STOP !

Y réfléchir à deux fois avant de lire ce livre (dont le titre original est : A Brief History of Earth: Four Billion Years in Eight Chapters. Tout un programme).

UN LIVRE À NE PAS METTRE ENTRE TOUTES LES MAINS !

Pourquoi ? Parce que, premièrement, sa lecture n’est pas aisée, rien à voir avec un roman de gare gouleyant et, deuxièmement, il risque de déplaire aux malheureux "créationnistes" adorateurs du Livre des livres, en démontrant (sans le citer), preuve à l’appui, à quel point ce dernier a été écrit par des ignorants débitant des fables ineptes destinées à plus ignorants encore, prêts à tout gober…

En effet, l’auteur, Andrew Herbert KNOLL, en s’appuyant sur les expertises paléontologiques de nombreux sites du globe, retrace l’historique de notre planète depuis son accrétion jusqu’à nos jours en passant par l’apparition de la vie et sa lente évolution vers les tétrapodes dont nous sommes.

Mais qui est donc Andrew H. Knoll ? Et pourquoi le croire, lui ?

Parce qu’il propose quelques références qui font saliver :

Il est né en 1951 à West Reading en Pennsylvanie. Ses études lui permettent d’obtenir en 1977 un doctorat de paléontologie de l’Université Harvard. En plus d’être professeur de recherche en histoire naturelle et professeur de recherche en sciences de la Terre et des planètes à l'Université Harvard, il est membre de l'Académie nationale des sciences des États-Unis, de l'Académie américaine des arts et des sciences, de la Société américaine de philosophie et de l'Académie américaine de microbiologie, et… ? Et je vous fais grâce des nombreuses médailles et distinctions qu’il reçoit des quatre coins du monde, pour ses travaux. Un tendre amateur, quoi !

Je vais essayer de rendre compte, très succinctement, de ces quatre milliards d’années (en huit chapitres) qui nous précèdent en implorant beaucoup d‘indulgence de votre part car j’ai fréquemment été dépassé… pour plus de détails et de précisions on se reportera, bien sûr, à la lecture de l’ouvrage ! (Ou, plus modestement, aux 4000 mots de la partie sous spoiler qui prolonge ce commentaire)

Succinctement, ai-je dis ! Alors commençons avec un "feu d’artifice", il y a 13,8 milliards d’années, et une petite étoile lambda qui se forme il y 4,6 milliards d’années, dans une galaxie ordinaire, "rapidement" entourée par quelques planètes dont la Terre. Une planète océanique (beaucoup d’eau) avec des plaques continentales émergées, qui se déplacent, et une atmosphère composée principalement d’azote et de gaz carbonique. Quid de l’oxygène ? Ce sont de minuscules bactéries, capables de photosynthèse, qui ont utilisé la lumière pour transformer le gaz carbonique et l’eau en sucre en rejetant un "déchet" : l’oxygène ! Ce qui va permettre, 3 milliards d’années plus tard, de voir les animaux apparaître ! (Il y a 6 à 500 millions d’années)

Et nous, alors ?

Il se pourrait bien que ce brave Toumaï, un Australopithèque en vacances au Tchad et "vieux" de 7 millions d’années, il se pourrait bien, donc, qu’il soit un de nos arrière-arrière-grands-pères reconnu, en tous cas, il se tenait debout !

https://www.senscritique.com/livre/breve_histoire_des_origines_de_l_humanite/critique/274925149

Et puis ses descendants se sont multipliés à l’infini, ont quitté le Tchad et l’Afrique pour se répandre partout, ont appris à faire des outils, à faire du feu, à faire pousser des plantes et à élever des animaux, et puis, et puis... ils ont utilisé les énergies fossiles, le charbon, le pétrole, le gaz… libérant le gaz carbonique qui avait été stocké pendant des millions d’années, déstabilisant l’équilibre fragile qui s’était établi, menaçant tout simplement la vie sur cette planète, dans l’indifférence générale. Les autres espèces ne pouvant s’unir, pour leur survie, devant l’irresponsabilité de l’espèce humaine…

Un livre difficile, riche et passionnant, à l’issue duquel on ne voit plus la nature, les falaises et les roches de la même façon mais comme le grand livre qui nous raconte quatre milliards d’années de notre Histoire.


