Le fil ténu de la vie qui nous échappe

Par on ne sait quel magie des mots, l’auteur nous met en contact avec cette partie de nous-même souvent insaisissable-notre vérité. Ce que nous ressentons face à la vie, ce qu’elle nous donne et ce que nous en prenons, comment nous la rêvons et comment nous arrivons péniblement à la vivre, les illusions et la lente désillusion, celle de l’Amour et des amours.
Entrer dans ce livre n’est pas chose aisée tant l’auteur nous projette derechef au cœur de l’ intimité d’une famille comme si nous la rejoignions, -pièce rapportée, d’où cette difficulté, cette gêne que l’on peut ressentir assigné au milieu d'eux. Nécessaire temps d' adaptation.
Sortir de ce livre n’est pas plus aisé, car nous les quittons avec cette sensation d’adieu déchirant, nous ne les reverrons plus, ils sont déjà loin à présent, l’auteur nous en éloigne peu à peu, comme la mort nous éloigne de la vie en venant nous saisir quelques temps à l’avance, que l'on puisse se préparer.
Salter démontre que par la seule magie de l’écriture, les souvenirs peuvent rester aussi vivants que les sensations que nous avions éprouvées alors.
Le revers de la médaille Salter, de cette écriture magnifique est qu’il faut accepter de se plonger, d’être porté par de petites notations qui peu à peu forment un ensemble, un tableau aussi cruel que la vie. Salter n’apporte pas le confort linéaire de l'histoire à rebondissements, il déroule le fil ténu de la vie qui nous échappe, la trame aussi fragile qu’un léger voile dans le ciel qui menace à tout moment de se déchirer pour sombrer dans une atroce mélancolie de bateau ivre…
Lecteur peu expérimentés ou paresseux , vous serez prévenus.