CHROMA
8.5
CHROMA

Émission Web Dailymotion (2016)

Critique complète de la série (parce qu'elle le vaut bien)


Episode 1 : « Troll 2 »



Le plus : Gaguesque ; en cela, les reproches que j’ai vu ça et là que, justement, il y en avait trop, sont justifiés, mais en même temps, pour débuter une série qui soumettaient leur créateur à la fois à une forte pression (due au succès dingue de leur crowfodding) et à leur manque de confiance en eux en général (palpable lorsqu’ils parlent de leur travail), il fallait un premier épisode plus accrocheur et facile d’accès que les autres. Il y avait une certaine attente, pulsée par les retrouvailles, qui devait être comblée dès le départ, afin de se tourner ensuite vers d’autres chemins moins confortables. En cela, je suis d’accord pour dire que cet épisode vient directement de Crossed, mais vraiment pas les autres…
L’épisode : Toujours construit comme un exposé (introduction contextuelle, récit de l’histoire, analyse à la fois du scénario et de ses coulisses, soldées cette fois-ci d’une leçon de cinéma –qui, s’assemblant, crée le propos de la série entière), il est formidablement écrit. Cette curiosité magnifique qu’est « Troll 2 » est ici décortiqué avec un humour fin, et surtout une bienveillance certaine envers un réalisateur qui n’avait, de toute évidence, aucune intention de bâclage dans son travail. En terme de mise en scène et de montage, avec ces néons devenus si caractéristiques et notre Karim Debbache qui doit s’arrêter de parler grand max 2 mn sur les 22, le rythme efface tout risque d’ennui, portée de plus par des choix musicaux toujours aussi jouissifs et ses deux compères qui sont exactement dans le même délire que lui. Ce n’est pas l’épisode le plus profond, ce n’était pas sa vocation, mais comme introduction de série Internet exigeante, il a pris les bons choix pour que cela se fasse, comme ils le disent si amicalement, à la cool.
La fiction : il ne vous aura pas échappé à quel point la fiction de cette série est brumeuse. Le trio d’enfants terribles voulait que ce soit le spectateur qui recompose le puzzle… OK je veux bien, il n’empêche que cette intro n’a de sens qu’en connaissant l’épisode de « Gremlins », et hormis son dernier plan, n’est pas vraiment réalisé avec beaucoup de panache. Par contre, voir Jérémy Morvan avoir peur de tentacules fait toujours sourire.



Episode 2 : « Rollerball »



Le plus : Technique ; plus que sur n’importe quel épisode des deux séries, Debbache parle montage (notamment celui d’abstraction), techniques de mise en scène ou astuces de scénariste. C’est pas non plus un cours de cinéma hein, mais le cas de ce film charcuté étant tout particulièrement dans les défauts formels normalement invalides dans les films professionnels, le choix de ce remake en est particulièrement pertinent. En tout cas moins facile qu’un « Cinéman » par exemple. Anecdote que Karim Debbache a racontée dans les bonus des commentaires (qui sont cool la plupart du temps, malgré l’amateurisme de l’enregistrement - !-) : John Mc Tiernan l’aurait appelé en personne pour le remercier au sujet de son traitement.
L’épisode : si l’humour est moins efficace (et moins présent donc), il y gagne en approfondissement intellectuel. Certes, je lis ça et là que le propos de l’épisode ne va pas plus loin que l’éternelle histoire des studios castrateurs de créateurs, ce qui peut sembler presque malvenu en parlant d’un remake, mais le propos va vraiment plus loin que ça : Debbache questionne les audaces de montage même, son rôle au sein d’un récit dystopique (puisqu’il est obligé d’avoir une relation temporelle particulière entre les événements), et souhaite également réhabiliter John Mc Tiernan aux yeux de son public. N’oublions pas que tout le public de Chroma n’est pas forcément cinéphile, certains sont juste curieux et veulent en savoir plus sur les films, le tout en s’amusant. Et c’est Twingo.
La fiction : intro sympathique comme tout (normal c’est Jérémy), avec un petit accent de diversité comme on les aime. C’est davantage la fin, où l’équipe met en scène le récit oral d’une blague originellement racontée à Morvan, qui donne le sourire. Par contre, je n’ai jamais trouvé le lien de cet extrait avec les autres séquences fictives, et Wikipédia non plus…



