Il s’appelle Russel, il est agent littéraire dans une grande maison d’édition ; elle s’appelle Corrine, elle est courtière en Bourse. Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils vont probablement devenir riches. Ce sont de purs New-Yorkais qui hantent, avec leurs amis branchés, les cocktails, les vernissages et les soirées privées de Manhattan. Et comme leur vie n’est pas aussi excitante qu’ils le pensent, ils la pimentent avec un peu de sexe, de drogue et d’alcool.
Il ne peut rien leur arriver, pensent-ils.
Roman éminemment américain que celui-ci, l’Amérique de Reagan et de l’argent-roi où tous les coups sont permis pour en avoir plus encore. Tous les clichés éculés sur l’Amérique, et en particulier New-York, s’y trouvent. Vous n’apprendrez rien de neuf, sur Big Apple, que vous ne sachiez déjà.
Et pourtant, il s’opère dans le livre une certaine magie due essentiellement au couple Calloway. Ils ont beau avoir l’arrogance des riches et la futilité des snobs. Ils ont beau flotter au-dessus de la vie dans état proche de la béatitude et se prendre pour un couple princier en visite chez leurs sujets, ils dégagent quelque-chose de profondément sympathique. Même si on ne peut tout à fait compatir à leurs tourments de nantis, ils sont attachants. Mais c’est tout.
Hormis les ennuis que se créent eux-mêmes ce couple qui s’ennuie, il n’y a aucune intrigue pour retenir l’attention du lecteur sinon une suite d’aventures tragico-désopilantes – incluez-y celles des amis - qui ressemblent plus à une juxtaposition de saynètes qu’à un long (trop long) roman.
Reste que si j’en ai gardé un bon souvenir c’est par la grâce de l’auteur qui sait décrire des personnages, créer des dialogues amusants et pimenter son récit de trouvailles qui sont autant de perles qu’une manière humoristique de fixer une époque de son pays ( Woody Allen est du même quartier)
« Ils ne veulent plus changer le monde, ils veulent en être propriétaires »
« Tous les hommes, n’ont que quatre besoins : se loger, manger, baiser leur femme… et en baiser d’autres… Je ne suis pas très sûr des deux premiers, avoua Washington… »
« En définitive, dit-il, je crois que les hommes parlent aux femmes pour pouvoir coucher avec elles et que les femmes couchent avec les hommes pour pouvoir leur parler. »
« Le mariage et la sexualité, ça fait deux. On sait ça, en Europe… »
« Elle était épuisée. La lecture des magazines, c’était comme aller dans un cocktail, une série de conversations de trois minutes… »
« Les hommes sont faits de quarante pour cent de testostérone et tout le reste, c’est de la fierté »
« Ce qui nous sépare vraiment des autres animaux, c’est notre instinct d’autodestruction. »

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le 19 sept. 2018

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