Découvert par hasard et emprunté à la médiathèque, ce court récit s'inscrit dans la lignée de "Une passion simple" d'Annie Ernaux, qu'il cite d'ailleurs au début, les deux amants allant voir son adaptation cinématographique. "Tu n'avais pas aimé. Tu avais dit : on fait mieux l'amour." De fait, le lecteur comme les personnages ont pensé à la même référence.
Le livre est succinct, rythmé par de courts chapitres qui ne s'attachent pas à une stricte chronologie. On reste dans l'esprit de l'amoureuse... comment dire ? éperdue, délaissée, libre finalement. Évitant les grandes envolées littéraires mais avec un vrai sens de la formule et de la langue, l'auteure vise plutôt la justesse des sentiments qui la traversent. Et c'est avec émotion et tendresse qu'on la suit dans ses réflexions, tentant de comprendre, de défendre et de s'accommoder d'une situation que de l'extérieur on jugerait trop vite à son détriment ou douloureuse, ce qu'elle n'est pas. L'amour, le sentiment amoureux l'emportent et restent au cœur du livre, et de son vécu. A l'arrivée la puissance évoquée de la passion et du désir justifie à lui seul le déséquilibre consenti d'un amour pas assez réciproque ou trop lointain au regard des conventions.
Le livre regorge de phrases, de pensées, d'émotions simples mais percutantes, troublantes, profondes et belles ("Sa peau et ses mots. Moi je n'ai besoin de pas grand-chose d'autre. Enfin je ne sais pas. Je ne sais pas si je me mens." - "J'aurais aimé être moi plus tôt" - "Je crois que je me trouvais belle parce que je te trouvais beau" - "Je suis l'enfant de parents tristes"...) qui donnent envie de le relire, ou mieux de l'offrir à celles ou ceux qu'on a aimés ou pas assez ou dont on aurait aimé être aimé. Un beau cadeau.