Un sortilège pour deux

Adrien Tomas n’est pas l’auteur le plus connu du grand public, mais il est loin d’être un inconnu pour les amateurs de fantasy en France. Il a ses lecteurs fidèles, et une bibliographie déjà bien remplie, entre fantasy, steampunk et romans jeunesse. C’est un auteur qui travaille ses univers, qui propose des choses variées, et dont le nom mérite qu’on s’y arrête.

Avec Les Ultimages, il s’adresse à un public plus jeune encore que d’habitude. Une série illustrée, accessible dès l’enfance, qui conserve pourtant une certaine exigence dans la langue et une vraie richesse dans le fond. De mon côté, j’ai commencé à la lire le soir avec mon fils de six ans, et très vite, c’est devenu notre rendez-vous avec un univers qui a tout de suite fonctionné.

Alors oui, certains mots sont un peu soutenus pour un enfant de cet âge. Mais ce n’est pas un problème en soi : par exemple “besace”, ça s’explique rapidos et c’est parfait pour enrichir le vocabulaire de sa progéniture ! Sinon dans l’ensemble, c’est fluide. Et surtout, c’est prenant. Mon fils attendait chaque illustration, il se construisait les scènes avec l’image, l’histoire, et beaucoup d’enthousiasme. Pour un kiddo, c’est une très bonne porte d’entrée dans des récits un peu plus longs, plus denses, tout en restant à hauteur d’enfant.

Si on s’intéresse à l’histoire, elle suit un jeune humain plongé dans un monde de magie, sans savoir qu’il en possède lui-même. Peu à peu, il découvre qu’il est le dernier des Ultimages, capable de maîtriser plusieurs formes de magie. Le monde qu’il découvre est en crise, dirigé par un tyran, et chaque tome le voit progresser, gagner en force et en conscience, tout en enrichissant l’univers autour de lui. La narration est bien rythmée et les tomes se renouvellent sans se répéter. Et malgré un public cible plus jeune, on sent que l’auteur ne se contente pas du strict minimum : il y a des idées, des constructions de personnages solides, et quelques messages ne manquant pas de profondeur.

À titre personnel, j’ai trouvé cette série plus vivante et mieux équilibrée que Engrenages et sortilèges, un autre de ses romans en plusieurs arcs, davantage orienté ado. Ici, le ton m’a semblé plus juste, plus chaleureux aussi.

En somme, c’est une série que je recommande chaudement à tout parent lecteur, dès lors que l’enfant a l’habitude d’écouter des histoires un peu longues. Par exemple avec mon fiston, le fait qu’il ait beaucoup écouté sa boite à histoire a pas mal aidé - enfin j’imagine en tout cas ! Bon et puis c’est aussi un peu normal en même temps : on y trouve de la magie, des aventures, des combats, de la tendresse, une résistance en marche, des populations variées, des surprises, de nouveaux personnages à chaque tome. Et parfois même, en lisant à voix haute, une émotion qui monte un peu plus fort.

Si vous croisez cette série en librairie, elle vaut le détour. Et si vous ne connaissez pas encore Adrien Tomas, c’est une belle manière de découvrir son œuvre, en famille 😊