, Sunan lui présente un petit sac dans lequel flotte un petit poisson jaune. Accaparée par le ménage du logis, elle n'a pas songé à changer l'eau du bocal. Plongée dans une détresse émotive vive, la jeune fille attrape le sac et pars en courant entre les monticules de plastique flottant. Pour elle, sa maison sans ce poisson n'était plus sa maison. Alors qu'elle s'apprête, le coeur en berne, à remettre le petit défunt écaillé à l'eau, quelque chose de surréaliste se produit.


Attention, à partir d'ici, il y aura des divulgâches.


Sortie des profondeurs pollués, une bulle s'échappe et enrobe toute entière la jeune fille et son petit protégé. Kay est plongée dans l'eau et menée dans un lieu profond, inconnu, caché. Dans une grotte aux tons rougeoyants aux parois parcourues de villosités qui rappelle une gorge, est nichée une anémone. Kay y glisse le corps sans vie du poisson et alors, l'anémone repli ses tentacules sur lui avant de s'enfoncer sous terre, générant une secousse sismique. Haut-dehors, un gigantesque tsunami se forme et emporte tout vers la terre, Sunan et Sunakay inclus. Les tonnes de déchets plastiques sont donc expédiés sur terre, libérant la mer. Malheureusement pour Kay, sa soeur ne semble pas avoir survécu à cet évènement. Quelques temps plus tard, on la voit dans une barque, à pagayer dans les eaux désormais limpides et peuplés de poissons, avec le même imperméable jaune ( Celui de Sunan? Ça me parait improbable). Il semble que s'il n'y avait plus personne lors du tsunami, désormais il y a des gens, sur des barques, qui sillonnent les eaux.


J'avais envie de préciser qu'il s'agit d'un futur post-apocalyptique, mais en fait, rien n'est précisé en ce sens et des endroits pollués à ce point, ça existe actuellement. Peut-être pas au point de créer des îles si denses, mais des rivière congestionnées de vidanges, des immenses étendus de déchets plastiques dérivants et des enfants qui trient des déchets ( et en meurent parfois) soit pour récupérer le plastique, soit pour dénicher des objets de valeur, malheureusement, ça existe aussi. Depuis longtemps. Il n'y a donc rien de véritablement "post-apocalyptique" ou même "dystopique" là-dedans. C'est au contraire une fenêtre sur des enjeux bien actuels.


Alors, si le début me plaisait, même si je retrouve trois autres histoires similaires, notamment avec Wall-E, de Pixar, Rey dans le film "Star Wars - le réveil de la force" ou les Mouches dans l'album de Davide Cali "On nous appelait les mouches", la fin, je ne la saisi pas vraiment. Tout le passage sur l'anémone semble magique, mais qu'ensuite un tsunami règle la question de la pollution plastique dans les océans me semble facile, voir utopique. Je suis peut-être rabat-joie, mais mit à part envoyer le plastique sur terre, je ne suis pas certaine qu'ensuite on puisse raisonnablement penser à ce que la faune réapparaisse comme par enchantement. Bref, j'ignore si c'est mon esprit d'adulte rationnel qui cherche une logique là où on n'en voulait pas, ou si quelque chose m'échappe. L'apparition des gens aussi me laisse songeuse. On nous dit dès le début qu'il n'y a personne dans le coin hormis les soeurs et après un tel phénomène sismique, j'imagine qu'il y a eu des pertes sur terre et sur mer. Alors je ne saisi pas d'où viennent ses gens. Aussi, je trouve que Kay a un formidable souffle sous l'eau pour tenir si longtemps. Il y a sans doute un peu de magie là aussi.


Je trouve la mort de Sunan formidablement accessoire. C'est triste quand même.


Là où on peut trouver de quoi extrapoler est davantage dans le début, avec ses deux filles qui n'ont rien connu d'autre que la pollution. Elle trouve le moyen de survivre avec les déchets, qui n'en sont peut-être pas tous. Leur rapport au matériel est donc différent, elles savent trouver des trésors parmi les objets délaissés.


L'émerveillement de Kay pour le poisson était mon élément préféré et je n'ai pas de misère à imaginer qu'à travers ses yeux, il y a bien plus de valeur dans ce petit être vivant que dans une montre dorée qui ne marche d'ailleurs plus.


Les images sont très jolies, je reconnais là le décor de "Sous les vagues", mais en plus...pollué. Que de patience il aura fallut pour illustrer tout ce plastique! Par contre, il y a un élément qui me chicotte: Comment expliquer les plages propres et le panorama dépourvu des immenses monticules de déchets propulsés par le tsunami, à peine quelques semaines plus tôt?


Donc, il me reste un sentiment de perplexité face à tout ça. Des histoires de mondes futurs recouverts de déchets, il y en a déjà plusieurs. le scénario est difficile à extrapoler, mais il est possible que l'autrice n'avait pas en tête d'avoir une historie cohérente. Peut-être est-ce là une façon allégorique de dire que la Nature reprendra ses droits un jour et qu'il y a de l'espoir, mais ça me semble quand même tiré par les cheveux. Je suis curieuse de savoir quelle lecture feront les jeunes Lecteurs et Lectrices de cet album.


Un avis mitigé, donc.


Pour un lectorat à partir du second cycle primaire, 8-9 ans+, en raison de la longueur de l'histoire, surtout.

Shaynning

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