Tout d’abord, avec ces temps géologiques, il est bon de rappeler (une nouvelle fois) ce que représente un milliard : égrainons les secondes, il nous faudra un peu plus de 16 minutes pour en compter 1000 et onze jours et demi pour un million (sans s’arrêter) mais pour un milliard, il nous faudra plus de… trente et un ans ! Et ça devient plus concret…

« Au commencement de l’univers, la matière était composée de quarks, de leptons et de gluons. Ces particules subatomiques formaient un curieux cortège et allaient s’agréger pour former des atomes. »

Voilà de belles paroles qui font penser à la messe dite en latin devant un parterre analphabète. Qui ira chercher ce qu’est un quark, un lepton ou un gluon ?

Admettons. Pour faire court, il y 13,8 milliards d’années : le Big Bang ! (Avant ? On ne sait pas) Une méga explosion qui envoie en tous sens énergie et particules (les fameux quarks-bidules-machins). La gravitation, vous connaissez ? (Lâchez un œuf au milieu de la cuisine : il va vous faire une omelette sur les chaussures ! C’est ça la gravitation) Eh bien dès que les atomes se forment, ils s’attirent les uns les autres. En quelques centaines de milliers d’années, ils ont formé, ici et là, des tas d’atomes. Et quand je dis des tas, ce sont vraiment d’ÉNORMES TAS, formant des agrégations locales gigantesques renforçant ainsi leur force gravitationnelle « Elles se sont finalement condensées en formant des boules chaudes et denses, si chaudes et si denses que les noyaux d’hydrogène ont fusionné entre eux pour former de l’hélium, émettant ainsi de la chaleur et de la lumière : voilà comment naît une étoile. »

Il y a quelque 4,6 milliards d’années, quelque part dans le bras en spirale d’une galaxie ordinaire appelée la Voie lactée, s’est ainsi formée une jeune étoile, entourée de son disque protoplanétaire de glace, de poussières et de gaz, formant des anneaux qui allaient devenir les futures planètes du système.

En quelques dizaines de millions d’années, la plus grande partie de la roche et de la glace gravitant autour de notre soleil s’est donc agglomérée pour former les planètes. Selon certaines hypothèses, les planètes se seraient formées directement à partir d’agrégats de la taille d’un galet. Avec l’achèvement du processus d’accrétion, il ne resterait autour du Soleil qu’une centaine de corps dont la taille serait comprise entre celle de la Lune et celle de Mars. Ils seraient ensuite entrés en collision pour former les planètes du système solaire. Quelques dizaines de millions d’années après que la Terre a presque achevé son accrétion, un corps de la taille de la planète Mars est entré en collision avec elle, éjectant de la roche et des gaz dans l’espace. Une grande partie de la matière ainsi éjectée a fini par s’agréger pour former une sphère rocheuse relativement petite, emprisonnée dans une orbite permanente autour de la Terre : la Lune.

La Terre est aujourd’hui une boule rocheuse de 12 746 kilomètres de diamètre à l’équateur (une sphère un peu aplatie) avec un noyau central d’environ 1226 km de rayon (il semble qu’il y ait une confusion rayon/diamètre, dans le livre http://www2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/img.communes.pt/str.interne.terre.html ) composé principalement de fer et de nickel, entouré du noyau externe liquide d’une épaisseur de 2270 km composé à 85 % de fer à environ 4000°C et dont les mouvements de convection créent des courants électriques donnant naissance au champ magnétique terrestre. Le manteau terrestre entoure le noyau sur une épaisseur d’environ 2885 km. Il représente environ les deux tiers de la masse de la Terre, ce manteau, solide, est surtout constitué de silicates et de magnésium. Puis vient la croute terrestre représentant moins de 1% de la masse totale, comprenant la croûte continentale, constituée de quartz et de feldspath et la croûte océanique, constituée de roches basaltiques qui contiennent du feldspath mais pas de quartz.

