The End
8.8
The End

Morceau de The Doors ()

« This is the end… » Le sommeil de Martin Sheen est agité. Des hélicoptères survolent la brousse… se posent… des soldats courent... Napalm, peur, fuite… Les pales du brasseur d’air peinent à ventiler la case… Napalm, terreur, Viêt-Cong… Martin et Jim nous entrainent dans une descente du fleuve qui débouchera, deux heures plus tard, sur « l’horreur » ultime.


This is the end, beautiful friend
This is the end, my only friend, the end


Vous avez reconnu l’inoubliable et interminable ouverture d’Apocalypse Now.


https://www.youtube.com/watch?v=JSUIQgEVDM4


À plusieurs reprises, les Doors semblent s’arrêter, quand Jim Morrison relance… Douze minutes fascinantes, portées par la voix grave de Jim Morrison. Quelle peut être cette « fin » ?


L’écriture du morceau (1967) est antérieure au film de F. F. Coppola. Jim autorise toutes les interprétations : « Je ne sais pas vraiment ce que j'essayais de dire. Cela a commencé comme une simple chanson d'adieu. Probablement à une fille mais cela pourrait être aussi un adieu à une sorte d'enfance. Je ne sais pas vraiment. »


Ride the snake, ride the snake
To the lake, the ancient lake, baby
The snake is long, seven miles
(…)
The blue bus is callin' us, the blue bus is callin' us
Driver, where you taken us


Le serpent et la drogue évoquent le shamanisme, passion ancienne de Jim. Le surprenant « bus bleu » emportait les jeunes à la plage. Plus explicite, le passage œdipien « Father / Yes son ? / I want to kill you / Mother / I want to fuck you » fut rarement chanté sur scène, mais est bien présent sur l’album.


La voix de ce poète cynique et arrogant, libertaire et chaotique, érudit et révolté, demeure inimitable et fascinante par l’étendue de son registre. Elle sait, tour à tour, se faire :
- virile et menaçante, des graves que n’aurait pas désavouées son amiral de père ;
- languissante, éthérée ou mélancolique ;
- criarde, éraillée et enragée ;
- supplique incantatoire.


Je ne me lasse pas d’écouter Jim, à la recherche de ma propre interprétation de ce standard du rock. Comment qualifier ces tonalités orientales et psychédéliques, ce rythme syncopé, ce travail sur les assonances : « the end, the hand, the land… » Sa voix envoutante me poursuit chaque nuit, à quel dieu obscur s’adresse-t-elle ? Shaman Jim, vers quelle transe vaudou nous mènes-tu ?

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le 8 juil. 2018

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Step de Boisse

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