Episode 3 : « Highlander 2 »



Le plus : Mieux, selon moi ; les dosages d’humour, de pertinence, d’analyse, d’amusement, de réflexion, d’intelligence, de mise en scène, de jeux de lumières et de technique sonore sont parfaitement maîtrisés ici. Déjà que mon gag préféré de « Crossed » est lié à Christophe Lambert, à croire que cet acteur incroyable est leur véritable trèfle à 4 feuillets.
L’épisode : en retraçant ce pourquoi « Highlander 2 » ne peut pas exister à cause de son reniement de la diégèse du 1 (alors qu'aujourd’hui, la plupart des suites sont au contraire écrasées par l’influence de leur prédécesseur), l’équipe nous explique à quel point rien ne doit être laissé au hasard lorsque l’on raconte une histoire. Décortiquant le cas de cette suite atypique, ce sont des leçons concernant les Arts en général qui en ressort, avec un humour qui dépote et des extraits parfaitement choisis, notamment cette fin qui défie les lois de la ringardise des années 80, alors que ce film n’est pas sorti dans les années 80. Notons que Zeist est devenu un équivalent du « Ta gueule c’est magique » pour moi mais en plus rigolo, et que le plan où Jérémy Morvan fait du vélo et qui doit bien durer 5 secondes a nécessité un voyage de plusieurs jours dans la vraie ville de Zeist… En bref, épisode totalement réussi pour moi !
La fiction : ici, c’est Kamel Debbiche, fidèle sidekik toi-même tu sais, qui anime l’émission. Si cela n’influence rien dans les propos, cela influence le fond colorimétrique, qui devient ici rouge alors que pour son alter-égo le fond est bleu, reflet d’une réflexion de Debbache à propos d’un changement de couleur signifiant dans le film susnommé. L’intro, avec cette partie d’échecs où on apprend des anecdotes diverses tout comme on cite enfin Batman, est une chouette mise en bouche. Mais la fin est carrément géniale, Hugo Jouxtel faisant son retour sur une musique de « L’Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » ! Gags, acting, lien avec Crossed, sauce tomate, on doit être enthousiaste.



Episode 4 : « Signes »



Le plus : Réfléchi ; certainement l’épisode le plus populaire, en faisant débattre Karim Debbache et Kamel Debbiche, l’équipe confronte le premier avis du présentateur avant qu’un ami lycéen lui expose une nouvelle vision de l’œuvre, plus pacifique et critique sur la paranoïa Américaine. L’argumentaire en a impressionné plus d’un, dont moi, qui n’avait pas du tout vu les choses ainsi. Sauf l’eau. Là j’ai pas été convaincu, et j’ai toujours pas compris la raison du pourquoi. Sur celui-ci, les acolytes de Debbache sont cependant vraiment mis de côté, malgré un plan What The Fuckesque tout en exquisité.
L’épisode : la structure habituelle comme un exposé, que j’expliquais plus tôt, est ici comme démultipliée (deux visions étant défendues) et les arguments scénarisés. Notamment via une petite histoire parabolique avec un télescope provoquant une aberration réfectoire. C’est ce qui donne à l’épisode un caractère vraiment singulier, et notamment vraiment personnel. Un défi également de construire des dialogues, échangés à soi-même, sans risquer de prendre la tête du spectateur. Mais le défi est réussi, grâce à un sound-design toujours aussi propre, ce qui est peu commun dans les séries Net. Merci Gilles Stella, mon modèle de polyvalence !
La fiction : faire rencontrer le plus célèbre duo schizophrénique de JeuxVidéo.com n’est pas si aisé. Le pari est réussi (le questionnaire est par ailleurs proposé sur le Neurchi de Chroma/Crossed !), et le choix de montrer des jeux vidéo rétro est un sympathique clin d’œil aux amis de JDG, contre lesquels Debbache a dû faire une pause pour travailler sur cette série. Là aussi, le fait que les lumières se baladent entre le rouge et le bleu, mais qu’il soit éclairé de façon naturelle lorsqu’il parle avec un Jérémy Morvan perruqué, laisse pensif.



