Baron Noir. S01 & 02
Le problème de cette série, c'est que si les dialogues techniques, visiblement bien documentés, sonnent justes et mettent en évidence les rouages passionnants du fonctionnement de notre système politique, le reste a été écrit à la truelle. Et le plaisir du spectateur va reposer largement sur les acteurs, qui ne disposent pas tous du même talent pour nous les faire avaler. En gros, Kad Mérad trimballe sa mine réjouie et ses bonnes joues avec une bonhommie qui te fait presque tout passer alors que l'air emprunté, constipé presque, d'Anna Mouglalis te donne envie d'aller voir dans le frigo si t'as pas autre chose à y faire.
Reste un didactisme particulièrement enthousiaste qui fait plaisir à voir. Non seulement les intrigues de basse cour qui animent les personnages sont passionnantes dans leur aspect trivial et dans ce qu'elles renvoient à notre véritable actualité, non seulement on sent les auteurs trépigner de plaisir devant leurs acteurs qui débitent des dialogues dont l'aspect technique les poussent parfois vers l'abstraction, mais en plus les personnages passent leur temps à résumer ou synthétiser de manière ludique ce qui passe, afin d'être sûrs que le spectateur étourdi ait bien tout saisi des tenants et aboutissants. C'est là pour moi sa principale réussite, son approche assez inédite de la vie de son élu PS, député maire de Dunkerque, et d'en faire un sujet aussi romanesque qu'historiquement passionnant. Le fait que la première saison s'articule autour de la chute du personnage joué par Merad offre de plus un écrin sympathique à la chronique des jeux de pouvoirs, un enjeu cool à suivre, et justifie qu'on resserre progressivement l'intérêt sur lui, en alternant la description quasi documentaire de nos institutions avec cette intrigue de thriller.
Le soucis de la saison 2, c'est que la dimension "thriller" est balayé par un choix, certes audacieux, mais qui manque un peu de substance. Après avoir essayé de sauver sa tête, le "Baron Noir" tente de réaliser... "l'union de la gauche".
Alors Kad Mérad arrivera t'il à réconcilier l'aile gauche et l'aile droite du parti, parviendra t'il à force de coups à 3 bandes à faire échouer le nouvel ordre qui semble vouloir imposer un gouvernement centriste à la France ?! Qui va rafler la mise ? Le FN ou le Front de Gauche ?!
On ne peut pas nier l'audace de ces choix scénaristiques radicaux, sauf qu'ils s'appuient sur des dialogues de plus en plus misérables interprétés par des acteurs pas toujours convaincants. Mouglalis en tête. L'aspect documentaire vire parfois à la gaudriole pure et on quitte le "film dossier" pour l'adaptation live des Guignols. Comment ne pas surpouffer lorsque la meuf de l'aile gauche du PS évoque la mairie de Barcelone remportée par les "Indignatos" espagnols...
En conclusion, la réussite de cette série est parfois plombée de défauts rigolos, mais on aurait tort de bouder notre plaisir, c'est pas tous les jours qu'on voit une telle proposition.