C’est la première chanson des Pink Floyd que j’ai entendue. J’étais enfant, et elle accompagnait un spectacle de marionnettes fait maison, monté par ma famille. Je ne comprenais pas encore les mots, ni les silences, ni même ce qu’était vraiment la musique. Mais ce jour-là, quelque chose a vibré. Une sorte de mystère lent, profond, qui s’étirait comme une brume lumineuse. C’était Shine On You Crazy Diamond.

Avec le recul, je comprends mieux la puissance de ce morceau. C’est une longue traversée, une ode funèbre et douce, adressée à Syd Barrett, l’âme perdue du groupe. Tout commence dans un silence épais, où les notes de guitare apparaissent comme des éclats lointains. Gilmour ne joue pas, il parle avec ses cordes.
Chaque note semble suspendue, pesée, presque sacrée. Les synthés enveloppent l’espace, comme une mer noire, et quand la voix de Waters arrive, presque timide, c’est comme un appel au fantôme.

Ce morceau, c’est du temps pur. Il ne cherche pas à séduire, ni à impressionner. Il laisse respirer, il laisse pleurer. Il est lent parce qu’il est sincère. Pink Floyd prend le risque de l’épure, du silence, du flou. Et c’est justement dans cette lenteur que naît l’émotion. Une émotion qui, même à travers les yeux d’une enfant, a réussi à passer.

Aujourd’hui encore, je ne peux pas écouter cette chanson sans penser à cette première fois. À la lumière douce, aux marionnettes maladroites, à ma famille réunie. Shine On You Crazy Diamond, c’est la beauté d’un hommage, d’une absence, d’un lien invisible. C’est la preuve qu’une chanson peut faire bien plus que s’écouter : elle peut s’imprimer dans la mémoire comme une sensation d’éternité.

ambrasser
10
Écrit par

Créée

le 27 mai 2025

Critique lue 16 fois

ambrasser

Écrit par

Critique lue 16 fois

D'autres avis sur Shine On You Crazy Diamond, Parts 1–5

Shine On You Crazy Diamond, Parts 1–5
clemt_sre
10

"Remember when you where young..." ou comment j'étais dans l'ignorance.

Shine On You Crazy Diamond, c'est simple, c'est le titre musical qui m'a le plus bouleversé dans ma (courte) vie. Avant d'avoir écouté Shine On, j'étais dans la parfaite ignorance de ce qu'était la...

le 10 juil. 2020

5 j'aime

1

Du même critique

Stalker
ambrasser
10

Tarkovski m’a laissée seule, et c’était nécessaire

Stalker, c’est un film que je n’oublierai pas. Pas parce qu’il impressionne, mais parce qu’il remue quelque chose de profond. Il ne cherche pas à plaire, ni à tout expliquer. Il prend son temps, il...

le 28 mai 2025

Odezenne en concert au Zénith de Paris
ambrasser
10

Le concert qui m’habite encore

Ce live-là, c’est pas juste un concert enregistré, c’est une empreinte. Odezenne au Zénith de Paris, c’est un album qui respire, qui tremble, qui vit et qui, personnellement, est devenu une part de...

le 28 mai 2025

Bouche à lèvres
ambrasser
10

Cette chanson qui fait mal pour mieux rester

Bouche à lèvre, c’est pas juste une chanson pour moi. C’est une claque douce, une lame fine qu’on ne sent pas tout de suite, mais qui laisse une trace profonde. La première fois que je l’ai écoutée,...

le 27 mai 2025