Rage animale...

Korn se démarque de la masse à plusieurs niveaux. Il a aussi ouvert la voie à bon nombres de groupe empruntant le style numetal s'établissant donc comme un précurseur du mouvement. Le principal élément qui le distingue demeure, selon moi, une certaine folie assumée. Pour le profane, on pourrait interpréter cette déconnexion comme des grognements. Pourtant, pour celui qui carbure un tant soit peu à l'agressivité, c'est une invitation à serrer les dents.

C'est d'ailleurs ici que le courant passe entre le groupe et moi. Depuis, quelques années, j'ai réussi à moduler ma colère. Je suis devenu plus impassible qu'agressif et ce changement profite non seulement à moi car moins exigeant pour la tête. Et aux alentours avec qui j'avais parfois maille à partir ( allergie chronique à l'imbécilité). Ceci dit.. Il y a limitation à ce paysage bucolique car en chassant le naturel, inévitablement, il reviendra au galop. Ainsi, il m'est impératif de garder intacte la formule actuelle. En tenant compte de ces considérations, tout le monde il est content et les abeilles butinent les fleurs à leurs grés. Dans le cas contraire, ça ne va pas tellement bien...

Par exemple, tout ce qui touche le sevrage doit impérativement être contrôlé minutieusement afin de ne pas en ressentir les symptômes. J'ai essayé, à quelques reprises, l'abandon de la nicotine. Mauvaise idée. Il est préférable que je meurs de cette habitude que d'arrêter de fumer. On dit parfois que l'on pourrait tuer dans certaines circonstances. Mon système,lui, ne fait aucune distinction entre les circonstances. Si on me fait chier, je pourrais tuer. Honnêtement. Sans rire. La vie dégénère lorsque je suis en sevrage à un tel niveau de violence que la plupart suggère de reprendre l'addiction en question. Je pourrais frapper, planter, couper, et à la limite, je pourrais mordre. Ce qui m'amène à la chanson...

L'énergie de Korn a une saveur particulière à l'écoute. On note aussi une texture originale concernant la basse( accordée différemment laissant une impression de chaîne en métal ). A prime abord, on se dit que le chanteur n'a rien pour surprendre, un peu nasillard à la limite. Toutefois, pour faire le lien avec ce qui précède, on remarque qu'il tombe en sevrage lui aussi durant certains passages. C'est de cette folie dont il était question plus haut. Une fois la distortion lancée ainsi que sa capacité à grogner ( 2m30 environ) tel un chien enragé, on obtient un mélange à la fois excentrique et colérique. Cette pièce les a d'ailleurs lancé dans la sphère du métal à vitesse grand V. Puis, comme par magie, le public les a adoptés faisant d'eux un incontournable.

Fait à noter surprenant, le chanteur, durant une entrevue, indiquait qu'il avait choisi la musique et ce style en particulier pour contrecarrer un complexe du trop bon gars. Or, en se servant de cette agressivité refoulée, il a réussi à inverser les rôles dans sa vie. Catharsis dichotomique, ressembler aux méchants pour éloigner les méchants.

C'est donc par identification que je clos cette critique. Je réalise que ça me ressemble beaucoup et que, oui, j'ai une certaine folie qui m'habite . Suffit de ne pas la réveiller...