Originaire du Nord de la France, Franck Thilliez a débuté sa carrière d'écrivain vers le début des années 2000, alors qu'il exerce le métier d'ingénieur en nouvelles technologies.
Après un premier roman " Conscience animale " plutôt confidentiel, Thilliez sort en 2004 Train d'enfer pour Ange rouge, œuvre dont il va être question ici.
On y rencontre pour la première fois (ou seconde, pour les rares élus qui connaissaient déjà Conscience animale) le commissaire Franck Sharko, vieux briscard du 36 quai des Orfèvres, siège de la Police Judiciaire parisienne. Personnage fort et très impliqué dans son métier, Sharko a vu sa vie sombrer 6 mois plus tôt, avec la disparition inexpliquée de sa femme Suzanne, dont il est depuis sans nouvelles.
Toujours hanté par celle-ci, le commissaire plonge dans une enquête particulièrement sordide. Le corps d'une femme atrocement mutilé dans une mise en scène défiant l'imagination a été retrouvé. Cette macabre découverte, première d'une longue série, le plongera dans les tréfonds de l'horreur, de ce que l'humain peut faire de pire. Ses pérégrinations le mèneront dans un univers glauque, mêlant BDSM, tortures, cybercrime, dark web et snuff movies.
Très inspiré d'oeuvres hollywoodiennes des 90's comme Seven ou 8 millimètres, le roman est à la fois impeccablement documenté et particulièrement noir. Thilliez va dans le fond des choses, y compris les plus sombres, n'omettant aucun détail. Et c'est bien ce côté BRUT, sans aucun filtre, qui peut choquer et ecoeurer.
La narration à la première personne amplifie l'immersion du lecteur, nous rendant prisonniers des horreurs qui sillonnent la route du commissaire Sharko, ainsi que des terribles épreuves personnelles auxquelles il est confronté.
Le roman est dans le même temps plutôt rythmé et bien ficelé. Implantée en région parisienne, l'enquête nous fera voyager au fil des pistes et avancées de la Bretagne au Tréport, sans perdre en intensité. Les personnages ne sont pas épargnés, ajoutant à la tension dramatique de l'œuvre. Et quoi qu'en disent les plus septiques, la révélation finale se tient, trouvant sa logique au gré des indices disséminés tout au long du roman.
En conclusion, Train d'enfer pour Ange rouge est un roman de qualité, bien écrit, construit et illustré. Sa noirceur et son sens très affiné du détail le rendent toutefois rude psychologiquement.
A ne pas lire si l'on est trop déprimé, angoissé ou sensible.