La croûte continentale est à la fois plus épaisse et moins dense que la croûte océanique : elle « flotte » sur la croûte océanique, comme des glaçons dans une boisson fraîche (sic). On verra que ça favorise un phénomène connu sous le nom de tectonique des plaques aux lourdes conséquences.

Au fait, contrairement à une idée répandue au sujet de l’eau sur terre, qui viendrait des comètes, « leur composition chimique particulière en hydrogène suggère qu’elles ne sont à l’origine que de 10 % de l’eau sur terre au maximum. » C’est moins que ce qu’on imaginait, mais c’est important quand-même. Peut-être bien qu’il faille chercher du côté des météorites qui ont formé la Terre.

Dans la Terre primordiale, la chaleur interne aurait libéré de l’eau, de l’azote et du CO2 sous forme de gaz, formant ainsi une atmosphère chaude et dense. Par la suite, lorsque la Terre s’est refroidie, la plus grande partie de la vapeur d’eau s’est condensée sous forme liquide, formant ainsi les océans. Ce processus de dégazement ne s’est pas effectué en totalité. En effet, l’eau est présente aujourd’hui dans le manteau terrestre en plus grande quantité que dans les océans !

Durant le refroidissement et la formation de la Terre, l’impact des météorites de grande taille a peu à peu diminué. Aujourd’hui, de nombreux scientifiques estiment que depuis 4,3 à 4,2 milliards d’années, la Terre ne risque plus de subir des impacts susceptibles de vaporiser ses océans et il est remarquable de constater que « la naissance de la Terre – l’accrétion de la matière ancienne issue d’une étoile, sa fusion et l’apparition des couches structurant l’intérieur de notre planète, la formation des océans et de l’atmosphère –, tout cela a duré au plus 100 millions d’années. Il y a 4,4 milliards d’années, la Terre était déjà reconnaissable : une planète rocheuse recouverte d’eau, sous une fine couche d’air. » Un air irrespirable, sans oxygène où la vie restait encore à venir.

Et pourtant « Le sommet de l’Everest est un calcaire maritime » (John McPhee) ce que prouvent les coquilles fossilisées situées à plus de 8 km au-dessus de la mer ! L’évidence n’a pas été facile à admettre…

Et que dire de Siccar Point, ce promontoire rocheux sur la côte écossaise, à l’est d’Édimbourg, qui présente des couches horizontales de grès s’appuyant sur des couches verticales de roches érodées plus anciennes, sinon que les couches verticales ont été elles-mêmes, il y a longtemps, des couches horizontales de sédiments qui se sont accumulées les unes sur les autres sur un plancher océanique ancien et qui ont été soulevées et ont basculées dans leur position actuelle. Plus tard encore, l’érosion a arasé ces strates verticales qui ont été ensuite recouvertes par de nouveaux sédiments déposés par des rivières traversant une ancienne vallée fluviale.

Comment et pourquoi se forment les montagnes ? Comment et pourquoi des roches se soulèvent et/ou basculent ?

« La conception d’une surface terrestre mobile à l’origine de manifestations topologiques commença à être élaborée au début du XXe siècle, dans les écrits d’un météorologue allemand, Alfred Wegener (1880-1930). […] Après tout, pourquoi les continents seraient-ils immobiles, et pourquoi ne pourraient-ils pas se promener sur le globe, entrer en collision les uns avec les autres et faire émerger des chaînes de montagnes ? Les terres autrefois contiguës ont-elles été dispersées en diasporas, elles-mêmes séparées par des bassins océaniques ? »

Avec l’invention du sonar pendant la seconde guerre mondiale, en 1950, des scientifiques américains découvrirent l’existence de la dorsale médio-atlantique, une chaîne de montagnes qui traverse le plancher océanique depuis l’Atlantique nord, de l’Islande jusqu’à la pointe de la péninsule antarctique ainsi que des reliefs similaires dans les océans Pacifique, Indien et Austral.