Episode 5 : « Paranormal Activity »



Le plus : Simple ; j’entends par simple que la fiction prend beaucoup plus de place que sur les autres épisodes, et que le propos est beaucoup moins signifiant que d’habitude (en somme : le cinéma est l’art du mouvement, donc le found-fontage a le droit d’être considéré comme un genre à part entière, malgré ses décérébrations). La raison a notamment été évoquée par l’équipe dans leurs commentaires, puisqu’ils avaient évoqué la possibilité de parler de la saga entière tellement il y avait peu à dire… D’accord, mais pourquoi en avoir parlé alors ? Après 3 épisodes tellement riches et constructifs, cela produit un relâchement d’intérêt culturel. Surtout qu’en terme de Z qui aide, la saga n’a pas grand-chose d’instructif…
L’épisode : ici, une séquence fictive alterne avec les analyses du film d’horreur très bas-de-gamme, ce qui produit bien sûr un rapprochement en forme de clin d’œil. Pour ce qui est du côté documentaire de l’épisode, la réal très professionnelle et la passion toujours galvanisante du trio emporte le spectateur, notamment avec le retour des vannes en grandes pompes –et très réussies par ailleurs, le coup du Diablotin faisant tomber les clés m’arrachant un gros sourire à chaque fois. Par contre, comme dit précédemment, ça pisse beaucoup moins loin que ceux d’avant…
La fiction : Festival Jérémy Morvan. Une véritable star, balançant punchlines infantiles et adorables, le genre de mec que tout le monde veut inviter à une soirée Loup-Garou. Sur la séquence finale, Debbache se lâche en montage alterné, et crée une véritable tension mystérieuse. Il finit sur un clin d’œil à « L’invasion des profanateurs de sépultures », qui semble avoir considérablement influencé les vidéastes. Pour la première fois (et unique), ces parties fictives sont le principal intérêt de l’épisode.



Episode 6 : « Mac et Moi »



Le plus : conceptuel ; tous les mots « grossiers » étant censurés, en écho à l’autocensure du film dû à ses placements de marque à faire pâlir Black M. C’est également celui que l’équipe apprécie le moins, Debbache déclarant même qu’en y réfléchissant, il trouvait le film de plus en plus nul et dispensable. Saviez-vous qu’ils voulaient consacrer un épisode à « Naissance d’une Nation » ? Assurément, cela aurait été davantage passionnant !
L’épisode : clairement le moins bon. Ici, on additionne propos très simple (les placements de produits sont des aides, s’ils ne servent pas aussi explicitement un mode de pensée régressant) et discours déjà entendu. Malgré que Debbache reste Debbache, et donc reste clair sur sa subjectivité autant que sur son ouverture d’esprit prêt à tous les grands écarts, il ne parvient pas cette fois-ci à donner un quelconque intérêt à un film dicté plutôt que pensé, branlé plutôt que réalisé. La qualité des gags, elle, alterne. J’avoue que le moment « contre-point de la mort qui tue sa maman au sécateur », avec Gilles Stella chantant du gros son bien variétoche et rejoint par ses deux amis, suffit à me rendre heureux.
La fiction : sur le fantastique « Soul Sacrifice » de Santana, une escalade en mode effet papillon où s’entremêle pets, Gouvernement et JDG se monte avec la plus grande efficacité. Mettez pause au passage de la lettre, elle est hilarante à elle seule. La fin, qui établit un lient narratif beaucoup plus clair que les anciens, est écrite avec intelligence et imagination. Si les gars ont eu un tel succès au crowfodding, c’est parce qu’on savait qu’ils avaient une route bien précisément choisie. Ici, si le choix de film déçoit un peu, ils prouvent que leur présence suffit pour que l’épisode reste super cool, quel que soit le sujet, grâce à leur travail exceptionnel en écriture et technique.



