Sur les ossements des morts par Lou Knox

Vous voyez le cosy mystery ? une enquêtrice un peu drôle, avec des manières propres qui sont sensées vous rappeler vos aspects cachés, ceux qui vous rapprochent de l'héroïne et qui vous confortent dans l'idée que vous auriez pu faire une parfaite Agatha Christie ?

Là voilà, vous l'avez.

Bon, maintenant, oubliez. Y'a rien de cosy dans ce roman là. La Pologne, les Sudètes, le trou perdu neuf mois sur douze, laissé à l'abandon sauf pendant l'été donc, hormis pour Janina Docheynko et une bande de villageois biens terreux, qui y vivent toute l'année avec leurs propres règles, leurs propres idées, notamment sur la Nature et les animaux.

Jusqu'ici, waaaaah. Rien de bien original. Sauf qu'en fait la narratrice, Janina, sombre de plus en plus vers une démence mentale, parsemée de quelques dons de voyance - en astrologie surtout - et une sacrée volonté de défendre la cause animale (rôle qui a donc à priori toute notre sympathie).

Les personnages sont secs, ce qui contraste tout à fait avec l'humidité ambiante, brouillardeuse de ces grandes forêts qui bercent notre imaginaire quand on essaye de situer les grandes forêts d'Europe de l'Est. Le ton est dur, sauf pour les envolées lyriques, les citations du poète Blake, qui régissent la structure mentale de Janina, et les prédictions astrales de cette dernière (quelques longueurs qui nous égarent à certains moments).

Le hic, c'est que les villageois se font tuer ou disparaissent, dans des circonstances qui laissent la Police le cul entre deux ronds de chaises (???).
Pour Janina, elle l'a vu dans les étoiles, il n'y a pas à chercher loin, c'est une justice animale ; à force d'atrocités l'Homme ne peut pas rester impuni sans jamais y payer de son karma (ni de sa vie so).

C'est.
Putain c'était tellement bien. Long, déstabilisant (wah ils ont failli me perdre trois fois sur l'explication des Maisons dans Uranus ou je sais pas quoi mais, mais).

Wah. J'ai vraiment beaucoup aimé. Même si on devine assez rapidement l'issue du roman, la dégringolade dans la démence de Janina place le.a lecteur.ice dans une sorte de cercueil anxiogène bien étouffant et est vraiment bien retranscrite pour le coup.