On est bien et confortable dans les livres de Jean-Paul Dubois et pas seulement parce que le héros de chacun de ses romans se prénomme Paul. C'est une petite musique d'ambiance familière, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre, qui fait de Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon un texte aussi précieux que les précédents. Pour l'humanité blessée qui s'en dégage et la mélancolie qui sourd de ses lignes, autour d'un personnage que Dubois dénude peu à peu et nous rend on ne peut plus proche. Le livre alterne vie quotidienne en prison, où Paul séjourne auprès d'un détenu très haut en couleurs, et flashbacks incessants sur son passé et ses chers défunts. D'emblée, l'auteur prévient : tous ceux qu'il a aimés ne sont plus de ce monde mais ils l'accompagnent et nourrissent son âme dans la désolation de sa cellule. Il y a le père, pasteur d'origine danoise, sa compagne, suave mélange amérindien et irlandais, et enfin son chien, qui le comprend mieux que tous. Ainsi va la vie de Paul qui se déroulerait sans accrocs s'il n'y avait pas les coups du sort et une vie professionnelle qui dévient intenable. Comme toujours, Dubois réussit parfaitement ses portraits et y ajoute ici un certain sens du suspense puisque l'on ne sait qu'en toute fin de roman les raisons de l'incarcération de son héros. Mais autant que l'intérêt de la construction de l'intrigue, c'est la plume flegmatique et parfois caustique ou drolatique de l'écrivain que l'on retient et qui exhale un charme persistant. Ce n'est plus une surprise quand on connait ses livres mais un plaisir renouvelé.

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le 25 août 2019

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