Pastiche de Virgile ?

Grande oubliée des épopées, la Thébaïde de Stace représente pourtant un pan important de la culture littéraire antique. Elle traite en effet du célèbre conflit (Les Sept contre Thèbes d'Eschyle, Les Phéniciennes d'Euripide) opposant les deux fils d'Œdipe, Étéocle et Polynice, sur l'alternance du gouvernement thébain.

Dans l'organisation du récit, on s'aperçoit nettement de l'influence de l'Énéide de Virgile sur Stace. On peut séparer, à l'instar de l'Énéide, le récit en deux parties : la marche de Polynice sur Thèbes avec les armées argiennes et la confrontation entre les deux armées. On retrouve également une rupture au milieu du récit avec la narration par Hypsipyle du crime des Lemniennes (Livre V) et l'organisation de jeux funéraires en l'honneur du fils d'Hypsipyle (Livre VI), Archémore, tué par un serpent pendant que sa mère dirigeait les Grecs assoiffés vers une rivière et racontait son histoire.

Dans le style d'écriture, on aurait plutôt tendance à voir un rapprochement avec Homère, surtout à travers l'imitation des fameuses comparaisons homériques. Mais disons-le clairement, Stace, s'il n'est pas fondamentalement mauvais, reste nettement inférieur à ses devanciers. Le texte manque d'authenticité, de ferveur, de brillant ; on s'ennuie souvent et on suit laborieusement le récit par un grave défaut de rythme.

Néanmoins, pour la défense de l'œuvre, il me faut avouer l'avoie lue en un après-midi, ce qui peut effectivement entacher sa considération, d'où l'indulgence dans la note accordée. Et au-delà des gouts esthétiques, la Thébaïde ne mérite certainement pas d'être méprisée telle qu'elle l'est actuellement par le peu d'éditions modernes qu'il existe en français (et faut-il voir leur prix). Remercions d'ailleurs chaleureusement le site de feu Philippe Remacle qui nous permet d'accéder aisément à toutes ces œuvres égarées.