Point de doute chez Onfray, il sait. Je commencerai par dire mon point d'accord avec Michel Onfray :

Oui, on vit une époque de merde (la Nef des Fous) où tous les jours la bêtise humaine crasse s'étale au grand jour. Où n'importe qui — Nikos Aliagas sur Homère, Onfray sur l'Univers — s'improvise historien, astrophysicien et voit des wagons de crétins s'extasier devant un grand n'importe quoi et penser se cultiver. Cependant, n'en déplaise à son auteur le petit peuple n'est pas grand dans sa culture quand on le voit se ruer sur un bouquin qui ne découvre rien mais enfonce des portes ouvertes sur des questions débattues en Histoire depuis des siècles. Onfray explique d'ailleurs à un moment, « j’aimerais bien qu’on envisage la possibilité que Jésus n’ait pas existé car… ». Cette possibilité a été envisagée sérieusement, et il le dit lui-même, dès le XVIIIème siècle. Comme ses adorateurs ne lisent que Michel Onfray les pauvres diables l’ignorent. Et ça n’est pas l’absence de bibliographie – « Un oubli de mon éditeur » qui n’a pas oublié la bibliographie de Michel – qui va arranger ça.

Passons donc aux points de désaccord :

1) KIM Jong-Il, le papa de KIM Jung Un, si l’on lit les textes officiels nord-coréens, un grand glacier du mont Paektu aurait émis un son mystérieux, pour ensuite se briser et laisser échapper un double arc-en-ciel, puis serait apparue la plus haute étoile dans le ciel. Depuis, ce « camp secret » est considéré comme une terre sacrée que le peuple est encouragé à visiter tous les ans.On prétend également, qu’à l'âge de 4 ans, Kim Jong-il aurait renversé un pot d'encre sur une carte du Japon. Un ouragan aurait foudroyé cet endroit précis quelques jours plus tard. Toujours selon sa biographie officielle, il marcherait déjà depuis l'âge de trois semaines, et il aurait commencé à parler à l'âge de huit semaines. Durant son éducation à l'Université, il aurait écrit pas moins de 1 500 livres (15 fois plus que Michel Onfray). Petit, il aurait été un mécanicien hors pair, un stratège génial, il surpassait les autres enfants par ses questions incisives et n'avait jamais l'air fatigué, bien qu'il aurait accompli plusieurs fois plus de travail que les autres. Kim Jong-il, dès son premier essai au golf, en 1994, aurait fait un score énorme, dont cinq trous-en-un, ce qui serait un record mondial. Le défunt dirigeant aurait aussi écrit six opéras en deux ans, chacun d'eux mieux que tout autre opéra de l'histoire de la musique. Selon le journal nord-coréen Minju JoSon, il serait aussi l'inventeur du hamburger. Donc si on lui applique la « méthode » Onfray on pourrait en conclure que KIM Jong-Il n’a jamais existé ?

2) Onfray n’a trouvé aucune sépulture du Christ. Il est donc monté au Ciel conformément aux Saintes Écritures ?

3) Imagine-t-on un « chercheur » écrire un livre sérieux sur Shakespeare sans parler Anglais ? Onfray ne parle ni Latin, ni Grec ni Araméen. Il s’appuie sur des TRADUCTIONS de textes religieux, donc évidemment orientés, qui de surcroit se contredisent.

4) Prouver qu’il n’y a eu aucun Jésus historique supposerait avoir fouillé toutes les sépultures en bon archéologue, ce qu’Onfray n’a pas fait. Quant à prouver que les miracles n’ont pas eu lieu, idem, il en est réduit comme les chrétiens à croire que Jésus n’a pas existé. Il n’a jamais autopsié Lazare par exemple pour savoir si on l’a ressuscité.