Des prélèvements, dans l’Atlantique, ont montré qu’au fur et à mesure que l’on s’éloigne, d’un côté vers l’Europe et de l’autre vers l’Amérique du Nord, le plancher océanique est de plus en plus ancien : la nouvelle croûte océanique se forme au niveau des dorsales, augmentant de 2,5 centimètres par an la distance entre Boston et Londres. « À échelle humaine, cette lenteur semble négligeable – et ne saurait affecter nos déplacements – mais depuis 100 millions d’années, l’océan Atlantique s’est tout de même élargi de 2 500 kilomètres. L’expansion du plancher océanique permet bien d’expliquer la dérive des continents. Un nouveau paradigme, appelé la tectonique des plaques, a commencé à prendre forme. »

La surface terrestre est ainsi une mosaïque de plaques rigides qui se déplacent. Cette « lithosphère » est constituée d’une croûte s’appuyant sur un manteau solide et résistant. La moitié environ des plaques comprennent des continents qui se séparent ou qui entrent en collision. Les autres plaques sont océaniques. Les chaînes de montagne peuvent se former à l’endroit où la croûte océanique s’enfonce sous la lisière d’un continent – telle la cordillère des Andes. Elles peuvent aussi se former là où deux continents entrent en collision – l’Himalaya s’est érigé lorsque le sous-continent indien a percuté l’Asie.

Lorsqu’une plaque de subduction s’enfonce dans le manteau chaud, elle commence à fondre ; le matériau en fusion peut affleurer à la surface et constituer un volcan. La friction entre les plaques peut les immobiliser momentanément, mais la force continue exercée par la subduction fait monter la pression qui l’emporte inévitablement un jour ou l’autre sur la friction. Le mouvement des plaques reprend alors rapidement et brutalement provoquant un tremblement de terre.

Ces plaques qui se chevauchent, se déplacent et se percutent sont à l’origine de la tectonique des plaques.

« La tectonique des plaques est un modèle scientifique expliquant la dynamique globale de la lithosphère terrestre. Ce modèle théorique a été constitué à partir du concept de dérive des continents, qui fut développé par Alfred Wegener au début du XXᵉ siècle. »

(https://fr.wikipedia.org/wiki/Tectonique_des_plaques)

Mais elle n’est pas la conséquence incontournable de la formation d’une planète. Ni Mars ni Vénus, par exemple, ne montrent de traces de mouvement des plaques, récentes ou anciennes. « Sur terre néanmoins, la tectonique des plaques a commencé très tôt, installant les processus physiques qui sculptent la surface de la Terre […] La Terre est ainsi devenue davantage qu’une simple planète avec ses océans, son atmosphère, ses montagnes et ses volcans. Elle est devenue une planète capable d’accueillir la vie. »

En 2004 lorsque le véhicule Opportinity s’est posé sur Mars au fond du cratère Eagle, il a montré que les roches martiennes au fond du cratère présentaient à leur surface des ondulations qui ne se forment que par le mouvement de l’eau. Les analyses ont révélé que les grains formant les grès d’Eagle étaient essentiellement composés de sels. L’atmosphère de Mars, a donc été un jour assez humide et chaude pour accueillir de l’eau liquide. Ce qui a incité la chaîne d’information continue CNN à afficher en titre sur son site : « La planète rouge a peut-être accueilli la vie. »

Mais on est en droit de se demander : qu’est-ce que la vie ?

