Les douleurs qui affligent le plus sont souvent les plus silencieuses. Certains cachent bien leurs jeux et font offices de bons vivants tellement ils transpirent la bonne humeur ou encore deviennent célèbres et adulés. Puis, on apprend un beau matin qu'il s'est lancé en bas du 114e étage d'un building. Robin Williams me vient en tête, Chester Bennington ou encore Kurt Cobain. On ne connait pas toujours ce qui existe à l'intérieur d'une tête. Et les apparences demeurent trompeuses car la personne qui exprime son mal-être à moins de chance de finir avec la corde au coup que celui qui se tait. Le simple fait de sortir le méchant peut aider à coup sûr à sauver sa propre vie. Comme je le paraphrase souvent, chaque chose suppose son contraire. Mais ici, dans cette chanson, il n'y a aucune place au doute. Ça fait mal...


D'ordinaire, Orbit Culture utilise une voix d'outre tombe exposant 8594 et un son outrageusement lourd. Pourtant, dans ce cas ci, on met l'accent uniquement sur la voix. Différente. Très éraillée, puissante mais contenue jusqu'au moment final où le cri pratiquement primal inspire une souffrance évidente. L'atmosphère qui règne n'a évidemment rien de joyeux mais arrive tout de même à nous hypnotiser, comme subjugué par une douleur partagée entre celui qui souffre et celui qui comprend la souffrance et ce, uniquement vocalement. Comme cette approche est rare, il y a d'autant plus d'intérêt pour l'auditeur hanté par un questionnement immédiat. Qu'est donc le mal qui le ronge...


Silence : il demeure important de parler de ce qui nous tourmente. Le fait d'exprimer l'émotion agit comme une catharsis car on sort le mauvais et cette sortie peut permettre de trouver une solution à même les mots expulsés. Le fait d'être écouté permet de se sentir épaulé et enlève une partie du poids de la solitude ressentie ou vécue. Le danger provient plutôt d'un silence prolongé. On dit souvent pas de nouvelles, bonnes nouvelles. Ça peut expliquer certaines réalités pourtant dans certains cas, le fait d'être muet s'avère un appel à l'aide malgré le non-dit. D'autant plus qu'on peut souvent avoir devant nous un acteur qui tient à préserver une fierté personnelle. On vous dira alors que ça va avec un simulacre de sourire. Bon nombre de gens craignent le jugement. Il leur apparaîtra préférable de faire semblant afin d'éviter celui-ci. Cependant, il y a un mutisme plus dangereux qui existe lorsque ce dernier se présente comme un abandon. Plus rien à foutre du bla bla environnant, le désintérêt supprime l'envie de parler. Même qu'on voit les autres discuter et cet échange devient cacophonique. On préfère fermer sa gueule et idéalement, on aimerait que chacun fasse de même. Plus de sujet inspirant, pas de bien-être dans l'expulsion, ce silence représente un vide profond comme une caverne dans laquelle on s'est enfoncé pour ne jamais revenir...


Deuil : De loin la pire douleur que de perdre un proche. Néanmoins, il existe un deuil encore plus sournois. Le deuil de soi-même. Lentement, une vilaine sensation d'inutilité apparaît dans l'esprit. Quoique l'on dise, quoique l'on fasse, la flamme s'est éteinte en dedans et la vision des choses se change en perdition certaine. Face à un danger, par exemple, aucune peur, aucune réaction ne se produit. À la limite, on en est soulagé . L'adrénaline ne fait même plus ce pour quoi elle a été conçu ( fuir, défense...) car le système à fait le choix d'accueillir la faucheuse en son cœur. L'indifférence reste totale malgré ce qu'il y a de beau autour. Le coeur est déjà parti, la tête cherche à comprendre, le corps ressent la contradiction. Erreur 404, il n'y a plus d'abonné au numéro composé. L'enveloppe demeure par automatisme mais le système a buggé. Mémoire interne insuffisante pour vouloir connaître la suite, déjà mort en dedans.


Colère : En revenant chez soi le soir, on ne retrouve plus le petit moment de paix, de plaisir, de détente qui existait auparavant. À la place, on voit de la laideur. Le dilemme entre tout améliorer ou s'en battre les couilles bouillonne dans la tête puisque, de toute évidence, on ne sera plus là dans quelque temps. Pourquoi chercher à mettre un vase sur un tas de merde. On démolirait volontiers tout ce qui se trouve à proximité mais le peu de bon sens qui reste effectué le calcul des dommages. Alors, on se retient et devient enragé de cette rétention. Dormir fait chier puisqu'on se réveillera, se réveiller fait chier car le même cirque recommence inlassablement. On cherche les échappatoires comme un chercheur d'or qui ne trouve rien et une fois le pansement disponible, il n'apporte rien d'autre qu'une anticipation fataliste d'un après ressemblant à la même merde qu'avant. La lassitude se fait chronique, la fatigue exaspère, le lendemain est de trop, le jour même s'étire en longueur, plus rien à chier. On se violente le cœur à coup de scénario où l'on disparaît pour de bon. Si la vie est un plat, elle n'a plus aucune saveur. Regard vide, cœur fissuré...


Voilà ce que m'inspire la piste. La souffrance qui en découle se reconnaît aisément pour celui qui éprouve une douleur similaire. Je comprends qu'il s'agit d'une chanson, créée artistiquement et qu'on doit savoir faire la part des choses. Seulement, les artistes ont réussi à transmettre cette déchirure musicalement. Déchirure prend tout son sens du fait qu'il y a toujours un avant, où l'on pouvait encore espérer le beau, le bon, le vrai. Malheureusement, quelque chose a tué cet espoir et on broie du noir au lieu de vivre. Instinctivement, lorsque je me sens de cette manière, le réflexe d'écriture se présente pour vidanger le pus qui a élu domicile à l'intérieur de mes veines. Alors de deux chose l'une. Quand une envie de sauter devant un train apparaît, je n'ai d'autre choix que décrire. Car sans cette écriture...


Je serais déjà mort.



Créée

il y a 6 jours

Critique lue 9 fois

2 j'aime

1 commentaire

Johnny B

Écrit par

Critique lue 9 fois

2
1

Du même critique

Countdown to Extinction
Jean-francoisBohémie
9

Le meilleur....

J'ai du respect pour Megadeth et Dave Mustaine. Tête dure, il décide de former un groupe après son éviction de Metallica et réussit à perdurer à travers le temps en s'incluant ,avec raison, dans le...

le 14 mars 2016

12 j'aime

12

Emperor of Sand
Jean-francoisBohémie
8

Trompeur...

Mastodon ! Nom de groupe imposant et annonçant quelque chose de lourd me semblait-il. Et pourtant ça n'a rien de particulièrement agressif comme je m'y attendais. Au contraire, on se trouve dans un...

le 2 avr. 2017

11 j'aime

6

The Sacrament of Sin
Jean-francoisBohémie
8

Le meilleur...

Powerwolf est différent. Il n'est pas un heavy symphonique comme les autre. Il réussit à entrer. Dans la psyché. S'y faire une place et s'intégrer dans le voyage. Il devient le copain accompagnateur...

le 4 août 2018

9 j'aime