Terreur chimique

128 pages seulement et une terreur qui monte très haut. L'argentine Samanta Schweblin, jusqu'alors connue pour son talent d'auteure de nouvelles (Des oiseaux plein la bouche) frappe fort avec Toxique, un roman certes très court mais ô combien traumatisant d'autant que l'on ne connait pas l'origine des événements qui sont relatés (mais on les devine). Le livre est conçu comme le dialogue entre une femme qui va mourir et un très jeune garçon, qui n'est pas son fils mais celui d'une amie, alors qu'elle-même est mère d'une petite fille qui semble avoir disparu. Le récit de cette agonisante est sans cesse relancé par les questions de son interlocuteur qui la recadre, voulant absolument lui faire dire un certain nombre de choses. Le livre ressemble à une sorte de cauchemar fantastique dans un environnement pollué par les épandages de produits chimiques dans un village où tous les enfants semblent malades. Samanta Schweblin fait preuve de beaucoup de maîtrise pour maintenir le suspense dans ce climat d'horreur avéré. Rien n'y est dit clairement pourtant, et ce jusqu'à la fin, si ce n'est que notre monde court à sa perte s'il continue dans cette voie. Comme l'indique à juste titre sa quatrième de couverture, Toxique est un roman magnétique, obsessionnel et vertigineux. Opaque, aussi, dans sa narration. Mais le message, lui, est clair, et il y a urgence.