Episode 7 : « Vidocq »



Le plus : Contrasté ; Cocorico, c’est pour un film français ! Ici, Debache fait un très intéressant comparatif entre l’apport d’un œuvre et sa qualité : si ce film est resté dans les mémoires comme un douloureux gâchis d’argent et d’ambition, sa stature de premier film numérique, donc tâtant le terrain avant un certain George Lucas, rend son cas malgré tout historique, et légitime les choix crasseux de Pitof. Niveau angle de réflexion, ça se pose là, l’histoire du cinéma étant jalonné d’histoires immorales au nom de son avancée (sans les dictateurs, pas d’écoles de cinéma).
L’épisode : Le dosage discours et décompression est de nouveau parfaitement rétabli à sa pleine forme, charriant l’histoire et les comédiens avec un mélange d’amusement et d’incompréhension. Même si je n’ai pas compris l’argument du « il y a trop de trucs » (dans ce cas, les fresques, c’est forcément mauvais ?), il attaque comme il défend le film, avec une sympathie certaine et une connaissance réelle des aléas potentiels de production. Toujours est-il que le cas de ce film est triste… Mais bon, « Layla » de Derek and the Dominos ne nous laisse pas partir avec une petite mine !
La fiction : petite perle d’imagination dans l’introduction. Orson Welles lui-même guide Karim Debbache, d’abord dans Paris, puis dans l’espace (Zeist), jusqu’à une réalité parallèle. Il lui reproche alors de critiquer que des mauvais films, ce qui est pas faux et est d’ailleurs un reproche qui lui est massivement répété. Et là, il ose : « Citizen Kane » et ses points communs avec « Vidocq ». Ça m’a rappelé le coup d’Orson Welles et Ed Wood dans le biopic de Tim Burton, mais ici c’est fait avec encore plus d’audace. Bon, nous savons tous que le meilleur comparatif aurait été avec « La classe américaine », mais quand même c’est top !



Episode 8 : « Piège à Hong Kong »



Le plus : personnel ; cette fois-ci, ça inclue carrément la raison d’exister du sujet, ce film laissant Jérémy Morvan et Gilles Stella parfaitement indifférent. Là encore on entend quasiment que le présentateur vedette, mais pour la première fois, il s’épanche également sur la carrière de son réalisateur, Tsui Hark, qu’il adore particulièrement car ayant baigné dans une culture cinématographique Asiatique. Il en parle avec tellement d’amour qu’il me donnerait presque envie de redonner une chance à « Time and Tide »…
L’épisode : encore plus tranché que les autres dans sa structure exposé, justifié par le fait que Debbache doive défendre un film unanimement conspué, c’est l’épisode qui a selon moi le meilleur montage. Je pense cela grâce à la parfaite clarté de ses démonstrations, ses commentaires très cools à propos d’extraits, ainsi qu’un plaisir particulièrement communicatif pour tourner cet épisode (il a d’ailleurs confié que c’était celui auquel il était le plus attaché). Rien que le voir s’enjailler sur la badassitude du philosophe incompris Jean-Claude Van Damme, réinterprétant une bagarre à sa manière, donne le sourire. C’est l’une des plus grandes forces de son style : donner le sourire par des détails, pas forcément sources de gags, mais qui est contagieux comme un rire d’enfant. Dans sa réquisition défensive, il dit apprécier le film comme étant un terrain d’entrainement pour ses travaux d’après : alors d’accord, je comprends que cela soit un réel argument pour lui, mais je pense personnellement qu’un film doit parler de lui-même… Si « Piège à Hong-Kong » était le dernier film de ce grand réalisateur, ça l’aurait mal foutu quand même, non ?
La fiction : « Dorothé » en mode très remixé, Dark sombre. Plus fonctionnel et liant que réellement intéressant. Comme le titre original du film est « Knock-Off », le fait que les bons films soient transformés en mauvais films à cause des Pseudonymes (ceux qui boivent ton sang pour le remplacer par du pipi) devient une référence explicite à la contrefaçon au cœur du sujet. Comme quoi, aucun film n’a été choisi au hasard, et certains le démontrent plus clairement que d’autres… Le monologue final de Jérémy Morvan est un régal.