5) Michel a arrêté de croire au Papa Noël quand il avait cinq ans, et pareil pour Jésus. Là il commet son premier gros impair méthodologique = il confond la croyance en Jésus comme Messie et son existence. Ne pas croire au Papa Noël ne prouve pas qu’il n’existe pas. D’ailleurs on pourrait facilement ridiculiser son raisonnement en lui rappelant que malgré son génie d’autres l’ont devancé puisque n’ayant jamais cru au Papa Noël ou à Jésus. De plus, dans le détail, Onfray explique que ce sont ses lectures qui l’ont amené à douter de l’existence de Jésus, des années plus tard, pas seulement sa géniale intuition. Donc, une fois de plus, il se contredit lui-même.

6) Michel n’a rien retenu de ses cours de catéchisme, expliquant : « Moïse ouvrant la Mer Rouge, Jésus ressuscitant, toutes ces fariboles ne sont plus aujourd’hui reconnues que par une minorité de la population. Nous sommes 8 000 000 000 et il n’y a que 2 300 000 000 de Chrétiens ». Michel, j’apprends à mes élèves de cinquième que Jésus – Issa- est un prophète aussi pour les musulmans, quant à Moïse les trois le reconnaissent comme prophète et donc ça nous fait 2.3 milliards de chrétiens, 1.7 milliard de musulmans, 15 millions de Juifs, donc plus de 50% de la population mondiale au moins croît que Moïse a ouvert la Mer Rouge.

7) Michel ajoute que « heureusement, ils sont de moins en moins nombreux. » Las, Michel, ils sont de plus en plus nombreux, les irreligieux ont baissé, passant de 15% de la population mondiale en 2010 à 14% en 2020. Michel est fâché avec l’histoire et la statistique.

8) Être irreligieux signifie ne pas déclarer de religion, mais on peut être athée, déiste, et surtout SANS OPINION SUR Jésus.

9) Les Bouddhistes (623 000 000) sont agnostiques et ne prétendent pas connaître la réalité de Dieu. Ils sont sans opinion sur l’existence de Jésus.

10) Onfray nie l’existence de Jésus, mais ne prouve jamais son fait. Jésus pourrait avoir existé et avoir été déformé par des traditions scolastiques. Il ne comprend pas, ou ne veut pas comprendre que c’est tout bonnement impossible de prouver son existence ou son inexistence.

11) Onfray ne remet jamais en cause dans ces ouvrages l’existence d’Homère, Lao Tzu ou Confucius. Normal, ça ne ferait pas le buzz.

Michel, une foi sincère est une foi qui doute comme l'expliquait Maurice Sartre :

"Croyants ou non-croyants posent invariablement la même question à l'historien : Jésus a-t-il existé ? Que sait-on de sa vie ? Si des théologiens peuvent nier l'intérêt que présenterait la connaissance du personnage historique, comme étrangère à la foi, la plupart des savants s'accordent à la juger importante pour éclairer le message de Jésus et mieux comprendre le succès (posthume) de son entreprise. En tout état de cause, certaines interrogations, qui relèvent du domaine de la théologie, resteront toujours hors du champ de compétence de l'historien : Jésus est-il fils de Dieu ? Est-il le Messie* annoncé par certains textes ? Est-il ressuscité ? Il ne peut en être question ici. Mais, même à s'en tenir à ce que l'enquête historique peut établir, l'affaire est compliquée car, au-delà de la question « que sait-on ? » s'en profile une autre : « comment le sait-on ? ». L'historien n'affirme rien sans preuve, mais il sait que les documents peuvent l'abuser et que ce qu'ils disent peut n'être que partiellement vrai. La première difficulté à résoudre est donc celle des sources. Suffisent-elles a démontrer l'existence de Jésus ? On dispose d'abord de trois grands ensembles de textes écrits par des fidèles de Jésus, non de son vivant, mais au plus tôt une vingtaine d'années après sa mort. 1) Les quatre Évangiles* demeurent la source la plus consistante. Celui de Marc est reconnu comme le plus ancien bien qu'il ne remonte pas au-delà de 65. Luc et Matthieu sont un peu plus tardifs, mais ils empruntent beaucoup à une source commune, nommée conventionnellement la source Q (comme Quelle, « source » en allemand), recueil de logia, de « paroles », qui peut être daté des environs de 50. L'Evangile de Jean est le plus récent : il a été écrit vers 95. 2) Les Actes des Apôtres*, rédigés par le même auteur que le troisième Évangile, Luc, mais après celui-ci, autour de 75-85, comptent peu d'éléments biographiques. Ils se réfèrent toutefois constamment à Jésus, en exposant le développement de la première communauté de fidèles à Jérusalem, la conversion de Paul, puis ses efforts missionnaires. A défaut de nous renseigner directement sur les faits et gestes de Jésus, les Actes conservent l'image que s'en faisait la plus ancienne communauté chrétienne, celle des disciples qui l'avaient connu. 3) Les Lettres de Paul enfin, rédigées entre 50 et 64, ne donnent que de très rares indications à caractère biographique. Elles interprètent le message de Jésus, que Paul n'a pas connu directement.