« La vie se caractérise donc par la croissance, la reproduction, le métabolisme et l’évolution. »

Mais on(je) est en droit aussi de laisser aux spécialistes le privilège de jongler avec des mots et des concepts qui nous(me) dépassent, tels ces acides aminés et autres protéines, nucléotides, ADN voire ARN (qui fut présenté comme la "sage-femme de la cellule"). Et, pour ce que je comprends les "spécialistes" ont diverses hypothèses sur l’apparition du vivant, allant jusqu’à l’ensemencement d’origine extraterrestre… mais aucune définitivement et irréfutablement établie.

En définitive on peut affirmer que : « Il y a 3,5 milliards d'années, la Terre était donc déjà une planète biologique. Certaines observations pourraient permettre de conclure à une présence de la vie encore plus précoce. […] La Terre a été une planète biologique durant la plus grande partie de sa longue histoire. »

Il y a 4 milliards d’années, la concentration de dioxyde de carbone atmosphérique devait être cent fois supérieure à la concentration actuelle. Elle permettait à la jeune Terre de connaître une atmosphère suffisamment chaude pour maintenir les eaux de surface dans un état liquide, constituée surtout d’azote et de CO2, de vapeur d’eau et de mélanges variables d’hydrogène, mais pas d’oxygène. Ce qui est une bonne nouvelle pour l’apparition de la vie, puisque, suite à des milliers d’expériences, nous avons appris que lorsque l’oxygène est présent, les réactions chimiques prébiotiques ne fonctionnent pas. Ainsi, la vie sur terre a émergé sous une forme peu reconnaissable pour l’œil moderne : beaucoup d’eau, peu de terre émergée ; beaucoup de CO2 mais pas d’oxygène ; de l’hydrogène et d’autres gaz émergeant de geysers dans certaines régions ; des sources chaudes partout. Une Islande à échelle mondiale.

Et l’oxygène que nous respirons alors, d’où vient-il ? Et depuis quand est-il présent ?

Certaines roches sédimentaires présentent des formations ferrifères (des minéraux ferreux). En milieu marin le fer est dissous mais pour subsister il ne doit pas y avoir d’oxygène présent, et … « Les formations ferrifères se retrouvent en grand nombre dans les bassins sédimentaires d’âge supérieur à 2,4 milliards d’années. » Depuis, leur présence a considérablement diminué. Prenons la pyrite, présente dans des roches argileuses anciennes et dans certaines roches magmatiques, la pyrite est très sensible à l’oxydation. Dans un environnement humide et riche en oxygène, la pyrite s’oxydera pour former du sulfate, cette forme de soufre constitutif du gypse. Lorsque nous examinons les grès déposés sur les littoraux antérieurs à 2,4 milliards d’années, nous retrouvons des grains de pyrite qui sont non oxydés. Dans les successions sédimentaires âgées de moins de 2,4 milliards d’années, nous retrouvons rarement ces grains de pyrite. Ah !

Vous l’avez compris, l’oxygène de l’air commence à vraiment à se faire remarquer il y 2,4 milliards d’années. D’où vient-il ?

Dans notre monde familier, les plantes puisent l’énergie et le carbone via la photosynthèse, exploitant l’énergie de la lumière pour former un sucre à partir du dioxyde de carbone et de l’eau, émettant de l’oxygène comme un sous-produit.

« Sous sa forme simplifiée, l'équation de la photosynthèse est la suivante :

Énergie (du soleil) + CO2 + H2O → CH2O (sucre) + O2

Les animaux (et les plantes) respirent en effectuant la réaction inverse. Ils ingèrent des molécules organiques pour s’alimenter et font réagir certaines d’entre elles avec de l’oxygène pour produire de l’énergie :

CH2O (sucre) + O2 → CO2 + H2O + énergie (chimique) »

Ainsi, le carbone et l’oxygène sont recyclés entre les organismes et l’environnement.

