Insolence, provocation et cynisme. Il faut avoir bien du talent pour faire tenir debout un roman, tout en nous égayant, avec de tels ingrédients. Bien entendu, il y a de l'humour dans Wonderfuck mais il est permis de le trouver le plus souvent graveleux et parfois incompréhensible (le livre a dû être une torture à traduire de l'anglais). Cette nuit dans un centre d'appels, destiné aux touristes en souffrance, nous devons la passer avec le dénommé Jimmie, un garçon en surpoids, aux ascendances italiennes, dont les préoccupations sont principalement sentimentalo-sexuelles y compris à destination de ses collègues, de nationalités diverses, ce qui nous vaut quelques clichés assez lourds sur les peuples représentés. Le roman tangue entre pensées scatologiques et pornographiques, entrecoupées de dialogues lunaires avec des clients peu amènes, renvoyés le plus souvent dans leurs 22 mètres par un Jimmie à l'humeur constamment chafouine. On voit bien où l'autrice, Katharina Volckmer, après Jewish Cock (elle a décidément l'art de trouver des titres "délicats"), veut en venir, à savoir montrer l'inhumanité des centres d'appels, comme symboles de notre société capitaliste et partant, de nous sensibiliser à la solitude et au mal-être de son héros rebelle aux codes en vigueur. Le sujet de Wonderfuck aurait pu convenir à ses visées mais la vulgarité et l'agressivité de l'ensemble servent plutôt de repoussoir et les dernières pages, censées susciter de l'empathie pour ce satané Jimmie, viennent bien trop tard, le mal est fait depuis longtemps.

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le 2 mars 2024

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