Dans un futur proche, la peur gouverne les Etats-Unis. Si dans la série de films American Nightmare cette peur se concrétise lors d’une nuit cathartique lors de laquelle toutes les violences sont permises, Vigilance propose une émission de télévision comme palliatif. « Et là où il y avait peur, il y avait des armes à feu. » Mathématiquement, une augmentation des armes à feu conduit à une hausse des fusillades de masse. Par un mécanisme intelligent que nous vous laisserons découvrir, les fusillades de masse vues comme des spectacles sont alors monétisées et deviennent des spectacles à part entière sur le petit écran. John McDean, responsable du programme Vigilance, s’arrache les cheveux à quelques heures du lancement : il doit calibrer les publicités de ses annonceurs pour qu’elles correspondent le plus à sa Personne Idéale, tout en retenant un lieu de fusillade captivant envahi par une foule de victimes potentielles et de trois tueurs sur le ban de la société.


Vigilance se présente alors comme un excellent roman de science-fiction dystopique. Deux histoires se croisent, celle de John McDean, et celle de Delyna, serveuse dans un bar bondé alors que les clients espèrent qu’une Vigilance aura bien lieu ce soir. Si Vigilance se révèle si convaincant, c’est par son analyse des leviers de communication et du marketing, enfants d’un capitalisme libéral poussé à bout, qui cherchent à maintenir à tout prix les spectateurs scotchés à leur écran. Publicités ciblées, recours à l’Intelligence artificielle, violence hypnotique, tout est fait pour que la fameuse Personne Idéale ne zappe pas, engrangeant des revenus pour les annonceurs. En 165 pages, Andrew Jackson Bennett arrive à faire ressentir cette attraction malsaine qui anime férocement les téléspectateurs. Une Vigilance va avoir lieu : mais on ne sait pas quand, et on ne sait pas où. La menace pèse, chaque Américain se baladant avec une arme, juste « au cas où ». A la fois western et novella de science-fiction, jeu vidéo et film de guerre, Vigilance se présente comme un fort moment de lecture.

JulienCoquet
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le 20 oct. 2020

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Julien Coquet

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