Mais l’observation des micro-organismes vivant aujourd’hui nous permet de bien comprendre comment la vie a pu subsister durant des milliards d’années sur une planète dépourvue d’oxygène. Sur la Terre primordiale, diverses sortes de bactéries et d’archées (1) peuplaient les terres et les mers, recyclant le carbone, le fer, le soufre et d’autres éléments.

Alors pourquoi notre planète a-t-elle si profondément changé il y a 2,4 milliards d’années ? Il n’existe pas à ce jour de consensus scientifique sur la manière dont s’est apparu. Tous admettent que l’oxygène de l’air que nous respirons existe grâce à la vie. Le seul processus capable d’oxygéner l’atmosphère de notre planète est la photosynthèse qui produit de l’oxygène : l’eau fournit les électrons, et l’oxygène est émis comme produit dérivé. La Grande Oxydation a été un événement révolutionnaire. Les cyanobactéries (3), les seules bactéries capables d’une photosynthèse produisant de l’oxygène, ont été les héroïnes de cette révolution. Ce qui semble simple est en fait compliqué !

En effet, « la simple existence de la photosynthèse effectuée par les cyanobactéries n’a pas été suffisante pour provoquer un changement planétaire. L’oxygène dans l’atmosphère et dans les océans s’est accumulé de façon significative seulement lorsque le taux d’émission de l’oxygène par les cyanobactéries a excédé le taux d’absorption des processus physique et biologique. » Il est probable que la totalité de l’oxygène gazeux généré par les premières cyanobactéries ait été absorbée par les gaz volcaniques et l’altération des minéraux.

Mais bien que ses concentrations soient modestes, l’oxygène a toutefois offert à la vie de nouvelles possibilités. De manière générale, la respiration qui consomme de l’oxygène a un rendement énergétique bien supérieur à la respiration sans oxygène ou à la fermentation. De nouvelles cellules sont apparues. Ce sont les eucaryotes (2). Contrairement aux bactéries, elles ont un système interne de construction de molécules très dynamique et des membranes qui permettent à leurs cellules d’atteindre une taille importante et de prendre de nombreuses formes variées. Ce qui leur donne des moyens de subsistance inconnus des bactéries en général, en particulier l’ingestion de petites particules de nourriture, comme d’autres cellules par exemple. Ainsi, grâce à la prédation, les cellules eucaryotes ont complexifié les écosystèmes. Et de nouvelles manières de communiquer entre les cellules ont ouvert la voie aux organismes pluricellulaires complexes.

« Les eucaryotes sont bel et bien les descendants de la Grande Oxydation. »

Avec un peu de patience, il faut attendre plus de 3 milliards d’années après l’apparition de la vie pour voir l’âge des animaux commencer ! Enfin, quand on dit "animaux"… il faut entendre "organismes multi-cellulaires", des fossiles étranges apparaissent, sans bouches, ni membres, ni poumon, ni système digestif… âgés de quelque 6 à 500 millions d’années… de proches parents ! Aux doux noms évocateurs de Dickinsonia et autres Arborea… (animal ou colonie d’animaux ?)

Quant aux plantes, la biologie montre clairement « que les plantes terrestres sont les descendantes des algues vertes vivant dans les eaux douces » et pour mieux s’adapter aux conditions de vie terrestre, on découvre qu’il y a plus de 400 millions d’années les plantes terrestres vivaient déjà en association étroite avec les champignons, en échangeant de la nourriture contre des nutriments !

Bon, les arbres sortent de l’eau… et nous, les tétrapodes ?

