Solitude...

Je dois l'avouer. J'ai l'esprit romantique tout autant que dramatique. Ce qui signifie qu'en ajoutant l'hypersensibilité à l'équation, on arrive au résultat suivant. Une larme va couler sur ma joue et j'y reviendrai périodiquement afin de me faire mal. Masochiste certainement, toutefois, la beauté qui s'en dégage incite à la répétition. Et l'histoire n'a même pas besoin d'être mienne pour me toucher. Elle peut ressembler à celle d'un proche et la conclusion sera la même...

Dans ce cas-ci, cependant, il existe une part personnelle sans équivoque titillant le contexte du dernier départ. On comprend à demi mot qu'il y a eu rupture et, comme je flirte parfois avec le morbide, je me l'approprie en y ajoutant du gris ( drame). D'ailleurs, c'est bien lorsque le chanteur évoque son départ que le frisson m'atteint. Le mélange de douceur indescriptible que l'on mélange au texte arrive à toucher la cible même à répétition. Une mélancolie addictive, une jolie tristesse, un au revoir voilé, un questionnement légitime sur l'amour qui vient et qui s'en va...

Bien qu'il y ait en toile de fond un amour perdu, ce qui me rentre dedans est beaucoup plus l'idée du départ. Lorsqu'une personne vit seule, parfois, les proches se questionnent sur sa vie solitaire. On imagine parfois le pire ( triste, vulnérable, recroquevillée...) et parfois le beau ( liberté, paix, calme...). Pour comprendre, il faut le vivre. Comme c'est le cas en ce qui me concerne, le plus dur est loin d'être le fait d'être seul. Il s'agit plutôt de ne pas être attendu, quelques fois, par une personne qui nous aime. Il n'y a pas ce petit repas préparé exclusivement pour soi. Il n'y a pas de chaleur humaine lorsqu'on se met au lit. Pas non plus ces mots doux qui donneront le goût de se réveiller le lendemain sachant que cette douceur réapparaîtra afin de nous inciter à recommencer. Sans dire qu'on en a rien à foutre d'aller crever, on devient lentement un fantôme errant entre demeurer pour ceux qu'on aime et partir en vrille puisque les attaches s'éloignent peu à peu. C'est d'ailleurs pour cette triste raison que je maintiens étroit le lien avec mon père. Il comprend ce que j'explique ici puisque non seulement il vit seul comme moi, qui plus est, il a vécu la chanson bien plus profondément que ce que mon cas suppose. Je demeure convaincu que tant et aussi longtemps que ce lien, même minime perdure, l'espoir , le souffle de vie arrive à donner la force de continuer. Dans le cas contraire, n'ayant pratiquement plus de présence autour, la fin approche. Pas par désir d'en finir. Parce qu'il n'y a plus personne pour arroser la fleur. Ni de soleil pour espérer croître encore un peu...

Alors, "si je m'en allais demain, sans prévenir personne", y aurait-il quelqu'un sur mon chemin pour m'accompagner? La question fait peur à prime abord. Car bien que je puisse faire ma vie en solo et même que je puisse n'avoir aucune crainte de la mort, le départ, lui, demeure mystérieux et intimidant. Pire encore, de savoir ( ou pas) que ces instants sont les derniers où l'on verra les êtres aimés créera une angoisse de séparation à cet instant. Or, en ce qui me concerne, ce n'est pas aujourd'hui que je nécessite la présence d'un être cher. J'y arrive. Maladroitement, un peu de manière paumé, mélancolique à la limite. Mais...

Si je m'en allais demain

Y aurait-il une personne

Pour me tenir la main

Si l'horloge sonne...