Vipère au poing
6.8
Vipère au poing

livre de Hervé Bazin (1948)

Un livre écrit dans un français absolument superbe, traduisant à merveille une progression, un basculement, inédit et sans équivalent dans la littérature, de son narrateur à travers un monde fait de cruauté, de haine mutuelle, de colère intérieur.
C'est le récit d'un affrontement, plus que contre une mère, contre soit même. C'est la métamorphose du fils qui se reconnaîtra, petit à petit, dans un visage qu'il haï, et qui fera paradoxalement sa fierté. Ainsi la dernière phrase, magnifique et triomphante, du roman, semble sonner comme la fin temporaire d'un combat qui est parti d'une personne pour devenir un combat contre chaque chose du monde, tenu par cet être devenu misanthrope et détestable, puisque ce fut sa seule solution. Bazin orchestre une histoire qui échappe à tout les genres, qui n'appartient qu'à lui, vivant par les mots la colère d'une enfance gâchée, que le monde des adultes aura - hélas ! - accueilli avec la plus grande des considérations. C'est le triste et métaphorique constat - plus que message - du livre, son regard impuissant sur ces vipères agiles, prêtes à pourrir la vie de leurs enfants puisque les êtres vivants sont après tout nés pour cela, qui serpentent loin devant eux sur le chemin du destin, là pour les mordre à moindre écart, et surveiller, avant tout, la naissance d'écailles semblables aux siennes sur leur peau, qui sera, ou deviendra, à jamais, celles des vipères elles-mêmes.
B-Lyndon
7
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le 5 mai 2013

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B-Lyndon

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