Je sens que vous allez sortir de votre tiroir ce bon vieux Cœlacanthe de nos grands-mères ! Allez, j’ai mieux à vous offrir : le Tiktaalik ! Qu’est-ce que c’est que cette bête ? Un poisson ou un tétrapode ? Une drôle de bête en tous cas, vue d’ici, âgé de 375 millions d’années, il a un corps de poisson, une tête de crocodile, ses nageoires sont celles d’un sarcoptérygien (comme le cœlacanthe), avec des modifications osseuses faisant penser à un coude ou à un poignet. Il respire avec des branchies mais certains éléments du crâne laissent supposer que Tiktaalik pouvait respirer avec des poumons. « Si Tiktaalik était encore un animal aquatique, il était probablement capable de se mouvoir et de se soutenir dans des eaux peu profondes jouxtant sans doute la terre ferme, en utilisant ses nageoires en forme de pattes. Il était également capable de respirer et de saisir des proies avec ses mâchoires. »

Les premiers vertébrés terrestres étaient des prédateurs. En 50 millions d’années, la diversité des tétrapodes a fini par inclure des carnivores et des herbivores répartis entre des amphibiens et des amniotes qui comprend aujourd’hui les reptiles, les oiseaux, les tortues et les mammifères. Lorsque les écosystèmes terrestres ont trouvé une nouvelle vigueur au Mésozoïque (266-252 millions d’années), les vertébrés et la végétation ont acquis un aspect plus actuel. Les arbres et les arbustes dominants étaient les conifères, les ginkgos et d’autres plantes à graines. Quant aux plantes à fleurs, qui dominent la plupart des écosystèmes terrestres actuels, elles se sont diversifiées seulement à la fin du Mésozoïque et leurs premiers fossiles n’ont pas plus de 140 Ma.

La diversité de la faune s’est développée au cours du Cambrien (-541/-485 Ma) et de l’Ordovicien (-485/-444 Ma) avant de s’effondrer à la fin de l’Ordovicien. Elle a ensuite rebondi pour retomber une fois encore à la fin du Dévonien (-359 Ma), pour réitérer ce cycle à trois reprises, dont une fois à la fin du Crétacé (-66 Ma). En tout et pour tout, le biote de la Terre a subi cinq extinctions de masse depuis 500 millions d’années, avec une demi-douzaine d’épisodes de moindre ampleur.

Le point commun entre toutes ces extinctions de masse est leur rapidité. Le rythme du changement environnemental est aussi important à considérer que sa magnitude. Lorsque le changement environnemental est lent, les populations peuvent s’adapter aux circonstances. Lorsqu’il est rapide, l’adaptation peut être difficile, laissant comme seul choix la migration ou… l’extinction.

« Ces derniers millions d’années, le climat de la Terre a alterné entre un froid glacial et une chaleur interglaciaire durant des intervalles d’environ 100 000 ans. Cette alternance est déterminée par les oscillations régulières comme un métronome de l’orbite de la Terre autour du Soleil. »

Parmi les mythes qui se colportent, l’auteur cite celui de Prométhée et d’Épiméthée, deux titans qui attribuèrent des dons aux animaux pour leur survie. Les humains, malheureusement, furent les derniers servis, il ne restait que des miettes. Prométhée est alors arrivé : « Reconnaissant l’urgence de doter les humains du nécessaire pour leur survie dans le vaste monde, il leur donna le langage, le feu et la technologie – des biens dérobés aux dieux. » Et c’est ainsi que les humains ont commencé à se différencier du reste du règne animal, imposant progressivement son empreinte à la surface du globe. Ainsi, il y 11 000 ans environ, dans un croissant qui comprend Israël, la Jordanie, la Turquie et l’Irak, lieu de naissance de l’agriculture, les humains ont appris à cultiver et à récolter les figues, l’avoine, les pois chiches et les lentilles. En un millier d’années seulement, moutons, chèvres, porcs et vaches ont été domestiqués !