Episode 9 : « Douce nuit, sanglante nuit »



Le plus : Catégorisé ; car ici, Debbache parle surtout du slasher dans sa globalité, il a choisi ce film pour sa « désobéissance » aux codes extrêmement précis du genre. Normalement, toute la série devait être consacré au genre, et heureusement ce n’est pas arrivé. Jérémy Morvan devait y être pour quelque chose, ce film ne l’intéressant guère…
L’épisode : la structure exposé est explosée. Ça parle racines du slasher, slasher, critique du film, analyse de l’idéologie de « Halloween », analyse de la réception de « Douce nuit… », en quoi il faut respecter les codes d’un genre et même une évocation de sa suite qui est… ce qu’elle n’est pas. Clairement, c’est le moins divertissant de tous, le plus tourné vers le genre de son médium. Et c’est selon moi un des meilleurs : j’ai appris beaucoup de choses, même s’il faut s’accrocher pour aspirer toutes les informations qui nous arrivent en bulldozer. Ça éclaire également, au passage, un peu sur l’ère Reagan et son autoritarisme conservatrice justifiée par une soi-disant protection de la jeunesse. Les quelques gags présents (Morvan et Stella sont vraiment de plus en plus absents, la critique de leur omniprésence ayant dû atteindre les oreilles des cinéphages) marchent presque tous, notamment le « Super, ça sera un réveillon d’enfer ! … Ouais, on n’a pas de famille ! ». Pour le public de SensCritique, qui reproche tant à la série d’accorder autant d’importance à l’humour et pas assez à l’analyse : ici c’est triple dose.
La fiction : l’introduction dans un laboratoire ne cesse de me surprendre. Encore une fois très bien écrit, même si elle ne surprend pas aussi agréablement que les autres. Dans sa conclusion, nous évoquons le fameux Archimed Kebab. En voyant les rires communicatifs des trois copains de Debbache, on se dit que c’était une vanne parmi d’autres… Et en fait non, c’est bel et bien un troisième personnage de la grande ligné des Anagrammes Debbache. Décidemment.



Episode 10 : « Gremlins »



Le plus : Joyeux ; ambiance Noel oblige, l’équipe fait du saut à l’élastique au-dessus de la niaiserie, excepté lors de la partie parlant du présumé racisme du film. Kamel Debbiche reprend le début du premier épisode de « Chroma » mais en mode beaucoup plus copain-copain, notamment avec ses potes. L’épisode sera marqué par l’enthousiasme et la légèreté la plus complète, sans dénuer l’intellectualité de la série.
L’épisode : Là encore le vrai sujet n’est pas le film, mais Joe Dante, que l’épisode m’a permis de beaucoup mieux connaitre. Si j’avoue ne pas partager son adoration pour le film, ni sa tendresse infinie pour Dante, pas même sa gratification personnelle à dénicher toutes les références qu’il reconnait (qui en fait, selon moi, un style finalement impersonnel), je suis conquis par sa conviction profonde en l’œuvre, tu sens qu’il la défendrait même dans des débats durant trois heures. Niveau humour, très porté sur la complicité (parce que oui, dans les nuances, les formes d’humour varient dans la série), ce sont dans des détails surprenants et surtout des intonations insolites que le rire née. L’équipe disait que c’était cet épisode qui fut le plus agréable à tourner : je n’en doute pas un seconde.
La fiction : le plus « ambitieux » de toutes les parties fictives, notamment car tourné ailleurs qu’à Paris et en Bretagne (là où ils travaillent régulièrement). Ces séquences furent tournées dans le Sud, et ils ont été hébergés plusieurs jours chez la sœur ainée de Gilles Stella. Elles sont très inventives, notamment avec le coup des jumelles déclenchant la musique plutôt qu’en la coupant, et légèrement fan service (mais pas trop) avec le retour du Flic « Vos-Papiers-S’il-Vous-Plait ». D’ailleurs, la fin de l’épisode donnerait une explication à cette phrase sans fin : un mot de passe pour trouver une bobine magique. C’est gros. Mais c’est cool. A noter la chanson de Noel de Gilles Stella : simple mais diablement efficace. Tous mes encouragements pour son album à venir !



