Il était trois fois...

Ce livre rend compte d'une enquête qui porte sur trois actrices : Tippi Hedren, sa fille Melanie Griffith et sa petite-fille Dakota Johnson. Selon l’autrice, chacune d'elles, à un moment de sa vie, a disparu pour s’échapper.

Tippi Hedren, l’héroïne du film « Les Oiseaux » et de « Marnie » fut l’actrice et la proie d’un « gros porc » nommé Hitchcock. En 2016, Tippi Hedren a publié ses Mémoires et c’est à partir d’elles que l’autrice, Hélène Frappat, va construire une bonne partie de son récit (On pourrait presque nommer Tippi Hedren co-autrice de ce livre tellement Hélène Frappat lui prend des extraits !). Et c’est là le premier défaut de ce livre. Il y a dans « Trois femmes disparaissent » une accumulation de citations, et pas seulement des Mémoires de Tippi Hedren, mais aussi de Charles Perrault, Lucrèce, Lewis Carroll, Truman Capote, Alberto Moravia, Susan Sontag, Anton Tchekhov et j’en passe.

Le récit, fait de petits paragraphes et de nombreux sauts de ligne, multiplie les rapprochements, entre les actrices, leurs films, leurs vies, il souligne les points de convergences et les coïncidences autour de ces trois actrices et le tout finit par constituer une toile complexe où les lignes se croisent et s’entrecroisent. Et c’est là le deuxième défaut de ce livre. Le lecteur dérouté se perd dans ce tissu, le passé se mélangeant au présent, la réalité se confondant avec la fiction, les prénoms se chevauchant. Les digressions sont, elles aussi, multiples : on y croise Marilyn Monroe, Colombo, Cendrillon, Agatha Christie, et même la mouette de Tchekhov.

Gare aussi à celui ou celle qui n’a pas vu les films cités par Hélène Frappat ! Et c’est le troisième défaut du livre : impossible de s’immerger complètement dans le livre si l’on n’a pas en tête et en mémoire les images des films nommés. Pour ma part, il n’y a que les films avec Dakota Johnson que je ne connaissais pas (et l’existence même de l’actrice m’était jusqu’à ce jour inconnue).

Il est possible aussi de contredire l’autrice à propos des disparitions de ces trois femmes. D’abord Tippi Hedren a poursuivi sa carrière d’actrice après ses mauvaises aventures avec Hitchcock ; bien sûr avec moins d’éclats et moins de succès qu’avant. La disparition (des écrans cinématographiques) de Melanie Griffith est, elle, plus complète puisque celle-ci n’est plus présente que sur Instagram. Quant à Dakota Johnson, sa carrière se poursuit (moins mondialement que les « 50 nuances ») sans qu’une disparition des écrans ait été signalée…