« Que vous ayez vécu à l’époque du Christ ou mille années plus tard, votre mode de vie et votre impact sur notre planète auraient été très similaires. La population humaine mondiale est restée stationnaire durant cet intervalle, autour de 200 millions d’habitants. Mais lorsque les humains ont appris à exploiter les ressources énergétiques sous leurs pieds, la taille de la population humaine, ses innovations technologiques et son impact environnemental ont explosé. En moins de deux siècles, nous sommes passés du cheval et de la vapeur à l’essence et au kérosène. La population humaine a atteint le milliard autour de 1800, les deux milliards dès 1930 et les quatre milliards en 1975. Nous sommes bien partis pour achever un autre doublement dans les dix ans à venir. Non seulement la population a augmenté, mais l’empreinte écologique par personne s’est également considérablement accrue. Si l’extraction des combustibles fossiles existe depuis le XIXe siècle, leur utilisation a presque décuplé depuis la Deuxième Guerre mondiale. »

La nature dérègle le climat avec les volcans mais les humains ne sont pas en reste. Ils ont introduit de nouveaux mécanismes puissants : la combustion des énergies fossiles et la déforestation. La combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel formés sur des centaines de millions d’années rejette aujourd’hui leur carbone dans l’atmosphère à un rythme faramineux. « Ainsi donc, la teneur en dioxyde de carbone augmente constamment dans l’air autour de nous. »

En 1958, Charles David Keeling a commencé à mesurer la composition de l’atmosphère avec un relevé toutes les heures dans une station au sommet du Mauna Loa à Hawaï. « Lorsque Keeling a commencé, l’air contenait 316 parties par million (ppm) de dioxyde de carbone. En mai 2020, il avait atteint 417 ppm, soit une valeur présente sur terre il y a… plus de 3 millions d’années. En l’absence de changement social profond, les 500 ppm seront atteintes au milieu de ce siècle. L’atmosphère ressemblera alors davantage à celle du monde chaud antérieur à la dernière glaciation. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Courbe_de_Keeling

Y-a-t’il quelque chose à ajouter ?

(1) Archées : La taille et la forme des archées sont généralement semblables à celles des bactéries. En dépit de ces similitudes visuelles avec les bactéries, les archées s'en distinguent par certains caractères biochimiques, comme la constitution de la membrane cellulaire. De plus, elles présentent des gènes et des voies métaboliques semblables à ceux rencontrés chez les eucaryotes (2), notamment les enzymes impliquées dans le mécanisme de réplication de l'ADN, la transcription et la traduction. Les archées utilisent une plus grande variété de sources d'énergie que les eucaryotes. Les archées se reproduisent de manière asexuée et se divisent par fission binaire, fragmentation ou bourgeonnement. (Wiki)

(2) Les eucaryotes sont un domaine regroupant tous les organismes, unicellulaires ou multicellulaires, dont les cellules se caractérisent par la présence d'un noyau et généralement d'organites spécialisés dans la respiration, en particulier mitochondries chez les aérobies mais aussi hydrogénosomes chez certains anaérobies. On le distingue classiquement des deux autres domaines ou règnes que sont les bactéries et les archées. Les eucaryotes peuvent se reproduire de manière sexuée (par méiose et fusion de gamètes) ou non (par mitose). (Wiki)

(3) Les cyanobactéries, malgré une éventuelle ressemblance, ne sont pas des algues : ce sont bien des bactéries, alors que les algues sont des eucaryotes. Ce sont le plus souvent des formes filamenteuses de consistance éventuellement gluante, dont le plus grand nombre est microscopique. Elles peuvent prendre diverses couleurs. Ces couleurs viennent des pigments et sont réunis dans les phycobilisomes, complexes collecteurs d'énergie lumineuse de l'appareil photosynthétique. Ces oxyphotobactéries réalisent la photosynthèse oxygénique et peuvent donc transformer l'énergie solaire en énergie chimique utilisable par la cellule en fixant le dioxyde de carbone (CO2) et en libérant du dioxygène (O2). Pour en savoir plus, lire le passionnant article Wiki : https://fr.wikipedia.org/wiki/Cyanobacteriota


Philou33
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le 29 août 2025

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