Rebeka Warrior explore ici un territoire littéraire qui lui ressemble : nerveux, fragmenté, traversé par une colère lucide. Toutes les vies se présente comme un ensemble de récits éclatés — autofiction, visions intimes, souvenirs transfigurés — où le « je » change de peau d’un chapitre à l’autre. Le livre ne raconte pas tant une histoire qu’un état : celui d’une existence traversée par le désir, la violence sociale, les identités mouvantes et les corps qui brûlent.
Ce qui frappe surtout, c’est la manière dont Warrior transforme la confession en pulsation. Elle écrit comme on crie doucement, avec une langue charnue, souvent brutale mais toujours tenue, où chaque phrase semble prête à se briser. Le texte passe sans prévenir de la tendresse à l’âpreté, du politique au viscéral, du souvenir intime au manifeste poétique. Il y a là quelque chose d’à la fois dispersé et intensément cohérent : un portrait de soi par éclats, mais aussi un portrait des vies qu’on n’a pas vécues.
L’ensemble peut parfois paraître hermétique, ou trop impressionniste pour totalement emporter, mais on reste saisi par cette façon de faire affleurer la vérité dans les tremblements, pas dans les certitudes.
Résumé
Un livre électrique, intime et fragmenté, où Rebeka Warrior scrute la violence et la beauté des identités mouvantes. Un autoportrait en éclats, brut et vibrant.