Belle decouverte
Le premier roman que je découvre de l'auteur . Eduardo Halfon , donne sa voix au narrateur. Il nous parle de sa famille ses parents et de son frère cadet. Sa mère et son père ont décidé de fuir le...
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le 25 juin 2025
Tarentula est un livre, plus ou moins d'autofictionnel de ce que j'en ai compris, publié l'an dernier par le Guatémaltèque Eduardo Halfon. Le personnage principal partage du moins son nom, son lieu de vie, son activité avec l'auteur.
Le roman a pour but de raconter, comme lors d'une sorte d'analyse fractionnée, la manière dont le narrateur, adulte, arrive à se remémorer une expérience de jeunesse traumatisante. Alors qu'il vivait aux États-Unis avec sa famille, ses parents l'envoient, pour le reconnecter à sa judaïté, dans une sorte de camp de survie pour enfants juifs dans la jungle guatémaltèque qui va tourner à la thérapie de choc. Sans être d'un voyeurisme extrême, au contraire, le roman évoque une réalité plutôt dure mais qui lui sert essentiellement à évoquer le thème de la construction identitaire.
Tarentula ressemble à l'une de ces questions un peu foireuses dans lesquelles on demande à un quidam s'il se sentirait davantage Juif du Guatemala ou Guatémaltèque juif. Superposant constamment les situations culturelles opposées (écrivain immigré en Europe, immigrant sud-américain aux EUA, culture maya des périphéries montagneuses, juif israélien d'extrême-droite), Halfon nous montre le processus difficile, parfois conflictuel et violent, par lequel on s'intègre à une communauté et l'extension des moyens que l'on peut déployer pour la préserver si elle s'avère menacée. On comprend à travers les difficultés du narrateur à mettre des sentiments ou des jalons sur son appartenance la lutte que constitue toujours le besoin de se concevoir dans cette dichotomie entre l'unicité, l'identité de notre être et le fait que l'on soit le produit d'un climat, d'une histoire, d'une famille, entre autres.
Le roman est assez bien écrit, il a la qualité de sa pudeur quand il évoque les réalités les plus sombres qu'il a à illustrer et il parvient bien à être assez allusif pour laisser du jeu au lecteur à décoder les situations et les symboles qui se présentent, tout en maintenant un flou intéressant, une interruption de plusieurs scènes, qui maintient l'attention en éveil et nous pousse à accompagner l'espèce d'auto-thérapie à laquelle procède Halfon dans le livre. C'est également un roman qui sait faire reposer ses scènes sur des détails triviaux mais qui créent un effet de réel assez maîtrisé, on le lit et on y croit bien. La narration interne permet de douter avec une efficacité intéressante de plusieurs moments, non pas tant que le narrateur soit si douteux mais simplement parce qu'il relate des expériences d'enfance distantes et traumatisantes, qu'il le sait et que ça induit un certain nombre de biais.
Tarentula a peut-être le désavantage de manquer d'ampleur, de scope comme on dirait aujourd'hui, tant par la longueur que par la diversité des situations évoquées. Halfon laisse planer un doute assez long sur le but réel du camp de survie suivi par les enfants alors que l'on comprend très vite où tout cela a vocation à mener, créant donc par là ce côté toujours déplaisant à une intrigue quand on a le sentiment de l'avoir devancée. Peu de personnages secondaires ont droit à un développement satisfaisant, et ils laissent en plus un goût d'esquisses inachevées.
Peut-être que le tout se trouve pris dans une sorte de faux rythme entre la nouvelle et le roman conséquent qui égratigne sa structure. C'est un bon taf mais qui m'a laissé assez froid faute d'ampleur dans sa conception en somme, je partais plutôt pour un 5 de note neutre que j'ai voulu rehausser in fine car je trouve sa scène de conclusion très efficace, sous forme de bel hommage, simple et naturel, à l'identité du Guatemala. À une identité a minima.
Il n'en demeure pas moins que le travail sur le roman thérapeutique a été l'une des grandes marques du moderne en littérature, et c'est difficile de proposer un taf aussi léger en regard d'entreprises littéraires comme celle au hasard d'un Lobo Antunes, qui procède aussi d'une forme d'expiation de la douleur par la tentative de recoller le souvenir mais qui le fait avec un travail sur la langue et la composition d'une radicalité bien autre.
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Créée
le 14 mai 2025
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