Normandie, sexisme et poésie.

Maupassant faisait pour moi partie de ces écrivains Français classiques qui restaient à découvrir. C'est en fouillant dans une boite à livre que je suis tombé sur "Une vie". Le résumé me faisait plutôt envie : La Normandie, le détail d'une vie tranquille, la perspective d'une femme du XIXème siècle et une jolie plume.

Oui mais voilà, nous sommes en 2018 et, bien que ce fut globalement accepté à l'époque, j'ai beaucoup de mal avec des écrits du genre :

"Il ne comprenait pas ces énervements de femme, les secousses de ces êtres vibrants affolés d'un rien, qu'un enthousiasme remue comme une catastrophe, qu'une sensation insaisissable révolutionne, affole de joie ou désespère.".

En somme le personnage de Jeanne, l'héroïne, est dépeint comme une femme faible, subissant la vie et en proie à de perpétuelles émotions qui changent drastiquement d'un paragraphe à l'autre. Elle est régulièrement mise en opposition face à ces femmes de la campagne qui sont-elles fortes, déterminées mais souvent traitées avec dédain. Ainsi, on constate régulièrement une opposition entre la bourgeoisie raffinée et le peuple inculte par le biais de la Femme qui semble restreinte à deux personnalités.

Pourtant, en arrivant à se replacer sur le contexte de l'œuvre et en faisant abstraction de ces "détails", Une Vie reste une belle lecture. La description de la campagne Normande mais aussi des ressentis des personnages est touchante, de surcroit crédible. Maupassant mérite ici sa réputation par la maitrise du récit et la poésie de ses mots qui arrivent à insuffler une âme à l'histoire, véhiculant de sincères émotions.