Une saignée, mais certainement pas une purge.

La première question que je me suis posée après le premier ep de 13 Reasons Why c'est : "trouve une raison pour laquelle t'as lancé cette série". Clairement, a la fin des deux premières heures, on nage en pleine teenage story du cliché lycée américain. Sauf qu'y a un truc pas cool dans l'affaire. Une gamine s'est suicidée, et à voir les tronches que tirent la plupart des élèves, c'est pas la fiesta à l'école. Hannah est (était) une jeune fille plutot jolie, du genre cool mais pas forcément populaire. Une fille comme n'importe quelle autre fille, et pourtant. Elle a quand même fini par se foutre en l'air.

On va donc suivre Clay, l'intello plutôt cool mais pas trop, timide mais pas trop et assez mal en point après le décès de - on le comprend bien vite - l'élue de son coeur qui a pris soin de laisser 13 cassettes sur lesquelles elle explique son geste. Alors la tout le monde se demande : comment ils vont s'y prendre pour faire de 13 cassettes audio une saison entière sans nous prendre le choux avec des passages longs et inutiles? Mon ressenti sur la question est mitigé. Au début, c'est clairement chiant. On nous vend un pseudo mystère, un mec bizzare qui suit Clay en mustang le soir, lui affirmant qu'il va en prendre aussi pour son grade dans l'histoire, et d'autres suspenses du genre dont on se serait clairement passés. Mais au delà de tout ça, on se prend vite à la mise en scène alternant flashbacks et présent. Les scènes sont parfaitement accordées et les passages des souvenirs au présent sont intelligemment utilisés. C'est le schéma qui va rythmer chaque épisode, et c'est plutôt bien foutu.

Au delà de ça, on commence à découvrir chaque personnage. Je regrette le manque de fond et de développement des protagonistes de second plan qui vont pourtant nous suivre pendant 13 heures. Chacun a son tort et son lot de remords (ou pas), et c'est tout. Ils ne serviront qu'a comploter toute la série pour sauver leur peau et éviter que tout le monde apprenne ce qu'ils ont fait.

En fait, la vraie raison pour laquelle 13 Reasons Why est une réussite, c'est pour son sujet, et la manière dont il est traité. Malgrès les apparences, il n'y a aucun filtre. Le harcèlement sexuel à l'école est un vrai problème, et on en parle ici ouvertement, quitte à montrer des scènes gênantes ou choquantes. J'avais tendance a penser au début qu'ils allaient nous la mettre à l'envers, à nous faire revenir Hannah avec un final tiré par les cheveux, mais non. Elle est bel et bien morte, et j'ai vite commencé a le regretter au même titre que ses potes.

J'ai souvent ressenti un malaise pendant que j'enchainais les épisodes, et c'est délibérément l'effet recherché. J'étais plongé dans l'enfer que peut vivre l'entourage dans un cas pareil, et j'me suis surpris à m'indigner devant l'absence de réaction face aux appels à l'aide d'Hannah. Je pense justement que c'est là qu'est la différence entre quelqu'un qui va accrocher à 13 Reasons Why et celui qui va détester : si on arrive à rentrer dans l'ambiance que propose la série, on n'en ressort pas indemne et si certains se demandent si la série vaut le coup d'aller au bout : oui, sans contestation. Au contraire si vous n'arrivez pas à voir autre chose qu'une enième série débile en milieu lycéen après 5 ou 6 épisodes, alors vous pouvez stopper le visionnage et passer votre route.

+1 aussi pour l'absence de manichéisme. Ici tout le monde est à sa façon responsable, y compris la principale concernée. D'un côté, elle l'a cherché ou n'a pas fait les bons choix, et la série ne le nie pas. Personne ne s'acharne à nous faire croire que la belle est une pauvre petite victime de son sort. L'innoncence n'existe pas, ou plus. Sacré adolescence.

Alors en dépit d'un suspense pourri qu'on nous vend comme "Clay a fait un truc horrible", de protagonistes secondaires loin d'être intéressants et d'une ambiance mystérieuse inutile, 13 Reasons Why est un show intéréssant, car destiné à tout les publics malgrès une mise en scène ultra explicite. La série ouvre la portes a un débat plus que d'actualité à l'heure ou le harcèlement passe les portes des écoles par le biais des réseaux sociaux et d'internet. Ca c'est la conclusion indéniable.

L'autre raison (plus personelle) pour laquelle le show est une reussite réside dans le fait que malgrès des airs de teenage romance, 13 Reasons Why a parfaitement reussi à toucher ma corde sensible via une love story foutue en l'air, et à mettre en place un mécanisme complexe qui est devenu extrèmement rare de nos jours : la catharsis.