En dehors de ces textes issus des milieux chrétiens, on possède encore le témoignage d'un historien juif du 1er siècle, Flavius Josèphe, et trois allusions d'auteurs païens. Suétone signale que les Juifs de Rome furent expulsés par Claude en 41-42 ou en 49, parce qu'ils s'agitaient à l'instigation d'un certain « Chrestos ». Tacite rapporte la persécution par Néron, en 64, des chrétiens de Rome, et rappelle que ces chrétiens tiennent leur nom d'un certain « Chrestos » qui fut livré au supplice par Pontius Pilatus.Enfin, Pline le Jeune, gouverneur de Bithynie-Pont (au Nord-Ouest de l'Asie Mineure) en 111-113, décrit les progrès du christianisme dans sa province et s'interroge sur la conduite à tenir à l'égard de ceux qui lui sont dénoncés. En réalité, aucun des trois auteurs ne témoigne de l'existence de Jésus, mais ils attestent que des individus se réclamaient de lui, et ceci à Rome dès les années 40. Chez Flavius Josèphe, Jésus apparaît à deux reprises. Une première fois, lorsque Josèphe signale brièvement la mort de Jacques de Jérusalem en 62, « frère de Jésus appelé Christ ». Une seconde allusion est faite dans un long passage, nommé Testimo-nium Flauianum par les spécialistes, et dont l'authenticité a été contestée. Ce texte pourrait être le seul témoignage direct d'un non-chrétien sur Jésus.

Un prédicateur attentif aux humbles. Mais le témoignage relativement concordant des sources chrétiennes les plus anciennes suffit à établir l'historicité de Jésus. Naturellement, certains jugeront que l'on ne peut faire confiance à des sources partiales par essence. Il me semble que l'on peut invoquer deux arguments à l'encontre des sceptiques. D'une part, pour de nombreux hommes de l'Antiquité, nous disposons d'une documentation bien moindre que pour Jésus et aussi peu fiable a priori, sans que personne ne songe à mettre en doute leur existence. S'il fallait s'assurer du caractère « objectif » des sources, on serait réduit à bien peu de chose !D'autre part, ce qu elles en disent - et ce qu'en dit Josèphe, qui n'est pas contradictoire - va dans le sens de ce que l'on sait des mouvements messianiques et eschatologiques qui travaillent la société juive au Ier siècle de notre ère. Non que Jésus soit nécessairement conforme en tout point aux autres rois, messies et prophètes autoproclamés connus par ailleurs (et notamment par Flavius Josèphe qui leur est très hostile), mais il est loin d'apparaître comme un élément isolé. Pour l'historien, Jésus s'inscrit dans une série bien connue et bien identifiée.".

On notera la différence entre l'historien — Maurice Sartre qui dit "on peut légitimement croire à l'existence historique de Jésus mais nos sources sont parcellaires..." et le croyant — Onfray — "Je sais qu'il n'existe pas.".

Lesleeanna
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le 5 avr. 2024

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