BOSS
7.6
BOSS

Série Starz (2011)

Tom Kane, maire de Chicago, vient d'apprendre qu'il est atteint d'une maladie dégénérative et incurable. Cette terrible nouvelle tombe à un moment charnière : l'élection du gouverneur de l'Illinois.

Plongée vertigineuse dans le monde de la politique américaine, difficile de dire si l'intérêt de Boss réside davantage dans l'exploration passionnante du milieu, ou la véritable tragédie humaine qu'elle met en scène. C'est très certainement dans sa capacité à saisir les interpénétrations entre les deux, qui sans tomber dans le cynisme du "tous pourris" d'un côté ni dans la complaisance de l'autre, parvient à donner une profondeur bienvenue en s'engouffrant dans la dualité risquée mais nécessaire de l'homme face à sa fonction. Par conséquent, à l'instar de Breaking Bad, c'est véritablement une série de personnages, et donc d'acteurs, et cela devient très intéressant dès lors qu'on prend en considération que la politique est sans doute après le cinéma — et peut être même devant — le théâtre privilégié de la dramaturgie. Une mise en abyme qu'offre forcément un sujet comme la politique, mais qu'il convenait d'appréhender avec suffisamment de modestie et de subtilité, ce que Boss réussit.

Façades, illusions, mensonges, Boss intègre et se construit autour du scepticisme à l'égard de la politique en privilégiant, sans doute abusivement mais aussi parce que c'est ce qui est finalement le plus intéressant, son pendant officieux. Kelsey Grammer crève littéralement l'écran, sans pour autant effacer des seconds rôles qui, moins creusés tout de même, justifient d'épisode en épisode leur place, leurs objectifs. Car tout est de l'ordre de l'échiquier dans Boss : chacun sa place, sa capacité d'agir, ses limites, ses influences. Un tableau complexe mais dont la cohérence résiste à toutes critiques. En huit épisodes, dont la gestion narrative a de quoi laisser admiratif, Boss prend le parti de ne pas se satisfaire des enjeux politiques pur, mais d'extraire le drame humain caché derrière, et dont on comprend la puissance au gré des résurgences d'un passé que Safinia sait distiller avec une patience qui confine à la maestria dans sa manière de préparer le climax du pénultième épisode.

Contemplative, sans les dérives arty qu'on pouvait craindre avec la présence de Gus Van Sant, Boss témoigne d'une vrai "force tranquille" qui n'a rien à voir avec le fait qu'un homme de pouvoir cache sa maladie, hum.
Heisenberg
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes et Les meilleures séries avec un anti-héros

Créée

le 20 mars 2012

Modifiée

le 1 sept. 2012

Critique lue 728 fois

5 j'aime

Heisenberg

Écrit par

Critique lue 728 fois

5

D'autres avis sur BOSS

BOSS
yavin
9

Tête de liste

Sur le papier (partons du principe selon lequel Farhad Safinia écrit ses histoires sur du papier) Boss a tout de la promesse impossible à tenir un peu comme quand on affirme que l'on va aller péter...

le 28 déc. 2011

25 j'aime

4

BOSS
Hypérion
7

Kelsey Grammer, le patron

Série politique résolument ambitieuse, "Boss", intrinsèquement excellente pour sa première saison, échoue pour le moment à mon humble avis à rejoindre le panthéon des séries d'exception dites...

le 2 juil. 2012

13 j'aime

BOSS
S_Plissken
9

Ils ont eu ta peau !

Kelsey Grammer est le maire de Chicago au parcours plus que réussi si l'on tient compte de sa position et de son pouvoir. Il a tissé depuis des lustres son réseau d'influence, a tiré parti des...

le 26 nov. 2012

6 j'aime

Du même critique

Community
Heisenberg
10

"Totally Meta"

Dire que Community s'apprécie proportionnellement au degré de connaissance de la culture populaire américaine est partiellement faux. S'il est indéniable que le fonctionnement ultra-référentiel de la...

le 4 janv. 2012

188 j'aime

14

The Infamous
Heisenberg
10

"They shook 'cause ain't no such things as halfway crooks"

C'est peut être dur à imaginer, mais Mobb Deep n'a pas toujours eu la renommée qu'on leur connait actuellement. En effet, leur premier album Juvenile Hell, où Havoc arbore une faucille sur la...

le 4 févr. 2012

102 j'aime

8

The Master
Heisenberg
9

Complexes deux types

The Master, et c'est l'apanage des grands films tels que je les perçois, cache derrière sa perfection esthétique, sa classe et sa mise en scène d'une précision horlogère, des tournures narratives un...

le 5 déc. 2012

95 j'aime

16