Au cours des premières pages j'ai cru retrouver ce qui dans la littérature me fait vibrer : la retranscription des sensations, la narration dépouillée et percutante, et la double saveur de la nostalgie faite de douceur et d'amertume. Certains auteurs excellent dans cet art, notamment Camus. Il y avait donc pour moi dans ce bouquin une promesse. Mais la promesse ne se matérialise à aucun moment du récit.
Plus on se confronte à la narration au fil des pages, plus le style paraît confus et non maîtrisé. L'emploi d'ellipses et de sauts dans le temps en plein milieu de paragraphes desservent le récit par leur omniprésence. J'entends que ces procédés ont une valeur narrative, mais à ce niveau-là, on est plus sur du gimmick qu'autre chose. Aussi, les aphorismes et les bouts de phrases qui se veulent de bons mots tombent à plat la plupart du temps. Et c'est dommage, car, même si le sujet n'est pas super original, il y avait matière à faire un livre avec une réelle consistance.
En ce qui concerne la restitutions des odeurs, des saveurs, des expériences sensorielles en général, je concède qu'il y a effort de fait, mais pour moi c'est du sous-Jean-Claude Izzo, y compris au niveau de l'histoire qui tape dans les mêmes registres. Il ne manque presque plus que la playlist égrainée de Fabio Montale.
Pour finir, je me demande si la traduction n'est pas aussi un peu fautive. J'ai eu l'impression tout du long de lire un livre en italien. Il n'y a que peu d'égards pour la langue de destination. Peut-être est-ce la volonté de l'auteur. Mystère.
Dommage, car j'aurais aimé aimer ce livre.