De la douceur, toujours de la douceur
Un récit autobiographique pour le moins émouvant et très humain, où l’écriture toujours belle et simple de Simone de Beauvoir décrit la lente et douloureuse agonie d’une mère et de son désir encore ardent de vivre, ainsi que ses derniers instants auprès de ses deux filles qui tentent d’alléger ses souffrances et renouent ainsi des liens quelque peu usés par des années de distance.
Un livre qui malgré sa brièveté traite de tous ces sujets sensibles autour du thème de la mort : les réactions toutes différentes face à la perte d’un proche, la vieillesse, l’euthanasie, l’acharnement de la médecine artificielle, les regrets, les moments d’une vie sur lesquels on ne reviendra pas. La mort qu’on redoute, qu’on affronte, qu’on accueille parfois…
Simone de Beauvoir dépeint surtout avec beaucoup de tendresse et une certaine lucidité les liens unissant mère et fille; ces relations qui se construisent parfois sur des différences et des non-dits, mais qui conservent cependant une attache plus forte qu’on ne le pense, et dont on ne prend pleinement conscience que lorsqu'il est trop tard.
« Quand quelqu'un de cher disparaît, nous payons de mille regrets poignants la faute de survivre. Sa mort nous découvre sa singularité unique; il devient vaste comme le monde que son absence anéantit pour lui, que sa présence faisait exister tout entier; il nous semble qu'il aurait du tenir plus de place dans notre vie : à la limite toute la place. Nous nous arrachons à ce vertige : il n'était qu'un individu parmi d'autres. »