Vernon Subutex c'est un ancien disquaire. Et même que c'est un type cool. Tout le monde l'aime bien le Vernon. Dans son magasin, il fréquentait plein de mecs cools. Des artistes, des pseudos artistes, des groupies. Bref tout le gratin du rock'n'roll des années 80.


Et pis Vernon, il a été rattrapé par la modernité. C'est con ce truc-là, qui rend obsolètes les belles choses du passé comme les vinyles. Ce qu'est vraiment con, c'est que le Vernon a pas vu venir le come-back du vinyle. Enfin, on va pas se mentir, y a pas grand-chose qu'il voit venir le Vernon.


Bref, son joli magasin de disques à côté de République il ferme. Et Vernon il a bien les boules. Faudrait qu'il se trouve un job, mais il a les boules. Il se laisse vivre. Il a raison, car tous ses copains, eux, ils meurent. Alors dans ce contexte, se laisser vivre c'est peut-être pas si con.


Alors, il accumule les dettes. Il s'isole parce qu'il peut payer ni restau, ni bar. Il périclite. Il taxe du pognon à son pote devenu star du rock. Un chic type, beau gosse, talentueux, engagé. Du vrai rockeur. Pas un connard venu pour faire de la télé. Nan, le Alex c'est un vrai puriste. Il aime les drogues c'est pas pour la fête. C'est pour calmer sa vraie névrose de rockeur ! Ouais, Alex le mec super cool entretient son poto Vernon. Et pis Alex il meurt aussi et Vernon est bien dans la merde. Tellement qu'il se retrouve à la rue, un nouveau clodo. Il va alors chercher sur Facebook des vieux potes pour l'héberger. Et commence ainsi l'épopée parisienne de Vernon Subutex.


Alors la 4e de couverture, elle se demande qui est Vernon ? Bah c'est un prétexte. Un prétexte pour balancer une galerie de portraits acerbes sur ces enculés du vieux rock'n'roll qui lui ont tourné le dos pour devenir des petites crottes capitalistes. Et leur degré de dégueulasserie dépend directement de l'importance de leur compte en banque. Ouais pardon, je me suis planté, c'est pas une galerie de portraits, c'est une belle série de clichés.


C'est engagé en vrai. Les traders c'est des bâtards. Les mecs de droite aussi. Et je vous parle même pas des pouffes de droites, elles c'est les pires. Les ex-stars du X, c'est des artistes, faut les respecter. En plus, elles ont du cœur. Les épouses, elles sont méfiantes, aigries et coincées du cul. Les pauvres et les clodos, ils sont libres. Et sympa. Ils jugent pas Vernon eux. Ils l'aident. Et même qu'ils attendent rien de lui. Eux c'est les vrais mecs cools de notre temps.


Bon, moi j'aime bien le discours anticapitaliste. J'aime bien qu'on dénonce l'inhumanité de la société, mais là c'est poussif. Et puis, ça n'a pas de sens tous ces portraits, ça mène nulle part. Y a pas de vrais personnages, aucune profondeur, rien du tout. C'est comme un survol en hélico de ce que la capitale contient de quadra/quinqua déchu.


Alors, ça se lit bien. L'écriture brute, sèche de Despentes, ça donne un rythme à un bouquin où il ne se passe pas grand-chose. Et puis, cette balade dans Paris, elle est plutôt sympa. Un genre de guide touristique un peu trash avec la liste des connards à éviter. Et putain, ils sont nombreux !

Felin-Sceptique
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le 25 juil. 2018

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Felin-Sceptique

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