Après Dostoïevski, reprise de mes lectures 2022 dédiées à la littérature russe.
Taras Boulba est le premier livre de Nicolas Gogol que je découvre.
En quoi est-ce de la littérature russe ?
Pour l'auteur, ce livre est l'opportunité d'écrire sur une des facettes de la littérature russe : le sens de la vie.
Tu es un homme intelligent, si on t'a élu kochevoï, c'est bien pour quelque chose, eh bien, explique moi donc à quoi nous sert notre vie ?
Contrairement à Dostoïevski (Crime et Chatiment ou Les Frères Karamazov), ce thème n'est pas développé directement par les protagonistes.
Mais c'est bel et bien Taras Boulba qui nous livre son enseignement par ses actions :
- nous sommes l'héritage d'un "karma" auquel il nous est difficile d'échapper,
- en tant que père ou mère, nous sommes avant tout dédiés à notre progéniture. La passion et notre ADN nous dominent.
Evidemment, l'autre aspect fondamental du roman est directement lié à la topologie des lieux de l'action et à la culture des protagonistes. cf. le chapitre ci-dessous
Ce que j'ai appris de l'Histoire ou de la Géographie de la Russie
Comme Dostoïevski, Gogol développe des traits de la Russie qui semblent intemporels :
- la culture religieuse russe de tradition orthodoxe ;
- l'inspiration de la France (ici surtout l'ingénierie).
Mais surtout Taras Boulba est une petite encyclopédie dédiée à l'Histoire Ukrainienne :
- moeurs et confilts entre les cosaques orthodoxes, Polonais catholiques ou Tatars (Turques) musulmans ;
- condition de vie des juifs sur cette zone géographique.
A ce propos, Gogol semble hésiter entre un rôle de procureur et d'avocat. Morceaux choisis...
D'un juif :
Il ne vit d'abord que les 2000 ducats [...] puis il rougit de sa cupidité.
De la bouche de ce même juif :
s'il y a quelque chose qui cloche, c'est toujours sur le Juif que ça retombe.
Dixit Taras Boulba :
ce n'est pas d'hier que date le proverbe qui dit qu'un Juif pourrait se voler lui-même.
Bref l'antisémitisme est solidement ancré depuis des siècles.
Ce que j'ai aimé, ou pas...
Tout d'abord la lecture de ce livre sur l'Ukraine est de circonstance en cette dramatique période d'envahissement russe sur son territoire (critique écrite le 23/5/2022).
On y trouve ainsi ce qui fait ses spécificités et ses dilemnes contemporains, qui trouvent leurs sources dans un passé lointain, qu'il fut lié aux empires polonais ou russe.
la coupe était pleine et la patience d'un peuple à bout, une nation entière prenant les armes pour venger ses droits bafoués, ses moeurs honteusement bafoués [...], leurs populations opprimées, l'union imposée à son église...
Evidemment, le roman est également un très bon roman d'aventure, fluide et rythmé.
Certes violent - c'est le moins que l'on puisse dire - puisque par exemple les bébés y sont éperonnés par les lances des Cosaques.
Bref, oserais-je un jugement et une comparaison :
- Taras Boulba n'est pas un chef d'œuvre de la littérature russe,
- mais à choisir, son style et le fond y sont bien plus matures que les tentatives de Jules Verne, pourtant grand conteur devant l'éternel (Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Michel Strogoff...)