C’est un peu malhonnête de mettre une note aussi basse, car je n’ai pas terminé ce livre. Mais il m’a causé une véritable panne de lecture (c’est dire…). Il commençait mal : j’ai très vite eu un problème avec le style de l’auteur — ce qui ne m’empêchera pas de lire son autre best-seller, Tous ceux qui tombent, qu’on m’a chaudement recommandé.
J’ai également des réserves sur la démarche éditoriale de cette collection. Même l’ouvrage de Régine Le Jan, publié dans le même cadre, m’a laissée perplexe. Ces livres s’adressent à un public non spécialiste mais cultivé ; pourtant, j’ai l’impression que la majorité des lecteurs viennent du monde universitaire, et les défauts sautent alors aux yeux.
L’Histoire (au sens de science historique) y est souvent réduite à une succession de « grandes idées ». Chez Régine Le Jan, c’est la transformation de l’ontologie relationnelle au Moyen Âge (quoi que cela veuille dire) ; ici, il s’agit d’une hypothèse fondée presque exclusivement sur un texte de Montaigne, selon laquelle toutes les personnes du XVIe siècle auraient été obsédées par les stratégies de survie pendant les guerres de Religion.
Toutes les sources — pour la plupart fictives, ce qui n’est précisé qu’a posteriori (un procédé que je trouve assez malhonnête) — sont tirées dans le sens de cette thèse. Or, l’Histoire ne se résume pas à une suite de grandes idées illustrées par quelques anecdotes.
A la fin de ma lecture (j'ai plus ou moins dépassé les deux-tiers de l'ouvrage), c'est pourtant ce que je retiens : machin et truc ont tenté de se déguiser pour fuire une prison, tel groupe a tenté de manipuler un garde en imitant son accent : c'est bien que les Hommes du XVIe siècles ont vu leur vie bouleversée par la Guerre civile et ont dû adapter leur manière de relationner.
Je ne suis même pas en désaccord fondamental avec la thèse (qu'en sais-je, je ne suis que médiéviste ?) mais la méthodologie est à revoir. Je trouve même assez néfaste de vouloir transmettre cette image de l'Histoire au "grand public" (les guillemets sont nécessaires car un vocabulaire très savant est utilisé sans être expliqué, je ne sais toujours pas ce que l'ontologie vient faire là-dedans !) : non les Historiens ne se contentent pas de multiplier la citation d'anecdotes pour convaincre. Il ne suffit pas de raconter et relayer des histoires pour ça.
C'est bien dommage car nous manquons pourtant cruellement d'ouvrages grands-publics de vulgarisation pour rendre les sciences humaines et sociales plus accessibles.