Episode 11 : « Les Affranchis »



Le plus : Cinéphile ; j’avais hésité à le déclarer comme étant le plus personnel, puisque c’est le film préféré de Karim Debbache, mais finalement il dénote tellement de tous les autres films qu’il a chroniqués jusque-là (y compris Crossed, bien sûr) que c’est un épisode vraiment Ovni. On passe véritablement de films de séries B ou de blockbusters ayant raté leurs coches, à un Monument incontesté du cinéma. C’est une véritable sortie de zone de confort, Martin Scorsese ne s’analysant pas à la légère, surtout avec son œuvre la plus influente.
L’épisode : ils ont mis le paquet, et c’est un des sommets de la série. Si nous excluons l’humour, peu réussi mais également peu présent, tous les autres facteurs sont accomplis au plus haut point : analyse du scénario, analyse des personnages, analyse du propos, analyse de la mise en scène, limpide et se joignant tel un carré. On apprend une technique de réalisation (la règle des 30°, qu’en 3 ans à l’ESRA nous n’avons fait qu’évoquer), ça balance des exemples précis, ça cause « Rise and Fall » avec un comparatif tout à fait pertinent avec le malentendu entourant « Scarface », et on rend justice au rôle des influences dans la construction de ce pourquoi le Cinéma a pris une telle place dans nos vies. Rajoutez à tout cela que c’est pour parler du chef d’œuvre de Scorsese, et les spectateurs les plus sceptiques quant aux choix de Debbache ne peuvent que s’incliner : que ce soit avec des films sans renommée (mais important tout de même, c’est d’ailleurs la maxime de la série) ou avec des statues, la qualité reste là, à des années-lumière devant une quelconque concurrence de critique cinéma sur Internet.
La fiction : le début utilise le même règlement de montage que la fin de l’épisode 5, avec cette fois la musique de « Mars Attacks ». La conclusion n’a rien de particulièrement symbolique comparé à l’épisode précédent, juste un « On regarde qu’est qu’y a dans la bobine ». Afin de ne pas effacer le film en question, parce que là ça rigolait moins. Très intelligent, et brillant.



Episode 12 : « Carnosaur »



Le plus : Chroma ; tout se rejoint ici. Debbache, Stella et Morvan ont très bien compris le rôle et l’impact d’une conclusion sur une œuvre, ainsi que le subtil équilibre entre les réponses apportées et les mystères à laisser en suspens. Toutes les thématiques devaient être résumées, en une œuvre dans le même délire que les autres, et devant ressembler aux créateurs eux-mêmes. La série devait, en une présentation de film, exprimer sa raison d’exister. Tout ça, est dans « Carnosaur ».
L’épisode : le plus long de tous avec ces 35 minutes (qui, je crois, était d’ailleurs arrivé en retard sur Dailymotion), c’est également celui qui déconstruis complètement son propre schéma. Archimed Kebab ouvre le bal avec un mini-Chroma sur le premier film qu’il considère comme relevant de la cinématographie (donc, de l’artistique grosso merdo). Ça dépote, ça dénote, le seul truc que j’ai à reprocher à cette partie est le débit cette fois beaucoup trop rapide de Debbache. Ensuite, analyse du « Carnosaur », qui est effectivement un cas très intéressant à la fois comme tel, mais aussi comme point d’arrivée de la série et comme liant avec les trois joyeux lurons de l’émission. Les coulisses trépidantes ; l’histoire de Mad, lié au dernier plan vraiment magnifique du film ; Kamel reprend la conclusion de la série entière : « Le cinéma n’est jamais né ». C’est un épisode que je pourrai revoir 50 fois, et encore découvrir des trucs. C’est extrêmement enrichissant, très drôle, hyper profond juste avec quelques phrases. Et surtout : on sent qu’ils ont tout donné pour rendre le meilleur. On ne sait pas comment ils auraient pu mieux conclure.
La fiction : C’est pas moins de 5 minutes, à la fin, de délire entre copains qui se déploie. Regorgeant de fusils de Tchekov (liant avec « Signes »), même si on sent que la séquence de boum a été tourné un peu à l’arrache, les répliques ont tout pour être cultes, et toujours cette joie qui transparait de l’écran et nous atteint… La toute-dernière scène de cette première saisons’achève en clip-show, avec les personnages secondaires qui réapparaissent et nous achève sur un dernier plan des plus énigmatiques. Générique de fin : putain c’était ouf.


En conclusion : A quand la saison 2 ?



ZEIST.


Billy98
9
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le 8 avr. 2020

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Billy98

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