J’étais persuadé qu’elle viendrait. Une fête pendant les vacances, dans une maison seule, sans adulte pour nous observer… J’étais persuadé qu’elle viendrait.
Les parents de Pompon possédaient une bourrine dans le bocage, inhabité depuis des années. Depuis que Pompon était en âge de rouler en mobylette, il squattait la maison régulièrement, sous prétexte d’entretien. C’était un lieu idéal pour nous, sa bande, pour nous retrouver et, évidemment, c’était chez Pompon que nous organisions les fêtes.
Celle-ci promettait d’être dantesque : cela faisait des semaines que nous l’organisions, Raoul, David et moi. Raoul et moi voulions faire la cuisine : un plat vendéen au feu de bois, des mogettes, et – va savoir pourquoi – des champignons à la grecque. La fête promettait vraiment d’être belle : il y avait tout ce qu’il fallait, un peu d’alcool bien sûr, du shit, c’était certain, des lumières, une cheminée, de la musique. Une p***** de belle fête.
Moi, j’attendais Riri. Cela faisait des semaines que je l’attendais, que j’essayais de me rapprocher d’elle. J’étais évidemment bien trop timide pour dévoiler davantage mes intentions. J’étais persuadé que, lors de cette soirée, j’allais trouver le courage de lui révéler les sentiments qui me tourmentaient depuis des mois.
Les potes arrivèrent, les bras chargés de bouteilles. La fête pouvait commencer. Des cercles se formèrent et la piste de danse ne désemplissait pas au rythme des tubes du moment. Raoul, David et moi formions notre cercle, un triangle, à l’écart, pour fumer un pétard.
Et elle arriva, à pied, par l’allée, après tout le monde, telle une reine. J’abandonnai mes complices pour débarrasser le manteau de Riri. Qu’est-ce qu’elle sentait bon… je fus instantanément enivré.
— « J’ai besoin d’un verre... mais pas du gin. » Ne buvant pas, je ne connaissais pas la carte de la soirée.
— « Téquila ! Téq’Paf !... Tu me suis ? » Jusqu’au bout du monde, Riri.
Une, deux teq’Paf, et la voix de Jim Kerr résonna dans la pièce. Les claviers et la batterie l’accompagnaient.
— « Alive and kicking », dit-elle dans un anglais parfait.
Elle me tira par la manche pour m’entraîner au centre de la piste. Sa robe, même si elle ne me semblait pas de saison, mettait délicieusement son corps en valeur. Riri était vraiment canon.
La musique se déchaîna, et Riri se lança dans une chorégraphie hypnotique. Mon cœur battait la chamade tandis que j’esquissais timidement des mouvements. Mes yeux ne pouvaient quitter le visage de Riri : j’étais sous le charme, j’étais amoureux. Je savais qu’il faudrait que je lui dise maintenant.
Oh, alive and kicking
Stay until your love is, love is, alive and kicking...
Et le morceau se termina.
Aujourd’hui encore, quarante ans plus tard, lorsque le morceau de Simple Minds passe, je retourne dans cette magnifique fête perdue dans le bocage vendéen.
On peut poursuivre cette aventure en lisant ma critique de the lovecats