Dès la première page, l’auteur a la grande amabilité de nous prévenir : ce livre ne sera qu’une vague pièce de théâtre travelotée en roman : « À mes amis nord-coréens, ce petit livre qui prendrait avantageusement vie sur la scène ». Pourquoi ce subterfuge ? Sans doute car écrire « théâtre » sur la jaquette est infiniment moins vendeur que « roman ». Et ce n’est pas un roman : 72 pages de textes, écrit gros, c’est une nouvelle. Non, ce n’est même pas une pièce de théâtre travelotée en nouvelle : c’est la retranscription d’un dialogue. Il n’y a ni scène, ni didascalies, ni rien qui rappelle le théâtre. Mais écrire « nouvelle » ou « dialogue » est infiniment moins vendeur que « roman ». Vendre, vendre, vendre.
Il faut être honnête, le dialogue se lit plutôt bien, sans être face à une œuvre marquante, à peine une œuvre en réalité, le rythme est maîtrisé. Cependant, le personnage du préposé aux visas n’est absolument pas crédible : il s’agit d’un Yann Moix vaguement coréanisé (raciste, anti-américain, prenant son leader pour un dieu vivant), qui se rapproche très souvent de la caricature raciste en ponctuant ses paroles de formules asiatisantes : « Quand on fait rôtir un hibou, la chouette a la migraine. » « La galette perd son froment quand le ciel perd des étoiles. » etc. Je vous laisse juger du degré de racisme.
Bon, expédions, ne nous éternisons pas ici, nous avons mieux à faire que de parler de ce livre, comme regarder les aiguilles d’une horloge ou attendre un coup de fil face à un téléphone débranché.